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Angolagate

La justice se rapproche de Pasqua

Un proche de l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a été mis en examen dans le cadre de l'enquête sur le trafic d'armes à destination de l'Angola. La justice s'interroge sur une somme de 1,5 millions de francs qui pourrait avoir financé le parti de Charles Pasqua.
Bernard Guillet, le conseiller diplomatique de Charles Pasqua a été mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola. Les magistrats qui instruisent l'affaire s'interrogent sur un versement effectué par le marchand d'armes Pierre Falcone au profit de l'association France Afrique Orient. Cette structure, dont Charles Pasqua était le vice-président est soupçonnée d'avoir servi à financer le RPF, le mouvement politique de l'ancien ministre de l'Intérieur. Les magistrats instructeurs ont également entendu deux des secrétaires de Charles Pasqua.

Un autre homme de confiance de Charles Pasqua a également été entendu. Jean-Charles Marchiani a témoigné à sa demande comme l'a révélé RFI. Dans une interview qu'il nous a accordé, il affirme que l'argent en question (1,5 millions de francs) provenait directement du gouvernement angolais.

Jean-Charles Marchiani s'explique sur RFI

Jean-Charles Marchiani a également pris la défense des deux hommes-clefs de cette affaire : Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak. les deux hommes auraient rendu de
grands services à la France, en particulier dans le domaine pétrolier. Selon Marchiani, Girassol, Dalia, Tulipo ou encore Camélia (les nouveaux gisements
d'Elf dans l'off-shore angolais) doivent beaucoup aux relations de Pierre Falcone avec le gouvernement de Luanda.

En 1996 et 1997, l'homme d'affaire aurait servi d'intermédiaire entre les hommes de Charles Pasqua et le président Dos Santos. A l'époque, il s'agissait de convaincre les Angolais de travailler avec la compagnie française. Or, traditionnellement, les politiques français soutenaient la rébellion de l'UNITA de Jonas Savimbi.

Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, fournisseurs d'armes au gouvernement angolais en 1993/94, font jouer alors toutes leurs relations avec la présidence. Charles Pasqua et son entourage effectuent donc, plusieurs fois, le voyage de Luanda, souvent en même temps que Philippe Jaffré, le patron d'Elf. Est-ce la raison qui a poussé les Angolais à financer l'association France Afrique Orient ? En tout cas, les résultats sont là: les réserves d'Elf en Angola sont aujourd'hui estimées à 3 milliards de barils. Mais surtout, Elf a obtenu, en 1999, 30% du bloc 32 (c'est une concession dans le jargon de l'industrie pétrolière), une réserve très prometteuse en eaux ultra-profondes. Par ailleurs sur le bloc 33, on trouve Exxon et une compagnie jusque là étrangère au milieu pétrolier, la Falcon Oil and Gas.



par David  Servenay

Article publié le 13/04/2001