Afghanistan
Femmes et statues, deux poids deux mesures
La journée mondiale des femmes, jeudi 8 mars 2001, survient alors que s'amplifie un débat sur l'indignation planétaire provoquée par la destruction des statues en Afghanistan. Des voix s'élèvent pour déplorer que les talibans persécutent les femmes afghanes depuis des années, sans provoquer de réactions aussi tonitruantes.
En fait-on plus pour les bouddhas que pour les femmes ? Si personne ne conteste le bien fondé des protestations contre la destruction, annoncée par les talibans, de la totalité des statues d'Afghanistan, certaines associations et personnalités affirment que l'oppression permanente exercée contre les femmes par les intégristes afghans n'a jamais eu droit a un tel traitement, diplomatique et médiatique.
En France, des féministes, des élus de tous bords, des intellectuels, estiment qu'il y a deux poids, deux mesures. Les termes utilisés par les dirigeants du monde entier pour dénoncer le projet iconoclaste des maîtres de Kaboul sont, selon eux, totalement justifiés, de même que les actions diplomatiques entreprises pour tenter de l'empêcher. Mais ils regrettent que l'indignation n'ait jamais atteint un tel degré concernant le sort tragique réservé aux femmes afghanes.
«C'est horrible. C'est une tragédie. C'est un crime contre l'humanité et je le condamne», a estimé le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, à propos du dynamitage des bouddhas, qualifié de «crime» par l'Union européenne, de «barbarie médiévale» par les autorités indiennes, de «décision inhumaine» par le président iranien Khatami. La «consternation» est planétaire et unanime. L'a-t-elle jamais été à ce point à l'égard des femmes meurtries d'Afghanistan ?
«Les femmes sont confinées au rôle de statues»
Ce jeudi, le président socialiste de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, François Loncle, a estimé qu'«aussi regrettable que soit la perte du patrimoine culturel pré-islamique» en Afghanistan, «c'est d'abord pour le peuple afghan, et notamment pour les femmes qui en paient chaque jour le plus lourd tribut, qu'il faut intervenir et se mobiliser»
La semaine dernière, Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, a tenu a associer dans une même condamnation la destruction d'oeuvres d'art et la persécution d'êtres humains. Tout en demandant solennellement aux seuls pays reconnaissant les talibans (Pakistan, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis) de «faire entendre leur voix pour empêcher l'irréparable», le ministre a rappelé que les miliciens afghans «bafouent chaque jour les droits fondamentaux de leur peuple et, singulièrement, la dignité et les droits des femmes afghanes».
Lundi, la délégation aux droits des femmes du Conseil économique et social, qui regroupe des élus patronaux, syndicaux et associatifs, s'est montrée plus radicale en se déclarant «très choquée par le déferlement médiatique des ces derniers jours face à un silence de six ans sur le combat des femmes afghanes».
Sur RFI, l'essayiste Elisabeth Badinter estimait récemment, avec amertume, que «des femmes il y en aura toujours, les statues, il n'y en aura plus», soulignant un fait «sans précédent dans l'histoire, l'oppression d'un sexe jusqu'à l'étouffement».
Un manifeste intitulé «Au secours» est paru dans Le Monde du 28 février. Signé, entre autres, par les ministres Dominique Voynet et Marie-Georges Buffet, les anciens ministres Robert Badinter et Martine Aubry, l'écrivain Benoîte Groult, le philosophe Alain Finkielkraut ou l'élue RPR Roselyne Bachelot, il dénonce «un régime barbare qui réduit un peuple à l'esclavage» et proclame son soutien à Charte des droits fondamentaux de la femme afghane, un texte rédigé le 28 juin 2000, par la Conférence des femmes afghanes qui s'est tenue à Douchanbé, au Tadjikistan.
Cette mobilisation devait culminer avec un rassemblement, jeudi 8 mars au soir à Paris, à l'appel de plusieurs associations. Une manifestation de solidarité avec les femmes d'Afghanistan qui, selon une sociologue, «sont elles-mêmes confinées au rôle de statues».
En France, des féministes, des élus de tous bords, des intellectuels, estiment qu'il y a deux poids, deux mesures. Les termes utilisés par les dirigeants du monde entier pour dénoncer le projet iconoclaste des maîtres de Kaboul sont, selon eux, totalement justifiés, de même que les actions diplomatiques entreprises pour tenter de l'empêcher. Mais ils regrettent que l'indignation n'ait jamais atteint un tel degré concernant le sort tragique réservé aux femmes afghanes.
«C'est horrible. C'est une tragédie. C'est un crime contre l'humanité et je le condamne», a estimé le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, à propos du dynamitage des bouddhas, qualifié de «crime» par l'Union européenne, de «barbarie médiévale» par les autorités indiennes, de «décision inhumaine» par le président iranien Khatami. La «consternation» est planétaire et unanime. L'a-t-elle jamais été à ce point à l'égard des femmes meurtries d'Afghanistan ?
«Les femmes sont confinées au rôle de statues»
Ce jeudi, le président socialiste de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, François Loncle, a estimé qu'«aussi regrettable que soit la perte du patrimoine culturel pré-islamique» en Afghanistan, «c'est d'abord pour le peuple afghan, et notamment pour les femmes qui en paient chaque jour le plus lourd tribut, qu'il faut intervenir et se mobiliser»
La semaine dernière, Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, a tenu a associer dans une même condamnation la destruction d'oeuvres d'art et la persécution d'êtres humains. Tout en demandant solennellement aux seuls pays reconnaissant les talibans (Pakistan, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis) de «faire entendre leur voix pour empêcher l'irréparable», le ministre a rappelé que les miliciens afghans «bafouent chaque jour les droits fondamentaux de leur peuple et, singulièrement, la dignité et les droits des femmes afghanes».
Lundi, la délégation aux droits des femmes du Conseil économique et social, qui regroupe des élus patronaux, syndicaux et associatifs, s'est montrée plus radicale en se déclarant «très choquée par le déferlement médiatique des ces derniers jours face à un silence de six ans sur le combat des femmes afghanes».
Sur RFI, l'essayiste Elisabeth Badinter estimait récemment, avec amertume, que «des femmes il y en aura toujours, les statues, il n'y en aura plus», soulignant un fait «sans précédent dans l'histoire, l'oppression d'un sexe jusqu'à l'étouffement».
Un manifeste intitulé «Au secours» est paru dans Le Monde du 28 février. Signé, entre autres, par les ministres Dominique Voynet et Marie-Georges Buffet, les anciens ministres Robert Badinter et Martine Aubry, l'écrivain Benoîte Groult, le philosophe Alain Finkielkraut ou l'élue RPR Roselyne Bachelot, il dénonce «un régime barbare qui réduit un peuple à l'esclavage» et proclame son soutien à Charte des droits fondamentaux de la femme afghane, un texte rédigé le 28 juin 2000, par la Conférence des femmes afghanes qui s'est tenue à Douchanbé, au Tadjikistan.
Cette mobilisation devait culminer avec un rassemblement, jeudi 8 mars au soir à Paris, à l'appel de plusieurs associations. Une manifestation de solidarité avec les femmes d'Afghanistan qui, selon une sociologue, «sont elles-mêmes confinées au rôle de statues».
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 08/03/2001