Maroc
L'USFP verrouille son congrès
Au pouvoir depuis 1998 sous la houlette du Premier ministre Abderrahamane Youssoufi, les socialistes marocains se réunissent en congrès pour la première fois depuis 12 ans, mais le débat devrait tourner court.
De notre correspondante à Rabat
Cela fait douze années que l'USFP (Union socialiste des forces populaires) n'a pas tenu de congrès. Douze années durant lesquelles les positions du parti ont considérablement évolué, tout comme le paysage politique marocain, alors que ces changements de cap du parti n'ont jamais été discuté par les militants. C'est dire l'importance de ce sixième congrès qui s'ouvre jeudi à Casablanca. Un congrès qui devrait reconduire l'actuelle direction malgré l'existence de courants de plus en plus critiques qui réclament notamment de vrais débats et l'instauration d'une vie démocratique au sein du parti.
Plusieurs personnalités ont ainsi violemment dénoncé la préparation même du congrès et les nombreuses fraudes qui ont entaché les opérations de recensement des militants devant participer à ses assises. Tout semble avoir en effet été organisé autour de trois grands courants dont on distingue d'ailleurs mal les différences, celui d'Abderrahamane Youssoufi, le secrétaire général du parti et actuel Premier ministre, celui de Mohamed Yazghi, numéro 2 de l'USFP et celui, enfin, du syndicaliste Noubir Amaoui, le patron de la puissante Confédération démocratique du Travail (CDT).
Un courant comme "fidélité à la démocratie", du nom d'une plate-forme qui n'a pas été retenue comme document officiel de ces assises, a de facto été écarté. Pour Najib Akesbi, un économiste qui est un des animateurs de ce mouvement et membre du comité central de l'USFP, "ce congrès qui refuse le débat d'idées ne sera donc qu'un congrès d'apparatchiks, un congrès plébiscite pour l'actuelle direction".
Le débat sur la participation au gouvernement n'aura pas lieu
Un avis partagé par la Chabiba Ittihadia, la jeunesse socialiste, forte de quelque 16 000 militants et dont l'hebdomadaire a été mis sous haute surveillance et même parfois censuré ou interdit par le parti. Son président Mohamed Hafid, qui avait refusé un siège de député car il estimait que le scrutin avait été truqué à son avantage aux dernières législatives de 1997, a même écrit à Abderrahmane Youssoufi pour dénoncer les méthodes de préparation du congrès en précisant qu'il refusait de cautionner de telles assises.
Cette contestation, pourtant relayée par la presse indépendante, ne semble pas avoir impressionné les dirigeants du parti qui estiment que ce 6e congrès de l'USFP ne doit pas "s'embourber dans des dissensions internes". Ils demanderont donc aux congressistes de débattre et d'approuver un projet de plate-forme politique qui "réaffirme que la participation du parti au gouvernement d'alternance en 1998 s'inscrit parfaitement dans son combat pour l'achèvement de la construction démocratique (à) dans le cadre d'une mission rendue urgente par les dangers menaçant l'avenir du pays". Or c'est bien cette participation au gouvernement qui est aujourd'hui remise en cause par les contestataires qui estime que Abderrahamne Youssoufi a "mal négocié", en 1998, sa prise en main des affaires du pays.
"Sa principale erreur, selon Najib Akesbi, a été de dire oui au référendum constitutionnel de 1996 qui n'accorde pas au Premier ministre les moyens de mettre en place sa politique de réforme". Une décision qui a été prise par le bureau politique de l'USFP et qui n'a jamais été entérinée par les militants du parti. Les contestataires accusent également les dirigeants de l'USFP d'avoir cautionné les résultats truqués des législatives de 1997 qui les ont amené au pouvoir et de gouverner "avec une majorité contre-nature", c'est-à-dire avec la droite marocaine.
Nul ne doute, à Rabat, que la plate-forme officielle sera approuvée à une écrasante majorité. Reste à savoir, ensuite, quelle sera l'attitude de tous les déçus du «socialisme marocain» et s'ils chercheront, comme beaucoup disent le souhaiter, à créer un autre mouvement politique plus orienté à gauche.
