Etats-Unis
Védrine et Powell se cherchent des points communs
Le ministre des affaires étrangères français a rencontré à Washington son homologue américain Colin Powell. Les deux hommes sont à la recherche d'un terrain d'entente sur des dossiers aussi complexes que les sanctions contre l'Irak, le bouclier antimissile, la défense européenne ou l'émission des gaz à effet de serre.
De notre correspondant à New York
«Les Américains sont en train de réfléchir», a expliqué Hubert Védrine lors de sa visite à Washington, «c'est pour cela qu'il était d'autant plus intéressant d'avoir des échanges avec eux, en amont». De l'Irak à la Russie, du Proche-Orient à la Corée, l'administration Bush a affiché des objectifs, sans arrêter de politique globale. Les diplomates du monde entier interprètent chaque geste de la présidence américaine. Hubert Védrine est venu juger sur pièce. «J'ai été reçu avec une vraie volonté de bienveillance», a expliqué le ministre. Au cours d'une conférence de presse conjointe, les deux hommes d'Etat ont procédé aux déclarations rituelles sur l'amitié entre leurs deux pays. Leurs négociations n'en ont pas moins été intenses sur de nombreux dossiers, à commencer par l'Irak.
La France et les Etats-Unis pourraient s'entendre, selon Hubert Védrine : «Le secrétaire d'Etat dit que la politique actuelle des sanctions ne marche pas, qu'il faut trouver une politique plus intelligente. Nous pensons un peu cela depuis des années.» Sauf que la position de Colin Powell, à base d'assouplissement des sanctions économiques et de durcissement des sanctions militaires, ne l'emportera pas forcément sur une ligne beaucoup plus dure défendue par le vice-président Dick Cheney et le Pentagone. En attendant un compromis, Français et Américains s'affrontent ouvertement au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Les premiers accusent les seconds de mettre en danger les civils palestiniens. Les Américains répliquent que les Français font passer leurs intérêts commerciaux avant la sécurité de la région. Bref, rien de très constructif. Quand au soutien affiché des Etats-Unis à l'opposition irakienne, le Français a estimé «qu'il rencontre dans le monde arabe un grand scepticisme».
Réconcilier l'OTAN et la défense européenne
La question du bouclier antimissile américain, qui menace de relancer une course mondiale à l'armement, constituait l'autre morceau de choix au menu de la rencontre. Sur ce point, Védrine s'est voulu attentiste, estimant que pour l'heure, «les conséquences politico-stratégiques n'apparaissent pas, (...) personne ne comprend très bien les bienfaits attendus d'un tel projet». Sur CNN, il a esquissé les contours d'une défense européenne tout en s'efforçant de ménager son homologue : «Les objectifs de l'Alliance atlantique et de la défense européenne pouvaient apparaître incompatibles par le passé, mais la France et la Grande Bretagne ont rapproché leurs positions». Il est possible, assure le ministre, de concilier les deux structures, «sans recréer en double ce qui existe déjà».
Le dossier macédonien a été l'occasion de célébrer «une grande identité de vue entre les Américains et l'Europe». «L'accord s'est fait très vite, très facilement», selon Hubert Védrine, pour condamner l'extrémisme albanais et proclamer un attachement commun à l'intégrité territoriale de la Macédoine. De la même façon, l'Union européenne et les Etats-Unis appellent le gouvernement macédonien à prendre des initiatives politiques pour une meilleure intégration de la communauté albanaise. Les deux puissances soutiennent ensemble l'armée macédonienne. Du point de vue européen, cette nouvelle crise a au moins l'avantage d'avoir mis entre parenthèse le désengagement annoncé des troupes américaines dans les Balkans.
Sur un sujet, Powell et Védrine ont semblé irréconciliables. «Quand on a à l'esprit l'extraordinaire gravité de la question du réchauffement du climat, a expliqué Hubert Védrine, on ne peut pas imaginer qu'un pays qui représente à lui seul 25 % des rejets de gaz à effet de serre dise simplement 'je m'en lave les mains'». C'est pourtant bien ce qu'a fait l'administration Bush, en signant l'arrêt de mort du protocole de Kyoto qui devait réguler les émissions de CO2. Face à Hubert Védrine, Colin Powell aurait toutefois reconnu «l'existence du problème», tout en «contestant radicalement les mécanismes envisagés pour y faire face.»
