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Sécurité alimentaire

France: renforcement des mesures contre la «vache folle»

La sécurité alimentaire était le thème dominant du Salon international de l'alimentation mais l'affaire de cette «vache folle» arrivée frauduleusement jusqu'à l'abattoir a relancé la polémique. Sous la pression des consommateurs inquiets et des professionnels touchés par la désaffection pour la viande bovine le gouvernement français a annoncé un renforcement des contrôles et mesures préventives. Les scientifiques doutent de leur efficacité.
Le Salon international de l'alimentation qui se tient jusqu'au 26 octobre en région parisienne a été rattrapé, bien malgré lui, par l'actualité. Cette rencontre des professionnels mondiaux de l'agroalimentaire n'aura pas, comme c'est le cas d'habitude, retenu l'attention du public par ses innovations du genre confiture en spray, saucisse sur bâtonnet ou cassoulet diététique. A la veille de l'ouverture du Salon on apprenait qu'une vache atteinte d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), affection suspectée de transmettre à l'homme une variante de la maladie de Creutzfeltd-Jakob, avait été introduite par son éleveur dans un troupeau destiné à l'abattoir. Repéré, l'animal a été retiré du circuit mais les autres membres du troupeau auquel elle appartenait ont été commercialisés dans plusieurs chaînes de supermarchés. Un dispositif d'alerte aux consommateurs a immédiatement été mis en place mais les associations de consommateurs et les industriels de l'agroalimentaire ont relancé à chaud le débat sur les garanties d'innocuité de la viande bovine.

Interdiction des graisses animales

Sous la pression d'une opinion publique sensibilisée par des crises à répétition concernant l'ESB, la listeria, l'introduction des OGM, le gouvernement français a annoncé coup sur coup la multiplication des tests de dépistage à l'entrée des abattoirs et l'interdiction des graisses animales dans l'alimentation des ruminants. Côté dépistage, le programme engagé en juin dernier de 48 000 tests sera élargi mais, effectués de manière aléatoire, par sondage, ils ne seront pas systématisés aux cinq ou six millions de bovins abattus chaque année. Alors que les farines animales sont proscrites de l'alimentation bovine depuis dix ans, l'interdiction va maintenant s'étendre aux graisses animales, issues notamment des os et utilisées pour le sevrage des veaux ou en complément alimentaire. Cette disposition ne concerne pas, pour l'instant, les porcs et les volailles mais le ministre de l'Agriculture Jean Glavany va demander une étude scientifique sur les risques liés au maintien des farines animales dans l'alimentation des autres animaux destinés à la consommation humaine.

Les associations de consommateurs exigent l'interdiction totale des farines animales pour toutes les espèces et le dépistage systématique de l'ESB. En effet, il est apparu que la barrière n'était pas complètement étanche entre les farines destinées aux bovins, donc non carnées, et les autres. Les industriels de l'agroalimentaire dont l'image de marque est atteinte à chaque incident rejoignent sur ce point les demandes des consommateurs. Mais, plus inquiétant, les scientifiques mettent en doute l'efficacité des tests systématiques de dépistage de l'ESB car jugés trop peu fiables et, surtout, dans l'incapacité de détecter la maladie au stade de l'incubation. Ainsi, des «vaches folles», sans qu'on puisse s'en apercevoir, pourraient être testées négatives, rendant illusoire le sentiment de sécurité.
Pendant ce temps, l'Union européenne s'interroge toujours sur la généralisation aux quinze pays membres des tests de dépistage que seuls pratiquent pour l'instant le Danemark et la France.



par Francine  Quentin

Article publié le 25/10/2000