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Télévision

Essorage ethnique sur la télé française

La nouvelle convention de Canal + inclut le principe de « représentation à l'antenne de la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale ». Une façon de rappeler que les immigrés, Blacks, Beurs ou Asiatiques, sont terriblement absents des écrans français, notamment des fictions.
Octobre 1999 : le CSA (conseil supérieur de l'audiovisuel) auditionne le collectif Egalité, créé et présidé par la romancière camerounaise Calixthe Beyala, et dont l'objet consiste à dénoncer le « manque de représentation de la société multiculturelle à la télévision française ». Quelques semaines plus tard, l'instance française de régulation des médias décide de réaliser une étude quantitative, la première du genre, sur la place réservée sur les antennes des chaînes généralistes (c'est à dire TF1, France 2, France 3, Canal + et M6, la Cinquième n'ayant pas été retenue car sa programmation s'achève à 19 heures) aux « différentes composantes de la communauté nationale ».

Les minorités ethniques sont réparties en trois grandes catégories (les Noirs, les Maghrébins et les Asiatiques) et la tranche horaire étudiée est 17 heures-minuit. Les résultats se passent de commentaires : si 81 % des fictions montrent à un moment ou un autre des minorités, 74 % d'entre elles sont d'origine étrangère, principalement américaines, et 26 % seulement sont françaises. Autrement dit sans la déferlante des séries et des soaps américains, sans Ally McBeal, Starsky et Hutch et autres Texas Ranger, on ne verrait quasiment pas de Blacks ni d'Arabes sur les écrans français. Ce que confirme une analyse plus pointue : si M6 et TF1 sont les deux chaînes qui ont diffusé le plus de fictions présentant des minorités visibles, c'est parce que ce sont deux opérateurs qui accordent la part du lion aux fictions américaines. Par ailleurs, les représentants des minorités qui apparaissent sont majoritairement des Noirs (ce qui s'explique par l'origine des fictions), puis des Asiatiques et, seulement en troisième position, pour 7 % seulement, des Maghrébins.

« Cette analyse de la fiction marque indéniablement une carence de la fiction française qui échoue à montrer la société contemporaine dans sa diversité, ou qui ne le fait que de manière très marginale, n'accordant quasiment jamais les premiers rôles aux représentants des minorités visibles », conclut le rapport. Dans un contexte aussi pauvre, on ne s'étonnera donc pas que les quelques exceptions confirmant la règle se contentent d'empiler clichés et personnages archétypaux, dont le plus bel exemple pourrait être celui de Mouss, flic aux gros bras et au c£ur d'or qui assiste Julie Lescaut dans la célèbre série homonyme de TF1à




par Elisabeth  Lequeret

Article publié le 16/03/2001