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Ghana

Drame au stade à Accra

Plus de 130 morts, des dizaines et des dizaines de blessés, tel est le bilan encore provisoire de la bousculade qui a marqué la fin de la rencontre de championnat qui opposait à l'Accra Stadium les deux équipes les plus populaires du Ghana, les Hearts of Oak d'Accra, couronnés champions d'Afrique au mois de décembre, et l'Ashanti Kotoko de Kumasi. Il s'agissait de la première des deux rencontres entre les deux formations, comptant pour la quatrième journée du championnat national.
C'était un match à haut risque. Les dirigeants des deux équipes le savaient. Les uns et les autres, relayés par l'ensemble des médias, avaient, avant la rencontre, multiplié les appels au calme, cherchant à dédramatiser la confrontation, instruits par les récents événements dramatiques de Johannesbourg, de Lubumbashi et d'Abidjan qui venaient de coûter la vie à cinquante-quatre personnes. Il ne restait plus que cinq minutes à jouer. Les Hearts of Oak menaient par deux buts à un, lorsque certains supporteurs du Kotoko, mécontents de la performance de leur équipe et de l'arbitrage, ont commencé à casser les sièges du stade rempli comme un £uf ûsans doute plus de quarante mille personnes. La police, comme elle l'avait déjà fait lors de la finale retour de la Ligue des champions, le 17 décembre, a alors envoyé des gaz lacrymogènes dans les tribunes, provoquant un mouvement de panique. Les portes du stade étant fermées, il y a eu d'énormes bousculades, les spectateurs ont été piétinés et étouffés. Bilan provisoire: plus de 130 victimes, le drame le plus meurtrier de toute l'histoire du football africain.

La police en accusation

Interrogée par RFI, la conseillère de presse du président John Kufuor, Elizabeth Ohene n'a pas hésité à mettre en accusation la police trop prompte à dégaîner dans de telles circonstances. Un premier match entre les deux équipes, avant le coup d'envoi du championnat, avait déjà failli tourner au drame. La rivalité des deux équipes n'explique pas tout. La fébrilité des forces de police n'est pas seule en cause. Encore une fois, en Afrique, c'est surtout l'absence d'organisation, l'incapacité de garantir un minimum de conditions de sécurité, qui sont à l'origine du drame. Depuis quelques mois, les içncidents se multiplient. Au Nigeria, par exemple, les stades de la pluparts des grandes équipes du pays ont été suspendus, en raison de bagarres répétées. Pareil au Zimbabwe ou au Kenya. Le football suscite des passions souvent incontrôlables. L'attachement du public aux clubs est tel qu'il engendre des réactions très fortes en cas de défaite.Et les fins de match dégénèrent parfois en actes de vandalisme dans les tribunes où les normes de sécurité ne sont que très rarement respectées. Comme à Accra.

Le chef de l'Etat ghanéen, qui a décidé de réunir un conseil des ministres extraordinaires ce jeudi matin, a annoncé la mise sur pied d'une commission d'enquête qui devra établir les vraies responsabilité du drame. C'est toute l'Afrique qui est concernée.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 10/05/2001