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Serbie

L'étau se resserre autour de Milosevic

L'arrestation surprise de l'ancien chef de la police secrète de Serbie, Rade Markovic, signe-t-elle le début d'une offensive en règle contre les hommes-clés de l'ancien régime de Belgrade? Rade Markovic, 54 ans, fidèle parmi les fidèles de Slobodan Milosevic, est accusé d'avoir joué un rôle actif dans les assassinats politiques qui ont défrayé la chronique au cours des derniers mois de pouvoir de Slobodan Milosevic, ainsi que dans la toujours mystérieuse disparition d'Ivan Stambolic, le prédécesseur au pouvoir de Slobodan Milosevic, aperçu pour la dernière fois à Belgrade à la fin du mois d'août dernier.
Rade Markovic a été interpellé vendredi soir, mais la nouvelle n'a été connue que dans la soirée de samedi. Il aurait déjà été interrogé sur l'attentat qui avait visé le chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO), Vuk Draskovic, en mai dernier, coûtant la vie à quatre membres de son escorte. Lors de sa prise de fonction, le 25 janvier, le nouveau Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic s'était donné un mois pour engager la lutte contre le crime organisé. Ce délai semble avoir été tenu jour pour jour, car les réseaux criminels serbes agissaient en lien étroit avec les organes de sécurité de l'Etat, et Rade Markovic est unanimement considéré comme l'homme par qui se nouaient ces accointances dangereuse de la police serbe.

Le Tribunal pénal international de La Haye a également demandé à entendre Rade Markovic, mais en qualité de simple témoin, car l'homme n'est pas inculpé par la juridiction internationale. S'il acceptait de collaborer, son témoignage pourrait néanmoins se révéler déterminant pour mieux comprendre le système de pouvoir mis en place par Slobodan Milosevic.

Une arrestation imminente de Milosevic?

Zarko Korac, vice-Premier ministre de Serbie, a estimé que l'enquête menée contre Rade Markovic «démontrera dans quelle mesure l'appareil de l'Etat a été impliqué dans les assassinats politiques», ajoutant : «il est peu probable que les services de M. Markovic aient agi sans l'accord de l'autorité politique. Il reste à remonter jusqu'aux commanditaires».

Certains craignent toutefois que le délai accordé à Rade Markovic, dont on évoquait à mots ouverts la possible arrestation depuis l'insurrection du 5 octobre, ne lui ait permis de détruire ou de dissimuler de nombreux documents. «Ne vous inquiétez pas. Il y a suffisamment de témoins et il reste suffisamment de preuves», a toutefois lancé Zarko Korac. D'autres dirigeants de la nouvelle majorité serbe confirment que l'enquête va rapidement se tourner vers Slobodan Milosevic lui-même et, dimanche après-midi, certaines rumeurs donnaient même pour imminente l'arrestation de l'ancien homme fort de Belgrade.

S'il était arrêté, Milosevic ne saurait pas pour autant déféré devant la Cour de La Haye, mais d'abord jugé en Serbie elle-même. Toujours réticentes à coopérer avec la juridiction internationale, les nouvelles autorités yougoslaves semblent en fait vouloir prouver leur capacité à faire elles-mêmes la lumière sur les pages les plus sombres de l'ère Milosevic.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 26/02/2001