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Sécurité alimentaire

L'Autriche et l'Italie sont aussi touchées

Face à la crise de la vache folle, l'heure n'est plus aux tergiversations. Les gouvernements confrontés à l'apparition de cas d'encéphalopathie spongiforme bovine ne tardent plus à prendre des mesures immédiates. A plus long terme, c'est tout le modèle agricole européen, symbolisé par la PAC (politique agricole commune) qui est remis en cause.
L'Autriche a déclenché son plan d'urgence contre l'ESB sans même attendre la confirmation des tests dès l'annonce du premier cas probable de vache folle dans son cheptel. L'Italie n'a pas non plus attendu les résultats définitifs pour, confrontée à la même situation, prendre des mesures contre la contamination. Ces deux pays s'apprêtent donc à rejoindre le camp des pays européens touchés par l'épizootie comme la Grande-Bretagne, le Portugal, la France, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne et l'Espagne ou hors-UE, la Suisse.

Le temps n'est plus où les responsables politiques craignant d'affoler les consommateurs, relativisaient les dangers de la diffusion de l'ESB. Ceux qui en ont sous-estimé les risques le payent désormais et, la semaine dernière, les ministres allemands de la Santé et de l'Agriculture ont dû démissionner tandis que le ministre de l'Agriculture de la Galice, une région espagnole, a été démis de ses fonctions.

Le modèle européen en question

Les mesures de dépistage systématique des bovins de plus de trente mois, l'interdiction des farines carnées dans l'alimentation animale, l'abattage des troupeaux contaminés n'ont pas encore réussi à enrayer la méfiance des consommateurs. Depuis le début de la crise en octobre dernier la consommation de viande de b£uf a diminué de plus d'un quart dans l'Union européenne, tandis que les prix ont chuté dans la même proportion. Les agriculteurs du secteur de l'élevage sont touchés de plein fouet par la mévente et des manifestations commencent à se dérouler en France et en Allemagne notamment pour demander de l'aide aux pouvoirs publics. Pour soutenir le marché, l'Union européenne va acheter et stocker 11 500 tonnes de viande bovine, comme elle l'avait déjà fait en décembre dernier, à hauteur de 12 000 tonnes.

Mais ces décisions de circonstances ouvrent la voie à une remise en cause beaucoup plus radicale du modèle agricole européen basé sur l'intensification des rendements et dont on dénonce maintenant les excès et les dérives. Le Commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler estime qu'il est temps de corriger les erreurs, pas seulement dans le dossier de la vache folle mais aussi en ce qui concerne le nitrate dans l'eau et les diverses pollutions de l'environnement liées à la production agricole.

En France, le débat sur le «productivisme» oppose vivement la Confédération paysanne, représentée par José Bové, à la FNSEA, le plus gros syndicat agricole, accusé d'avoir cogéré depuis 40 ans une politique européenne à l'origine de l'élimination des petits paysans et des crises sanitaires actuelles. L'Allemagne a annoncé un virage de sa politique agricole vers une meilleure protection des consommateurs et la promotion du biologique. Un premier pas a été fait avec la nomination d'une Verte, Renate Kuenast, au ministère de l'Agriculture, de la Consommation et de l'Alimentation. On s'attend donc à ce que les deux principales puissances agricoles européennes, France et Allemagne, pèsent de tout leur poids dans l'évolution de la politique agricole commune qui se dessine.



par Francine  Quentin

Article publié le 15/01/2001