Espace
Dennis Tito: «je suis le premier voyageur de l'espace»
Entretien avec le «touriste de l'espace». A 60 ans, l'Américain Dennis Tito est sur le point de réaliser son rêve: partir dans l'espace. A 7h37 temps universel (TU), il s'est envolé de Baïkonour, au Kazakstan à bord du vaisseau russe Soyouz pour rejoindre la station spatiale ISS Alpha. Prix de ces vacances les plus chères du monde : 20 millions de dollars.
RFI: D'où vient cette volonté si forte de partir dans l'espace?
Dennis Tito: Voler dans l'espace, cela fait plus de 40 ans que j'en rêvais. Cette perspective m'a même accompagné toute ma vie. Quand les Russes ont envoyé le premier Spoutnik, en 1957, ça a été un événement majeur pour moi. Ce vol a littéralement ouvert une ère nouvelle, celle de l'espace. Et il a aussi changé le cours de ma vie. C'est l'année suivante que j'ai commencé à étudier l'ingénierie spatiale. J'ai travaillé ensuite dans un laboratoire de la Nasa, pendant cinq ans. Secrètement, j'ai toujours voulu voler dans l'espace. A l'époque, j'étais loin de penser que ce serait possible un jour.
RFI: Les Américains auraient préféré que vous restiez sur terre...
DT: Absolument rien dans le contrat n'indiquait que les Russes devaient obtenir une quelconque autorisation de la Nasa pour mon départ. Il s'agit d'un vol russe, le gouvernement russe estime donc qu'il est décisionnaire. Et pour ma part, je pense qu'un vol depuis la navette Soyouz vers le segment russe de l'ISS doit rester uniquement à la discrétion de l'Agence spatiale russe. Tout comme un vol à bord de la navette spatiale avec un équipage américain doit rester à la discrétion de la Nasa. Les seules personnes qui auraient pu éventuellement exprimer leur opposition, ce sont les membres de l'équipage actuellement présents sur la station spatiale internationale. De plus, j'estime être prêt au voyage pour ce qui est de mon aptitude physique et théorique. La plupart de mes périodes d'entraînement à la Cité des Etoiles se sont déroulées à bord de Soyouz, quelques unes sur la maquette grandeur nature de Mir. Mais 90% de ce que j'ai appris sur Mir s'applique à l'ISS.
RFI: Comment s'est passé votre long séjour à la Cité des Etoiles, à 70 km de Moscou?
DT: J'ai eu pas mal de temps libre, suffisamment, en tout cas. Et j'ai consacré beaucoup de ce temps à étudier, car la matière m'intéresse énormément. Pour ce qui était des conditions matérielles, cela n'avait bien sûr pas grand chose à voir avec la Californie, surtout en hiver. Le climat est un peu froid à mon goût. Mais j'ai vécu dans un appartement de trois pièces tout à fait confortable, et l'excitation de partir prochainement a fait le reste. J'ai aussi suivi beaucoup de cours pratiques: expériences en apesanteur, vol sur un Mig 29, séances dans l'immense centrifugeuse... Des cours théoriques aussi, notamment pour apprendre le Russe.
RFI: L'expérience est peu commune. Avez-vous le sentiment d'être quelqu'un de privilégié?
DT: C'est probablement l'une des plus belles expériences qui puisse arriver à l'homme. Vous savez, je pense que pour tout le monde, il est absolument merveilleux de se retrouver au dessus de la planète, à une hauteur de 250 miles. Faire le tour de la Terre toutes les 90 minutes et voir probablement 90% de la surface habitée par l'être humain, c'est une perspective extraordinaire.
RFI: Après vous, d'autres seront tentés par l'aventure, celle du tourisme spatial...
DT: Oui, et j'espère bien qu'après moi, il y en aura beaucoup d'autres. D'ailleurs, je n'aime pas les appeler touristes. Je préfère la formule voyageurs de l'espace.
Dennis Tito: Voler dans l'espace, cela fait plus de 40 ans que j'en rêvais. Cette perspective m'a même accompagné toute ma vie. Quand les Russes ont envoyé le premier Spoutnik, en 1957, ça a été un événement majeur pour moi. Ce vol a littéralement ouvert une ère nouvelle, celle de l'espace. Et il a aussi changé le cours de ma vie. C'est l'année suivante que j'ai commencé à étudier l'ingénierie spatiale. J'ai travaillé ensuite dans un laboratoire de la Nasa, pendant cinq ans. Secrètement, j'ai toujours voulu voler dans l'espace. A l'époque, j'étais loin de penser que ce serait possible un jour.
RFI: Les Américains auraient préféré que vous restiez sur terre...
DT: Absolument rien dans le contrat n'indiquait que les Russes devaient obtenir une quelconque autorisation de la Nasa pour mon départ. Il s'agit d'un vol russe, le gouvernement russe estime donc qu'il est décisionnaire. Et pour ma part, je pense qu'un vol depuis la navette Soyouz vers le segment russe de l'ISS doit rester uniquement à la discrétion de l'Agence spatiale russe. Tout comme un vol à bord de la navette spatiale avec un équipage américain doit rester à la discrétion de la Nasa. Les seules personnes qui auraient pu éventuellement exprimer leur opposition, ce sont les membres de l'équipage actuellement présents sur la station spatiale internationale. De plus, j'estime être prêt au voyage pour ce qui est de mon aptitude physique et théorique. La plupart de mes périodes d'entraînement à la Cité des Etoiles se sont déroulées à bord de Soyouz, quelques unes sur la maquette grandeur nature de Mir. Mais 90% de ce que j'ai appris sur Mir s'applique à l'ISS.
RFI: Comment s'est passé votre long séjour à la Cité des Etoiles, à 70 km de Moscou?
DT: J'ai eu pas mal de temps libre, suffisamment, en tout cas. Et j'ai consacré beaucoup de ce temps à étudier, car la matière m'intéresse énormément. Pour ce qui était des conditions matérielles, cela n'avait bien sûr pas grand chose à voir avec la Californie, surtout en hiver. Le climat est un peu froid à mon goût. Mais j'ai vécu dans un appartement de trois pièces tout à fait confortable, et l'excitation de partir prochainement a fait le reste. J'ai aussi suivi beaucoup de cours pratiques: expériences en apesanteur, vol sur un Mig 29, séances dans l'immense centrifugeuse... Des cours théoriques aussi, notamment pour apprendre le Russe.
RFI: L'expérience est peu commune. Avez-vous le sentiment d'être quelqu'un de privilégié?
DT: C'est probablement l'une des plus belles expériences qui puisse arriver à l'homme. Vous savez, je pense que pour tout le monde, il est absolument merveilleux de se retrouver au dessus de la planète, à une hauteur de 250 miles. Faire le tour de la Terre toutes les 90 minutes et voir probablement 90% de la surface habitée par l'être humain, c'est une perspective extraordinaire.
RFI: Après vous, d'autres seront tentés par l'aventure, celle du tourisme spatial...
DT: Oui, et j'espère bien qu'après moi, il y en aura beaucoup d'autres. D'ailleurs, je n'aime pas les appeler touristes. Je préfère la formule voyageurs de l'espace.
par Propos recueillis par Caroline OLIVE
Article publié le 27/04/2001