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Sécurité alimentaire

Transmission à l'homme : premiers suspects

L'enquête effectuée après la mort de cinq personnes du même village de Grande-Bretagne, décédées de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, met en relief une contamination possible par les techniques des bouchers locaux. La durée d'incubation de la forme humaine de la maladie de la vache folle pourrait être de 10 à 16 ans, durée très longue et de mauvaise augure sur l'importance de l'épidémie.
Cinq personnes âgées de 19 à 24 ans sont mortes de 1998 à 2000 de la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ) alors qu'elles résidaient toutes aux environs du même village du centre de l'Angleterre. Cette affection est la forme humaine de l'encéphalopathie spongiforme bovine ou maladie de la vache folle. L'enquête scientifique lancée en juillet 2000 a établi que le seul point commun entre les malades était la fréquentation des mêmes bouchers.

Les pratiques d'abattage et de découpage de la viande ont été passées au crible et la contamination de cervelles de bovins infectées par le prion à la viande, par l'intermédiaire des couteaux de boucherie est qualifiée de plausible. La manipulation par les bouchers des cervelles des animaux abattus a été interdite en 1989. La période d'incubation de la nvMCJ pourrait donc être de 10 à 16 ans, ce qui est très long et laisse craindre une épidémie plus importante que si l'incubation était plus courte. En 1996, le lien a été fait pour la première fois entre les cas de nvMCJ et le prion responsable de la maladie de la vache folle. Actuellement l'épidémie est à l'origine de 94 morts en Grande-Bretagne, 2 en France et 1 en Irlande.

Plus de questions que de réponses

Déjà des voix s'élèvent dans la communauté scientifique pour critiquer les résultats de cette enquête limitée à cinq cas. Car on ne sait toujours pas comment la maladie a franchi la barrière des espèces, de la vache à l'humain, ni comment elle se propage.

Lors d'un récent colloque franco-britannique à Paris les chercheurs ont reconnu qu'ils ne sont même pas sûrs que le prion soit véritablement responsable de la transmission de la maladie. On ignore encore, dix ans après le début des recherches, presque tout de la maladie, de sa transmission, de sa période d'incubation avant qu'elle se déclare, ou de l'ampleur probable de l'épidémie. Toutefois, l'origine de la maladie semble bien dans l'alimentation à base d'abats de bovins eux-mêmes nourris aux farines animales.



par Francine  Quentin

Article publié le 21/03/2001