Etats-Unis
Haro sur le plan énergie de Bush
Prétendant réconcilier protection de l'environnement et production d'énergie, George W. Bush a présenté un plan pour faire face à la crise énergétique traversée par les Etats-Unis. Les nouvelles explorations pétrolières et le développement de l'énergie nucléaire suscitent la colère des environnementalistes.
«On dirait un rapport annuel d'ExxonMobil», a lâché le chef de file des Démocrates à la Chambre des représentants Dick Gephardt. Cette formule assassine résume le sentiment des écologistes du monde entier, que les arguments du président américain ne sont pas parvenus à convaincre. «Si nous n'agissons pas, les Américains devront faire face à de plus de coupures de courant généralisées», a-t-il affirmé, avant d'ajouter que sans nouvelles sources d'énergie, les Américains doivent se préparer à «des prix en augmentation à la pompe et à des coupures de courant en série dans le grand Etat de Californie». Mais dans le grand Etat de Californie, le gouverneur démocrate Gray Davis s'en est pris au président pour avoir refusé de mettre un plafond aux cours de l'énergie : «Nous sommes littéralement en guerre contre les compagnies de production d'énergie, dont beaucoup se trouvent au Texas.»
Le plan Bush prévoit d'alléger les réglementations en vigueur pour autoriser une plus grande production de pétrole, de gaz et d'énergie nucléaire, ainsi que des mesures de stimulation fiscale à l'extraction de charbon, l'économie d'énergie ou l'utilisation d'énergies renouvelables. Transposé en chiffres, le plan Bush est beaucoup plus explicite : entre 1 300 et 1 900 nouvelles centrales en 20 ans, 60 000 kilomètres de gazoducs, 400.000 kilomètres de lignes électriquesà
Parmi les mesures qui hérissent les écologistes : de nouveaux forages pétroliers dans la réserve naturelle de l'Alaska, auxquels le ministre canadien de l'Environnement, David Anderson, s'est déjà déclaré totalement opposé.
«Brûler ses meubles»
A Nevada, dans l`Iowa, Bush a retrouvé des accents de campagne: «Je ne peux pas penser à quelque chose de mieux pour notre sécurité nationale que de remplacer les barils de pétrole en provenance de pays qui ne peuvent pas sentir l'Amérique, par des produits que l'on fait pousser ici. Je remplacerais volontiers le pétrole irakien par des produits tirés du maïs qui pousse dans l'Iowa». Mais ses appels en faveur des énergies renouvelables n'a pas trompé les écologistes. A Washington, les principaux groupes de protection de l'environnement ont donné une conférence de presse conjointe pour torpiller le nouveau plan, présenté comme faisant la part belle aux énergies naturelles, mais sans effet à court terme face au manque d'énergie.
Ils ont présenté un spot télévisé mettant en scène un simulacre de vente aux enchères dans lequel les ressources naturelles du pays sont vendues au plus offrant. Selon leurs calculs, l'utilisation accrue des énergies fossiles devrait augmenter de 35% en vingt ans les émissions de gaz à effet de serre. Quant aux fonds alloués aux économies d'énergie et aux énergies renouvelables, ils arguent qu'ils seront financés avec l'argent du pétrole extrait de la réserve naturelle de l'Alaska. «Cela revient à brûler ses meubles pour chauffer la maison», a expliqué Bill Meadows, président de Wilderness society.
Certaines parties du projet Bush devront être adoptées par le Congrès où les Républicains se sont rassemblés comme un seul homme derrière Bush. Le nucléaire «est une source d'énergie de rêve», d'après le sénateur républicain Jeff Sessions : «Oui, elle produit des déchets, mais ce n'est pas un problème que nous ne puissions résoudre».
Les démocrates sont prêts à monter au front. Les wachdogs, ces groupes qui scrutent les activités gouvernementales, rappellent fort à propos que Bush, lui-même issu d'une dynastie pétrolière, était durant la campagne le favori des lobbys pétroliers. Selon le «Center for Responsive Politics», les compagnies pétrolières et gazières ont donné aux Républicains 25,5 millions de dollars pour la campagne, contre quatre fois moins aux Démocrates. Ils sont sur le point de toucher leur retour sur investissement.
