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Etats-Unis

Bush : le miraculé des 100 jours

Intronisé voilà 100 jours comme le président le plus contesté de l'histoire américaine, George W. Bush affiche un premier bilan d'étape plutôt positif aux yeux de ses concitoyens. 63% des Américains approuvent son action. L'éducation et l'international sont ses point forts, l'environnement son point noir.
De notre correspondant à New York

Il faut se remémorer l'élection présidentielle pour juger du chemin parcouru par George W. Bush en 100 jours. Après une interminable bataille juridique sur le décompte des voix, la Cour suprême donne raison au candidat républicain à la majorité d'un seul juge. Al Gore concède sa défaite, même si le vote populaire lui donne 337 000 voix de plus que le nouveau président, une première depuis 1888. Du côté des grands électeurs, Bush n'obtient la majorité que d'une seule voix, ce qui ne s'était pas vu depuis 1876. Neuf Noirs sur dix ont voté contre lui, sa majorité au Congrès est bancale, on le dit inexpérimenté, maladroit. Et il a pris du retard pour former son administration.

Trois mois et quelques jours plus tard, George W. Bush s'offre une tournée des grands médias américains pour célébrer en fanfare ses premiers cent jours. Il affiche un large sourire, explique avoir fait un «sacré bon travail» et se dit très «relax». Les sondages lui donnent plus de 60 % d'opinions favorables, mieux que Bill Clinton à la même étape, mais moins bien que deux de ses maîtres : Ronald Reagan et George Bush senior. Il obtient un de ses meilleurs scores, 62 %, en politique internationale, un domaine où son inexpérience a pourtant été mainte fois soulignée. Il bénéficie en la matière des retombées positives et encore fraîches du retour au pays de l'équipage de l'avion espion américain retenu en Chine.

Sa politique en matière d'éducation est également saluée par plus de 60 % des Américains, qui approuvent les principes élémentaires martelés par George W. Bush à chacune de ses sorties, notamment sur l'importance de l'apprentissage de la lecture. Alors qu'on a mis en doute ses capacités intellectuelles, sa capacité à gouverner sans son entourage ou à s'exprimer correctement, George W. Bush a acquis la stature d'un président : 69 % estiment qu'il est un bon commandant en chef des armées, 68 % qu'il a une vision pour le futur, 65 % qu'on peut lui faire confiance en cas de crise, 62 % qu'il est honnête et fiable.

Un président éloigné du peuple


Concernant l'environnement, Bush paye le prix d'une série de mesures catastrophiques au yeux de l'opinion : la non-régulation des émissions de CO2 dans l'atmosphère, les autorisations de forages pétroliers dans la réserve naturelle de l'Alaska, l'ajournement d'une mesure visant à réduire le pourcentage d'Arsenic dans l'eau potable... Seulement 47 % des Américains ont approuvé sa politique environnementale, et 41 % ont désapprouvé. Il reçoit un feu vert pour sa politique économique, avec 54 % d'Américains qui soutiennent les baisses massives d'impôt. Mais à y regarder de plus près, cette pièce maîtresse d'une politique très droitière est perçue par 53 % des sondés comme profitant aux revenus les plus élevés. Un élément parmi d'autres qui fait que George W. Bush, malgré son style décontracté et ses manières de Texan ne passe pas pour un homme proche du peuple -un genre dans lequel son prédécesseur excellait. 51% des Américains estiment qu'il ne comprend pas les gens comme eux.

La lune de miel entre le président, ses citoyens et la presse, ne touche guère l'opinion mondiale. De la Chine à l'Europe, les diplomates et les opinions sont mécontents des mesures adoptées par l'équipe Bush, dont le style n'est pas sans rappeler Ronald Reagan. Sa politique est jugée brutale, «unilatéraliste» disent improprement les Français, et floue sur encore bien des domaines, de la Russie, à Taïwan en passant par le Proche-Orient. Le retrait du protocole de Kyoto régulant l'émission des gaz à effet de serre et la volonté de développer un bouclier antimissile en violation des accords de désarmement internationaux assurent aux Etats-Unis une sale réputation internationale pour quelques mois au moins. Une réputation qui, heureusement pour Bush, n'est pas mesurée par les sondages.




par Philippe  Bolopion

Article publié le 30/04/2001