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Sécurité alimentaire

La crise prend un tour politique

La politique, version cohabitation compétitive, a fait son entrée dans le dossier de la lutte contre l'ESB. La déclaration solennelle du président de la République Jacques Chirac en faveur d'une interdiction immédiate des farines animales s'oppose à la volonté du premier ministre Lionel Jospin de prévoir les conséquences de cette décision inéluctable.
Répondant à l'inquiétude perceptible dans l'opinion publique, Jacques Chirac s'est prononcé mardi pour l'interdiction sans délai des farines animales dans l'alimentation des animaux destinés à la consommation humaine. Cela ne simplifie pas la tâche de Lionel Jospin, confronté aux difficultés pratiques de la mise en £uvre d'une telle décision. C'est la raison pour laquelle le gouvernement voulait de donner un peu de temps pour organiser la substitution de nouveaux produits aux farines animales, leur destruction et en assurer les coûts financiers pour les pouvoirs publics comme pour les éleveurs. L'approche des échéances électorales ne semble pas étrangère à cette tension dans la cohabitation. Mais pour le Premier ministre, la situation est encore aggravée par certaines distorsions dans la communication gouvernementale.

En effet, la confusion règne dans l'esprit du public entre réaffirmation du principe de précaution et déclarations rassurantes. Un rôle parmi les plus délicats étant celui du ministre de l'Agriculture Jean Glavany, tiraillé entre défense des éleveurs et protection des consommateurs qu'il appelle à ne pas céder à la panique. De son côté, la secrétaire d'Etat à la Santé Dominique Gillot a déclaré que les cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) devraient augmenter dans les années à venir mais qu'ils ne seraient pas tous du type de la «nouvelle variante» attribuée à la transmission bovine. Se voulant rassurante, elle a plutôt jeté le trouble.

Même les décisions des maires de retirer le b£uf des menus des cantines scolaires sont replacées, y compris par les associations de parents d'élèves, dans la perspective des élections municipales de mars 2001.

Enfin, alors que le gouvernement tente d'apaiser l'inquiétude en multipliant les dépistages et les restrictions à la consommation (même la côte de b£uf est désormais suspecte), la Confédération paysanne et son leader José Bové exigent la reprise de l'enquête sur des importations illicites de farines animales britanniques entre 1993 et 1996 qui pourraient être, selon cette organisation, à l'origine des cas actuels de vache folle. A cette époque, les Britanniques bradaient les farines animales interdites outre-Manche. Pour José Bové cette affaire qui implique les ministres de l'Agriculture successifs est «plus grave que celle du sang contaminé».



par Francine  Quentin

Article publié le 08/11/2000