Mexique
Marcos à la tribune du Congrès mexicain
Après une bataille féroce, le Congrès mexicain a finalement accepté, à une très faible majorité, que le sous commandant Marcos puisse venir défendre à la tribune le projet de loi sur les droits et culture indigènes. Le président Vicente Fox avait mis tout son poids dans la balance pour que le Congrès s'ouvre aux zapatistes.
De notre correspondant au Mexique
Paradoxalement, le parti du président, le PAN (droite conservatrice), s'est prononcé contre la comparution de Marcos, estimant qu'il n'avait à recevoir d'ordre, ni d'un rebelle ni d'un président de la République. Ce sont donc les parlementaires de gauche et du PRI, le parti de l'ancien régime, qui ont sauvé in extremis le dialogue pour la paix.
Les commandants zapatistes qui tenaient un meeting rue Emiliano Zapata, aux abords du Palais de San Lazaro où siège le Congrès, ont appris la nouvelle alors que Marcos était en train de prononcer son discours. Un peu tendu, il s'est arrêté pour annoncer qu'une «décision importante» avait été prise par l'ensemble des parlementaires à l'exception du PAN, et que la tribune leur était ouverte. Les paroles du sous commandant ont été couvertes par des applaudissements et des cris de joie. Marcos a repris la parole pour mentionner que l'accord avait été voté par 220 voix à 210 et 7 abstentions. Encore très tendu, le chef des zapatistes a terminé par un commentaire plein d'espoir: «Il semble que la porte du dialogue est en train de s'ouvrir».
Un Congrès divisé
Ce vote montre la division qui prévaut au sein du Congrès sur le conflit du Chiapas. En effet, c'est la première fois que des parlementaires décident de voter en leur nom et non pas aux ordres, comme sous l'ancien gouvernement. Le PAN, qui a toujours été antizapatiste, a maintenu sa position: «ne pas céder à quelqu'un qui ne représente pas les intérêts du peuple». Le PRD, la gauche, a tenté de convaincre les parlementaires «du rôle historique, politique et juridique» qui était entre leurs mains. Il y est finalement parvenu puisque l'ennemi des zapatistes, le PRI, a voté pour la paix.
Cent jours après sa prise de fonction, Vicente Fox qui donnait l'impression d'être perpétuellement en campagne, vient de se heurter à la réalité. Il mesure que son parti ne lui fera aucun cadeau et qu'il va falloir construire des stratégies pour faire passer ses différents projets de réforme. Ce premier débat permet de poser la question de savoir si le président Fox représente le changement ou la continuité. «Fox veut régler le problème du Chiapas pour passer à autre chose», déclarait son ministre des Relations extérieures devant une délégation du patronat français. En effet, le conflit du Chiapas et des 10 millions d'Indiens, exclus de la société, doit être réglé en priorité car cette guerre larvée empêche le Mexique de continuer à se développer. Obtenir, par exemple, les qualifications financières internationales pour permettre aux fonds de pensions américains de s'investir, sans risque, au Mexique.
Mais la transition démocratique est en marche et exige le changement. Le président Fox, bien qu'il ait répété lors de sa campagne électorale qu'il s'inspirait de l'exemple espagnol de passage du franquisme à la démocratie, a préféré, une fois au pouvoir, renvoyer à plus tard la discussion sur la réforme de l'Etat. Or, la discussion au Congrès sur l'opportunité de donner ou non la parole à Marcos, vient de démontrer que le président a besoin de partis forts, responsables, pour discuter des réformes.
Paradoxalement, le parti du président, le PAN (droite conservatrice), s'est prononcé contre la comparution de Marcos, estimant qu'il n'avait à recevoir d'ordre, ni d'un rebelle ni d'un président de la République. Ce sont donc les parlementaires de gauche et du PRI, le parti de l'ancien régime, qui ont sauvé in extremis le dialogue pour la paix.
Les commandants zapatistes qui tenaient un meeting rue Emiliano Zapata, aux abords du Palais de San Lazaro où siège le Congrès, ont appris la nouvelle alors que Marcos était en train de prononcer son discours. Un peu tendu, il s'est arrêté pour annoncer qu'une «décision importante» avait été prise par l'ensemble des parlementaires à l'exception du PAN, et que la tribune leur était ouverte. Les paroles du sous commandant ont été couvertes par des applaudissements et des cris de joie. Marcos a repris la parole pour mentionner que l'accord avait été voté par 220 voix à 210 et 7 abstentions. Encore très tendu, le chef des zapatistes a terminé par un commentaire plein d'espoir: «Il semble que la porte du dialogue est en train de s'ouvrir».
Un Congrès divisé
Ce vote montre la division qui prévaut au sein du Congrès sur le conflit du Chiapas. En effet, c'est la première fois que des parlementaires décident de voter en leur nom et non pas aux ordres, comme sous l'ancien gouvernement. Le PAN, qui a toujours été antizapatiste, a maintenu sa position: «ne pas céder à quelqu'un qui ne représente pas les intérêts du peuple». Le PRD, la gauche, a tenté de convaincre les parlementaires «du rôle historique, politique et juridique» qui était entre leurs mains. Il y est finalement parvenu puisque l'ennemi des zapatistes, le PRI, a voté pour la paix.
Cent jours après sa prise de fonction, Vicente Fox qui donnait l'impression d'être perpétuellement en campagne, vient de se heurter à la réalité. Il mesure que son parti ne lui fera aucun cadeau et qu'il va falloir construire des stratégies pour faire passer ses différents projets de réforme. Ce premier débat permet de poser la question de savoir si le président Fox représente le changement ou la continuité. «Fox veut régler le problème du Chiapas pour passer à autre chose», déclarait son ministre des Relations extérieures devant une délégation du patronat français. En effet, le conflit du Chiapas et des 10 millions d'Indiens, exclus de la société, doit être réglé en priorité car cette guerre larvée empêche le Mexique de continuer à se développer. Obtenir, par exemple, les qualifications financières internationales pour permettre aux fonds de pensions américains de s'investir, sans risque, au Mexique.
Mais la transition démocratique est en marche et exige le changement. Le président Fox, bien qu'il ait répété lors de sa campagne électorale qu'il s'inspirait de l'exemple espagnol de passage du franquisme à la démocratie, a préféré, une fois au pouvoir, renvoyer à plus tard la discussion sur la réforme de l'Etat. Or, la discussion au Congrès sur l'opportunité de donner ou non la parole à Marcos, vient de démontrer que le président a besoin de partis forts, responsables, pour discuter des réformes.
Article publié le 24/03/2001