Immédiatement, l'Union européenne a signifié son désaccord par la voix du ministre de l'Environnement de Suède, qui préside l'Union : «C'est un effort massif pour développer le pétrole, le gaz naturel et l'énergie nucléaire mais je ne crois pas que cela soit la meilleure des stratégies pour le futur», a dénoncé Kjell Larsson. «Ce plan est assez désastreux car il sépare la politique énergétique de la politique environnementale», a estimé pour sa part le ministre néerlandais de l'Environnement Jan Pronk, chef d'orchestre des négociations de l'ONU sur le réchauffement climatique, occupé à trouver une solution au retrait américain du protocole de Kyoto. Comme en écho, 17 académies des sciences dans le monde ont lancé un appel en faveur de la ratification du protocole. Comme un encouragement à faire un pas en avant quand les Etats-Unis font un pas en arrière.
Le plan Bush prévoit d'alléger les réglementations en vigueur pour autoriser une plus grande production de pétrole, de gaz et d'énergie nucléaire, ainsi que des mesures de stimulation fiscale à l'extraction de charbon, l'économie d'énergie ou l'utilisation d'énergies renouvelables. Transposé en chiffres, le plan Bush est beaucoup plus explicite : entre 1 300 et 1 900 nouvelles centrales en 20 ans, 60 000 kilomètres de gazoducs, 400.000 kilomètres de lignes électriquesà
Parmi les mesures qui hérissent les écologistes : de nouveaux forages pétroliers dans la réserve naturelle de l'Alaska, auxquels le ministre canadien de l'Environnement, David Anderson, s'est déjà déclaré totalement opposé.
«Brûler ses meubles»
A Nevada, dans l`Iowa, Bush a retrouvé des accents de campagne: «Je ne peux pas penser à quelque chose de mieux pour notre sécurité nationale que de remplacer les barils de pétrole en provenance de pays qui ne peuvent pas sentir l'Amérique, par des produits que l'on fait pousser ici. Je remplacerais volontiers le pétrole irakien par des produits tirés du maïs qui pousse dans l'Iowa». Mais ses appels en faveur des énergies renouvelables n'a pas trompé les écologistes. A Washington, les principaux groupes de protection de l'environnement ont donné une conférence de presse conjointe pour torpiller le nouveau plan, présenté comme faisant la part belle aux énergies naturelles, mais sans effet à court terme face au manque d'énergie.
Ils ont présenté un spot télévisé mettant en scène un simulacre de vente aux enchères dans lequel les ressources naturelles du pays sont vendues au plus offrant. Selon leurs calculs, l'utilisation accrue des énergies fossiles devrait augmenter de 35% en vingt ans les émissions de gaz à effet de serre. Quant aux fonds alloués aux économies d'énergie et aux énergies renouvelables, ils arguent qu'ils seront financés avec l'argent du pétrole extrait de la réserve naturelle de l'Alaska. «Cela revient à brûler ses meubles pour chauffer la maison», a expliqué Bill Meadows, président de Wilderness society.
Certaines parties du projet Bush devront être adoptées par le Congrès où les Républicains se sont rassemblés comme un seul homme derrière Bush. Le nucléaire «est une source d'énergie de rêve», d'après le sénateur républicain Jeff Sessions : «Oui, elle produit des déchets, mais ce n'est pas un problème que nous ne puissions résoudre».
Les démocrates sont prêts à monter au front. Les wachdogs, ces groupes qui scrutent les activités gouvernementales, rappellent fort à propos que Bush, lui-même issu d'une dynastie pétrolière, était durant la campagne le favori des lobbys pétroliers. Selon le «Center for Responsive Politics», les compagnies pétrolières et gazières ont donné aux Républicains 25,5 millions de dollars pour la campagne, contre quatre fois moins aux Démocrates. Ils sont sur le point de toucher leur retour sur investissement.
Immédiatement, l'Union européenne a signifié son désaccord par la voix du ministre de l'Environnement de Suède, qui préside l'Union : «C'est un effort massif pour développer le pétrole, le gaz naturel et l'énergie nucléaire mais je ne crois pas que cela soit la meilleure des stratégies pour le futur», a dénoncé Kjell Larsson. «Ce plan est assez désastreux car il sépare la politique énergétique de la politique environnementale», a estimé pour sa part le ministre néerlandais de l'Environnement Jan Pronk, chef d'orchestre des négociations de l'ONU sur le réchauffement climatique, occupé à trouver une solution au retrait américain du protocole de Kyoto. Comme en écho, 17 académies des sciences dans le monde ont lancé un appel en faveur de la ratification du protocole. Comme un encouragement à faire un pas en avant quand les Etats-Unis font un pas en arrière.
par Philippe Bolopion
Article publié le 20/05/2001