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Sécurité alimentaire

La psychose de la «vache folle» s'installe

Pouvoirs publics et professionnels de la filière bovine tentent de lutter contre la psychose de la «vache folle» qui s'installe en France. La désaffection des consommateurs met en péril la filière bovine qui appelle à l'aide et demande des mesures radicales, mais coûteuses.
«Plus le gouvernement prend des mesures dans le cadre du principe de précaution, plus le consommateur est inquiet» déplorent les professionnels de la boucherie. Et, de fait, les mesures annoncées par le gouvernement français pour renforcer la lutte contre l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ne rassurent pas alors que, chaque semaine, de nouveau cas sont détectés. La révélation que 130 000 Britanniques pourraient être atteints de la forme humaine de la maladie, dite nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ) n'a rien arrangé.

Résultat, une diminution de 20% à 30% de la consommation des Français enregistrée dans les supermarchés et une baisse d'activité de 30% à 50% des abattoirs qui se répercute sur les commandes aux éleveurs. Dans la restauration collective et particulièrement les cantines scolaires les décisions de retirer le b£uf des menus se multiplient.

A l'exportation, les nuages s'amoncèlent aussi. La Russie, la Hongrie et la Pologne viennent de renoncer à importer du b£uf français. Sur une production annuelle de 1,3 million de tonnes de viande bovine la France en exporte 330 000 tonnes. Russie et Hongrie représentent 14% des exportations françaises de viande bovine, la Pologne étant un client beaucoup plus marginal.

Addition salée

Luc Guyau, président du principal syndicat agricole, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), lance un cri d'alarme et réclame aux pouvoirs publics un plan de sauvetage de l'élevage. Tout d'abord, pour tenter d'enrayer la psychose qui s'installe, les éleveurs ont proposé de retirer du marché de la viande tous les bovins nés avant le 15 juillet 1996, date de l'entrée en vigueur de mesures strictes de lutte contre l'ESB, soit plus d'un million de têtes représentant 5% à 7% du cheptel. Mais les éleveurs n'entendent pas payer seuls une addition évaluée par le ministre de l'Agriculture Jean Glavany de 12 à 18 milliards de FF. Les professionnels demandent aussi l'interdiction immédiate des farines animales dans l'alimentation des autres espèces que les bovins. Le retrait, le stockage, la destruction et le remplacement de ces farines par d'autres produits ont également un coût élevé.

D'où l'embarras des pouvoirs publics. Alors que le président de la République Jacques Chirac s'est prononcé pour l'interdiction immédiate des farines animales dans l'élevage des volailles, porcs et poissons, sachant que pour le b£uf elles sont déjà proscrites depuis 1990, le gouvernement s'est donné le temps de recueillir l'avis des scientifiques afin de préparer les conséquences économiques et sanitaires de cette interdiction. Les produits de substitution importés, à base de colza ou de soja, sont en effet susceptibles de contenir des organismes génétiquement modifiés (OGM). Mais devant l'aggravation de la situation ce délai pourrait bien être raccourci. En attendant, les producteurs de poissons d'élevage, craignant la désaffection des consommateurs, font savoir qu'ils n'utilisent plus de farines animales depuis 1996.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/11/2000