«Les Américains sont en train de réfléchir», a expliqué Hubert Védrine lors de sa visite à Washington, «c'est pour cela qu'il était d'autant plus intéressant d'avoir des échanges avec eux, en amont». De l'Irak à la Russie, du Proche-Orient à la Corée, l'administration Bush a affiché des objectifs, sans arrêter de politique globale. Les diplomates du monde entier interprètent chaque geste de la présidence américaine. Hubert Védrine est venu juger sur pièce. «J'ai été reçu avec une vraie volonté de bienveillance», a expliqué le ministre. Au cours d'une conférence de presse conjointe, les deux hommes d'Etat ont procédé aux déclarations rituelles sur l'amitié entre leurs deux pays. Leurs négociations n'en ont pas moins été intenses sur de nombreux dossiers, à commencer par l'Irak.
La France et les Etats-Unis pourraient s'entendre, selon Hubert Védrine : «Le secrétaire d'Etat dit que la politique actuelle des sanctions ne marche pas, qu'il faut trouver une politique plus intelligente. Nous pensons un peu cela depuis des années.» Sauf que la position de Colin Powell, à base d'assouplissement des sanctions économiques et de durcissement des sanctions militaires, ne l'emportera pas forcément sur une ligne beaucoup plus dure défendue par le vice-président Dick Cheney et le Pentagone. En attendant un compromis, Français et Américains s'affrontent ouvertement au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Les premiers accusent les seconds de mettre en danger les civils palestiniens. Les Américains répliquent que les Français font passer leurs intérêts commerciaux avant la sécurité de la région. Bref, rien de très constructif. Quand au soutien affiché des Etats-Unis à l'opposition irakienne, le Français a estimé «qu'il rencontre dans le monde arabe un grand scepticisme».
Réconcilier l'OTAN et la défense européenne
La question du bouclier antimissile américain, qui menace de relancer une course mondiale à l'armement, constituait l'autre morceau de choix au menu de la rencontre. Sur ce point, Védrine s'est voulu attentiste, estimant que pour l'heure, «les conséquences politico-stratégiques n'apparaissent pas, (...) personne ne comprend très bien les bienfaits attendus d'un tel projet». Sur CNN, il a esquissé les contours d'une défense européenne tout en s'efforçant de ménager son homologue : «Les objectifs de l'Alliance atlantique et de la défense européenne pouvaient apparaître incompatibles par le passé, mais la France et la Grande Bretagne ont rapproché leurs positions». Il est possible, assure le ministre, de concilier les deux structures, «sans recréer en double ce qui existe déjà».
Le dossier macédonien a été l'occasion de célébrer «une grande identité de vue entre les Américains et l'Europe». «L'accord s'est fait très vite, très facilement», selon Hubert Védrine, pour condamner l'extrémisme albanais et proclamer un attachement commun à l'intégrité territoriale de la Macédoine. De la même façon, l'Union européenne et les Etats-Unis appellent le gouvernement macédonien à prendre des initiatives politiques pour une meilleure intégration de la communauté albanaise. Les deux puissances soutiennent ensemble l'armée macédonienne. Du point de vue européen, cette nouvelle crise a au moins l'avantage d'avoir mis entre parenthèse le désengagement annoncé des troupes américaines dans les Balkans.
Sur un sujet, Powell et Védrine ont semblé irréconciliables. «Quand on a à l'esprit l'extraordinaire gravité de la question du réchauffement du climat, a expliqué Hubert Védrine, on ne peut pas imaginer qu'un pays qui représente à lui seul 25 % des rejets de gaz à effet de serre dise simplement 'je m'en lave les mains'». C'est pourtant bien ce qu'a fait l'administration Bush, en signant l'arrêt de mort du protocole de Kyoto qui devait réguler les émissions de CO2. Face à Hubert Védrine, Colin Powell aurait toutefois reconnu «l'existence du problème», tout en «contestant radicalement les mécanismes envisagés pour y faire face.»
par Philippe Bolopion
Article publié le 29/03/2001