Etats-Unis
La défection qui fragilise Bush
La démission du parti républicain du sénateur Jeffords va obliger George W. Bush à gouverner au centre. La décision d'un seul homme fait en effet basculer la majorité du Sénat dans le camp démocrate.
C'est avant tout des considérations électoralistes locales qui ont conduit le sénateur républicain à changer de camp. En effet, son Etat d'élection, le Vermont, longtemps républicain, a brusquement voté démocrate lors de l'élection présidentielle de novembre dernier. Et si James Jeffords a été réélu, c'est (disent les commentateurs) sur sa bonne tête et son travail au Sénat en faveur de sa circonscription, non en raison de son étiquette.
En bon politicien, il en tire donc les conséquences pour assurer son avenir électoral. Il est vrai que sur le plan strictement politique, le transfuge n'est guère gêné aux entournures. Il fait partie de ces élus modérés des deux camps qui votent parfois avec l'adversaire pour faire passer un texte ou au contraire, s'opposer à un projet de loi controversé. Précisément, sur au moins trois questions importantes (la réforme de l'école, l'avortement et l'environnement), James Jeffords se sentait ces temps derniers plus proche des démocrates que des républicains conservateurs qui entourent Georges W. Bush.
Une décision qui change l'équilibre du pouvoir politique fédéral
La conséquence immédiate de la défection de James Jeffords est la prise du pouvoir des démocrates au Sénat. Concrètement, cela signifie que l'actuel président Trent Lott devra céder son fauteuil au sénateur démocrate du Dakota du sud Tom Dashle et que les présidences de commissions changent également de tête. L'occasion de voir revenir au premier plan des personnalités cantonnées aux seconds rôles depuis 1994: Edward «Ted» Kennedy, frère du président assassiné, présidera la commission de la Santé, Joseph Liebermann, colistier malheureux d'Al Gore à la présidentielle, celle de l'Education. A la tête de la puissante commission des Affaires étrangères arrive Joseph Biden, un farouche adversaire du projet controversé de bouclier de défense anti-missiles, qui chasse ainsi le vieux sénateur ultra-conservateur Jesse Helms.
Aux Finances, Max Baucus est un adversaire déclaré des baisses d'impôts et de la privatisation des fonds de retraites. Surtout, ce sont désormais les démocrates qui contrôleront l'ordre du jour des travaux du Sénat. Cette arme redoutable, largement utilisée par les républicains sous le mandat Clinton, permet de bloquer toute discussion sur certains projets du président. Georges W. Bush devra donc apprendre à négocier avec l'adversaire s'il veut faire adopter ses promesses électorales. Enfin, un Sénat démocrate pourra bloquer la nomination de juges fédéraux jugés trop conservateurs, notamment à la Cour Suprême.
C'est l'une des particularités du système fédéral américain, la défection d'un seul élu peut mettre en difficulté un président qui croyait, sans doute un peu vite, détenir les pleins pouvoirs. Une mésaventure qu'ont également connu avant lui Ronald Reagan et Bill Clinton.
En bon politicien, il en tire donc les conséquences pour assurer son avenir électoral. Il est vrai que sur le plan strictement politique, le transfuge n'est guère gêné aux entournures. Il fait partie de ces élus modérés des deux camps qui votent parfois avec l'adversaire pour faire passer un texte ou au contraire, s'opposer à un projet de loi controversé. Précisément, sur au moins trois questions importantes (la réforme de l'école, l'avortement et l'environnement), James Jeffords se sentait ces temps derniers plus proche des démocrates que des républicains conservateurs qui entourent Georges W. Bush.
Une décision qui change l'équilibre du pouvoir politique fédéral
La conséquence immédiate de la défection de James Jeffords est la prise du pouvoir des démocrates au Sénat. Concrètement, cela signifie que l'actuel président Trent Lott devra céder son fauteuil au sénateur démocrate du Dakota du sud Tom Dashle et que les présidences de commissions changent également de tête. L'occasion de voir revenir au premier plan des personnalités cantonnées aux seconds rôles depuis 1994: Edward «Ted» Kennedy, frère du président assassiné, présidera la commission de la Santé, Joseph Liebermann, colistier malheureux d'Al Gore à la présidentielle, celle de l'Education. A la tête de la puissante commission des Affaires étrangères arrive Joseph Biden, un farouche adversaire du projet controversé de bouclier de défense anti-missiles, qui chasse ainsi le vieux sénateur ultra-conservateur Jesse Helms.
Aux Finances, Max Baucus est un adversaire déclaré des baisses d'impôts et de la privatisation des fonds de retraites. Surtout, ce sont désormais les démocrates qui contrôleront l'ordre du jour des travaux du Sénat. Cette arme redoutable, largement utilisée par les républicains sous le mandat Clinton, permet de bloquer toute discussion sur certains projets du président. Georges W. Bush devra donc apprendre à négocier avec l'adversaire s'il veut faire adopter ses promesses électorales. Enfin, un Sénat démocrate pourra bloquer la nomination de juges fédéraux jugés trop conservateurs, notamment à la Cour Suprême.
C'est l'une des particularités du système fédéral américain, la défection d'un seul élu peut mettre en difficulté un président qui croyait, sans doute un peu vite, détenir les pleins pouvoirs. Une mésaventure qu'ont également connu avant lui Ronald Reagan et Bill Clinton.
par Eric Bataillon
Article publié le 25/05/2001