Cela fait douze années que l'USFP (Union socialiste des forces populaires) n'a pas tenu de congrès. Douze années durant lesquelles les positions du parti ont considérablement évolué, tout comme le paysage politique marocain, alors que ces changements de cap du parti n'ont jamais été discuté par les militants. C'est dire l'importance de ce sixième congrès qui s'ouvre jeudi à Casablanca. Un congrès qui devrait reconduire l'actuelle direction malgré l'existence de courants de plus en plus critiques qui réclament notamment de vrais débats et l'instauration d'une vie démocratique au sein du parti.
Plusieurs personnalités ont ainsi violemment dénoncé la préparation même du congrès et les nombreuses fraudes qui ont entaché les opérations de recensement des militants devant participer à ses assises. Tout semble avoir en effet été organisé autour de trois grands courants dont on distingue d'ailleurs mal les différences, celui d'Abderrahamane Youssoufi, le secrétaire général du parti et actuel Premier ministre, celui de Mohamed Yazghi, numéro 2 de l'USFP et celui, enfin, du syndicaliste Noubir Amaoui, le patron de la puissante Confédération démocratique du Travail (CDT).
Un courant comme "fidélité à la démocratie", du nom d'une plate-forme qui n'a pas été retenue comme document officiel de ces assises, a de facto été écarté. Pour Najib Akesbi, un économiste qui est un des animateurs de ce mouvement et membre du comité central de l'USFP, "ce congrès qui refuse le débat d'idées ne sera donc qu'un congrès d'apparatchiks, un congrès plébiscite pour l'actuelle direction".
Le débat sur la participation au gouvernement n'aura pas lieu
Un avis partagé par la Chabiba Ittihadia, la jeunesse socialiste, forte de quelque 16 000 militants et dont l'hebdomadaire a été mis sous haute surveillance et même parfois censuré ou interdit par le parti. Son président Mohamed Hafid, qui avait refusé un siège de député car il estimait que le scrutin avait été truqué à son avantage aux dernières législatives de 1997, a même écrit à Abderrahmane Youssoufi pour dénoncer les méthodes de préparation du congrès en précisant qu'il refusait de cautionner de telles assises.
Cette contestation, pourtant relayée par la presse indépendante, ne semble pas avoir impressionné les dirigeants du parti qui estiment que ce 6e congrès de l'USFP ne doit pas "s'embourber dans des dissensions internes". Ils demanderont donc aux congressistes de débattre et d'approuver un projet de plate-forme politique qui "réaffirme que la participation du parti au gouvernement d'alternance en 1998 s'inscrit parfaitement dans son combat pour l'achèvement de la construction démocratique (à) dans le cadre d'une mission rendue urgente par les dangers menaçant l'avenir du pays". Or c'est bien cette participation au gouvernement qui est aujourd'hui remise en cause par les contestataires qui estime que Abderrahamne Youssoufi a "mal négocié", en 1998, sa prise en main des affaires du pays.
"Sa principale erreur, selon Najib Akesbi, a été de dire oui au référendum constitutionnel de 1996 qui n'accorde pas au Premier ministre les moyens de mettre en place sa politique de réforme". Une décision qui a été prise par le bureau politique de l'USFP et qui n'a jamais été entérinée par les militants du parti. Les contestataires accusent également les dirigeants de l'USFP d'avoir cautionné les résultats truqués des législatives de 1997 qui les ont amené au pouvoir et de gouverner "avec une majorité contre-nature", c'est-à-dire avec la droite marocaine.
Nul ne doute, à Rabat, que la plate-forme officielle sera approuvée à une écrasante majorité. Reste à savoir, ensuite, quelle sera l'attitude de tous les déçus du «socialisme marocain» et s'ils chercheront, comme beaucoup disent le souhaiter, à créer un autre mouvement politique plus orienté à gauche.
par A Rabat, Mounia DAOUDI
Article publié le 29/03/2001