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Sécurité alimentaire

Premières actions en justice

Selon l'hebdomadaire Le Point, à paraître le 17 novembre, les familles de deux victimes françaises du nouveau variant de la maladie de Creutzfeld-Jacob vont porter plainte pour « empoisonnement ». L'Association des victimes de la maladie de Creutzfeld-Jacob (AVMCJ) s'est constituée partie civile.
C'est une première en France ! Les familles de Laurence Duhamel, décédée au début de l'année à l'âge de 36 ans et d'Arnaud Eboli, 19 ans, actuellement entre la vie et la mort, ont décidé de déposer la première plainte contre X pour « empoisonnement, homicides involontaires et mise en danger de la vie d'autrui » dans l'affaire de la vache folle, révèle l'hebdomadaire Le Point, à paraître le 17 novembre. Et cela, deux jours après l'annonce du Premier ministre, Lionel Jospin, d'un moratoire interdisant les farines carnées dans l'alimentation animale.

Longue de plus d'une centaine de pages, cette plainte contre X, déposée par l'avocat François Honnorat décrit le jeu « complice » et dix années « d'immobilisme » des autorités françaises, britanniques et européennes. L'interdiction « tardive » ou « partielle » de ces farines animales dans l'alimentation du bétail constitue le sujet central de la plainte.

La nouvelle variante de la maladie qui a frappé les deux victimes, est principalement liée, selon les scientifiques, à la consommation de produits bovins ou de dérivés contaminés par la maladie de la vache folle. Comme ce fut le cas précédemment pour l'affaire du sang contaminé en France, au milieu des années 80, et qui avait conduit plusieurs ministres devant la Cour de justice de la République, les plaignants s'appuient sur une analyse chronologique des faits et des évènements.

Bien décidés à ne pas se laisser faire !

François Honnorat, l'avocat des familles, compte bien mettre en cause les autorités françaises, britanniques et européennes pour leur mauvaise gestion de la crise de la vache folle, entre le déclenchement de la maladie bovine, dans les années 80 au Royaume-Uni et l'embargo sur la viande britannique, décidé fin 1996 par la France.

L'avocat, pour motiver la plainte, se fonde également sur un rapport d'enquête du Parlement européen, remis en 1996, et qui affirme que la Commission européenne avait renoncé à prendre des mesures appropriées en 1992, alors qu'elle connaissait les risques sanitaires liés à l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). François Honnorat n'épargne pas les acteurs français :
« cédant à des motivations politiques ou catégorielles, ils se sont interdits d'adopter ou de contrôler les mesures de santé alimentaire indispensables », a t-il déclaré.

L'Association des victimes de la maladie de Creutzfeld-Jacob (AVMCJ), qui s'est constituée partie civile, ne décolère pas, non plus. Son président et porte-parole, Olivier Duplessis est furieux : « il est urgent de savoir si les citoyens ont été trompés et manipulés », a t-il renchéri.

La justice française va étudier, prochainement, si cette plainte est recevable et si les accusations contre les autorités mises en cause peuvent être retenues.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 16/11/2000