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Fièvre aphteuse

Triste préparation de l'Aïd el Kébir

L'épizootie de fièvre aphteuse qui sévit en Grande-Bretagne perturbe gravement la préparation de la fête musulmane de l'Aïd el Kébir en raison des mesures draconiennes de précaution mises en place dans toute l'Europe. Un solide cordon sanitaire, dont on espère qu'il sera efficace, a été déployé autour des Iles britanniques.
Partout en Europe des dispositifs de désinfection accueillent les véhicules et les passagers arrivant de Grande-Bretagne, afin d'éviter que l'épizootie de fièvre aphteuse qui frappe le cheptel britannique ne prenne pied sur le continent. En Pologne, en Espagne, en Irlande, en Finlande des précautions drastiques sont appliquées telles le passage par des «pédiluves» de désinfection à l'aéroport de Varsovie, l'interdiction des marchés et foires aux bestiaux en Espagne, le séjour prolongé au sauna conseillé aux Finlandais qui rentrent de Grande-Bretagne ou l'annulation des fêtes de la Saint-Patrick en Irlande. Jusqu'à la Chine qui vient d'interdire l'importation de viande britannique.

Mais c'est surtout en France, premier accès sur le continent, que les mesures sanitaires ont été multipliées. Les véhicules arrivant de Grande-Bretagne roulent dans des bains de désinfection dits «rotoluves» et les passagers des ferries sont invités à désinfecter leurs chaussures et leurs vêtements s'ils se sont rendus à la campagne. Dans les aéroports bretons des «pédiluves» ont été installés.

Pénurie de moutons

Dans le même temps la France poursuit son programme d'abattage des moutons importés de Grande-Bretagne et de ceux avec lesquels ils ont été en contact. Or, en cette période de préparation de la fête musulmane de l'Aïd el Kébir, lundi et mardi prochains, durant laquelle un mouton est rituellement abattu, les importations d'ovins britanniques sont particulièrement élevées. On sait déjà que l'offre de moutons sûrs sera très inférieure à la demande et que la fête ne pourra cette année se dérouler normalement. Le gouvernement français a demandé aux musulmans de renoncer exceptionnellement cette année au sacrifice traditionnel du mouton en raison de la pénurie. De plus, cet abattage rituel est interdit en dehors des abattoirs agréés par les services vétérinaires et sous strict contrôle sanitaire. Les organisations islamiques de France demandent aux fidèles de se conformer pleinement à ces règles et rappellent que le sacrifice peut validement avoir lieu jusqu'au 8 mars prochain.

En Grande-Bretagne où des mesures de quarantaine ont été prises immédiatement après la déclaration de l'épizootie, le Premier ministre Tony Blair a estimé que depuis l'interdiction de circulation du bétail aucun élément ne plaidait pour l'extension de la maladie. Les cas de fièvre aphteuse semblent liés à une seule exploitation du nord de l'Angleterre. Mais, déjà, le gouvernement britannique envisage, une fois l'alerte passée, la remise en cause d'une agriculture intensive, à bas coût, orientée vers l'exportation. Ce débat nécessaire est désormais évoqué Outre-Manche, comme il l'est aussi depuis quelques mois en France et plus encore en Allemagne après la crise de la vache folle.



par Francine  Quentin

Article publié le 02/03/2001