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Congo démocratique

Une autre catastrophe humanitaire ?

Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a affirmé craindre que l'ONU ne soit confrontée à une crise humanitaire majeure en RDC, après le retrait des soldats étrangers, notamment du côté des «rebelles» du RDC et du FLC qui tentent toujours d'empêcher le déploiement des Casques Bleus.
Seize millions de personnes qui souffrent de la famine, deux millions de déplacés et deux autres millions de nouveaux malades du Sida. La réalité qui peu à peu émerge du Congo démocratique, après près de cinq années de guerres civiles en tous genres, ressemble de plus en plus à une «crise humanitaire majeure», selon le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Celui-ci s'est dit très inquiet, notamment quant au travail confié à la Monuc qui risque d'être «plus difficile, complexe, risqué et cher» que celui d'une simple mission de surveillance de cessez-le-feu.

En réalité les Casques Bleus qui commencent à être déployés -non sans difficulté- dans différentes villes de part et d'autre de la ligne qui sépare la rébellion du gouvernement central, commencent à découvrir une situation de famine et de misère «dans des proportions horrifiantes». Ceci concerne surtout le sud Kivu «caractérisé par la terreur généralisée, toutes les parties s'étant livrées à des tueries, des viols, à l'incendie de maisons, à des intimidations et enlèvements ansi qu'à l'utilisation de mines antipersonnel».

Kabila: «Plus de deux millions de morts»

Ces déclarations très peu diplomatiques de Kofi Annan interviennent au lendemain de la publication d'un rapport accablant, surtout pour les rebelles et leurs «parrains» (le Rwanda et l'Ouganda) accusés de «pillage systématique», mais aussi d'une séance d'explication plutôt rude entre une délégation de l'ONU et les rebelles du RDC (Rassemblement démocratique congolais, pro-rwandais), à Goma. Des rebelles qui ont tout tenté pour empêcher les Casques Bleus de s'installer dans l'importante ville de Kisangani.

Parallèlement les Etats-Unis ont une fois de plus «demandé au gouvernement rwandais d'encourager vivement les dirigeants du RCD à supprimer immédiatement tous les obstacles» au déploiement de quelques centaines de soldats marocains de l'ONU. Ce qui pourrait intervenir ce vendredi 19 avril.

Les prises de positions de l'ONU ont «fait triompher la vérité», a déclaré pour sa part la télévision officielle de Kinshasa, et le président Joseph Kabila a demandé à l'ONU de «poursuivre les individus impliqués» dans le pillage de la RDC «afin de pouvoir mettre rapidement fin à cette guerre insensée et absurde». Dans son rapport publié récemment, l'ONU avait recommandé l'interdiction immédiate des exportations de minerai et de bois en provenance et à destination du Burundi, du Rwanda et de l'Ouganda.

Toujours selon Kinshasa, les rebelles du FLC (Front de libération du Congo, dirigé par Jean-Pierre Bemba) qui contrôlent le nord du pays doivent eux aussi être poursuivis «pour pillage à grande échelle des ressources naturelles». «Les griefs contre Jean-Pierre Bemba sont accablants, a déclaré la télé kinoise, avant de se demander si «un faux-monnayeur et un homme qui fait travailler des enfants dans des mines peut prétendre à présider aux destinées du Congo».

De son côté, le président Kabila est parvenu la semaine dernière à donner un véritable coup de balai dans le gouvernement hérité de son père, en se séparant de tous les «faucons» (pour la plupart katangais). Il a aussi devancé quelque peu Kofi Annan, en tirant le premier la sonnette d'alarme à propos de la catastrophe qui s'annonce en RDC. «Au Rwanda, pendant le génocide de 1994, les médias étaient tous là, ils ont témoigné, a-t-il dit au quotidien Le Monde le week-end dernier. Mais au Congo on ne sait pas ce qui se passe. Or, depuis deux ans et demi, plus de deux millions de Congolais sont morts. Comment faut-il qualifier cela? C'est un génocide. Il n'y a pas d'autre mot. Seulement la communauté internationale a été soit aveugle, soit d'accord avec ce que nous avons subi».


Pour lire le rapport de l'ONU (en anglais)
http://www.un.org/News/dh/latest/drcongo.htm#_msocom_1



par Elio  Comarin

Article publié le 19/04/2001