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Sécurité alimentaire

Les Quinze divisés par la vache folle

Le compromis conclu entre les ministres de l'agriculture des Quinze sur la question des tests de dépistage de la maladie de la vache folle n'a pas mis fin à la cacophonie européenne.

La maladie de la vache folle coupe l'Europe en deux. Au sud (Portugal, Espagne, France, Grèce, Italie, Autriche), les pays les plus inquiets et les plus touchés par l'epizootie. Au nord (Allemagne, Suède, Finlande), les pays les moins empressés à l'idée de multiplier les tests de dépistage sur leur cheptel qui, pour le moment, n'a pas été touché par l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine).

Au lendemain du compromis de Bruxelles qui prévoit d'étendre les tests de dépistage de l'ESB à tous les « bovins à risques de plus de 30 mois », ni les inquiets du sud, ni les sereins du nord ne sont satisfaits.

Pour la France, principal pays frappé actuellement par la psychose de la vache folle, le bilan est « mitigé ». Paris souhaitait à l'origine que tous les bovins nés avant 1998 soient testés et que l'interdiction globale des farines animales soit étendue au niveau européen.

La Grande-Bretagne menace d'interdire la viande française

La GrandeûBretagne a rapidement annoncé qu'elle demandait des garanties supplémentaires à la France faute de quoi un embargo sur la viande française serait décrété. Une mise en garde britannique qui survient alors que la France continue pour sa part à imposer un embargo sur la viande de b£uf britannique.

Plusieurs autres pays de l'Union européenne (Grèce, Espagne, Portugal, Italie) ont pratiquement cessé toute importation de viande française. Les éleveurs italiens bloquent depuis le 20 novembre les camions frigorifiques chargés de viande au poste frontière du Fréjus. Ils réclament des mesures plus sévères contre l'ESB et des dispositifs d'aide financière.

L'Allemagne pour sa part insiste sur la nécessité d'élaborer des tests de dépistage plus efficaces avant d'en généraliser l'emploi. Le ministre allemand de l'agriculture estime que le risque de voir l'ESB se propager dans son pays est « faible ». La Suède de son côté semble peu empressée de mettre en place des tests systématiques. Quant à la Finlande elle s'interroge et demande des précisions sur la nation d'animal « à risques ».

Les Quinze sont donc véritablement divisés sur l'urgence et sur les modalités de mise en £uvre d'une politique de dépistage systématique et sur son financement. C'est ce qui explique que seul un compromis minimum ait pu être conclu à Bruxelles.

Parallèlement à ce compromis européen, le gouvernement français a annoncé un plan national d'aide à la filière bovine d'un montant de 3,24 milliards de francs. Des mesures immédiatement considérées comme insuffisantes par les organisations agricoles. Selon les syndicats agricoles, l'activité du secteur a diminué de moitié depuis le début de la crise affectant durement les 50 000 salariés de la filière.



par Philippe  Couve (avec AFP)

Article publié le 22/11/2000