Etats-Unis
Bush fait appel à la foi comme remède social
Le nouveau président américain a créé un bureau chargé de distribuer des milliards de dollars aux organisations religieuses en lutte contre la drogue, l'alcoolisme et autres «maux sociaux». Cette initiative rend plus ténue la séparation entre l'Eglise et l'Etat. Elle risque d'être attaquée devant les tribunaux.
De notre correspondant à New York
George W. Bush avait promis durant sa campagne de «rallier les armées de la compassion». Dans cette «guerre sainte», le nouveau président vient de remporter une bataille, tout en assurant ses arrières. Pour dévoiler son nouveau cadeau aux organisations religieuses, il s'est entouré de dignitaires catholiques, protestants, juifs et musulmans. Histoire de suggérer qu'il n'entendait pas favoriser une religion (il est ardent méthodiste) en particulier. Sa dernière création : un bureau des initiatives confessionnelles et communautaires, chargé de financer sur les fonds fédéraux les organisations religieuses impliquées dans la lutte contre l'alcoolisme, la drogue, la violence domestique et autres problèmes sociaux.
Des cellules de coordination avec les organisations confessionnelles seront également instaurées dans les principaux ministères. La nouvelle structure sera dirigée par John J. Di Iulio Jr., un professeur de science politique à l'université de Pennsylvanie connu pour ses études sur la délinquance juvénile. Il a souvent vanté l'efficacité des organisations fondées sur la foi dans la lutte contre les dépendances. Son rôle sera d'aplanir les frontières légales qui s'opposent actuellement à la participation de groupes religieux à des programmes financés par le gouvernement fédéral. Une tâche délicate, qui risque de se heurter aux tribunaux que les opposants au projet promettent de saisir.
Désormais donc, les groupes religieux pourront bénéficier à égalité avec les organisations laïques des milliards de dollars dédiés à l'aide sociale. «Chacun dans cette pièce sait d'expérience qu'il y a encore des besoins énormes et une réelle souffrance dans l'ombre de la prospérité américaine, a expliqué George W. Bush. Des problèmes comme la dépendance, l'abandon, la violence des gangs, la violence domestique, la maladie mentale et les sans-abris (..) Notre conscience nous appelle à répondre». Ce bel exemple du fameux «conservatisme du c£ur» n'a pas empêché les critiques de fuser.
Acheter de la soupe, pas des bibles
Ainsi, certains estiment que les personnes en grande détresse seront rendues plus vulnérables à la coercition religieuse si elles veulent satisfaire leurs besoins élémentaires. Même si l'entourage de Bush promet que l'argent fédéral servira à acheter de la soupe et des vêtements, pas des bibles, les organisations religieuses ne pourront séparer l'aide aux plus démunis de leur vocation au prosélytisme. Pour d'autres, le gouvernement se décharge ainsi d'une de ses tâches élémentaires sur le dos d'organisations confessionnelles, sans moyens, sans formation, et sans obligation de se conformer aux standards de qualité des organisations laïques. Beaucoup pensent que Bush paie sa dette au lobby religieux qui a permis son élection.
De nombreuses questions restent pour l'instant sans réponse. Comment éviter une compétition entre les religions pour recevoir les fonds gouvernementaux ? Comment éliminer le prosélytisme des sectes ? Comment traiter à égalité les différentes religions ? De plus, certains membres du clergé voient dans ce rétablissement d'un lien entre l'Eglise et l'Etat une menace à leur liberté d'expression, d'action et de critique. Pour eux, George Bush a précisé : «Nous allons encourager les programmes communautaires et confessionnels sans changer leur mission. Nous les aiderons tous à changer les coeurs tout en restant impliqués dans le pluralisme». Les défenseurs du projet font valoir que les organisations religieuses sont les plus efficaces, par exemple pour sortir quelqu'un de la drogue ou de l'alcool.
«C'est un exemple supplémentaire d'un président qui semble penser qu'il est le pasteur du pays», a déclaré au Washington Post Barry Lynn, leader des Américains unis pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat. George Bush croit que la conversion religieuse est la solution à tous les problèmes. C'est son droit, mais il n'a pas le droit d'utiliser l'argent du contribuable pour convertir les autres.»
George W. Bush avait promis durant sa campagne de «rallier les armées de la compassion». Dans cette «guerre sainte», le nouveau président vient de remporter une bataille, tout en assurant ses arrières. Pour dévoiler son nouveau cadeau aux organisations religieuses, il s'est entouré de dignitaires catholiques, protestants, juifs et musulmans. Histoire de suggérer qu'il n'entendait pas favoriser une religion (il est ardent méthodiste) en particulier. Sa dernière création : un bureau des initiatives confessionnelles et communautaires, chargé de financer sur les fonds fédéraux les organisations religieuses impliquées dans la lutte contre l'alcoolisme, la drogue, la violence domestique et autres problèmes sociaux.
Des cellules de coordination avec les organisations confessionnelles seront également instaurées dans les principaux ministères. La nouvelle structure sera dirigée par John J. Di Iulio Jr., un professeur de science politique à l'université de Pennsylvanie connu pour ses études sur la délinquance juvénile. Il a souvent vanté l'efficacité des organisations fondées sur la foi dans la lutte contre les dépendances. Son rôle sera d'aplanir les frontières légales qui s'opposent actuellement à la participation de groupes religieux à des programmes financés par le gouvernement fédéral. Une tâche délicate, qui risque de se heurter aux tribunaux que les opposants au projet promettent de saisir.
Désormais donc, les groupes religieux pourront bénéficier à égalité avec les organisations laïques des milliards de dollars dédiés à l'aide sociale. «Chacun dans cette pièce sait d'expérience qu'il y a encore des besoins énormes et une réelle souffrance dans l'ombre de la prospérité américaine, a expliqué George W. Bush. Des problèmes comme la dépendance, l'abandon, la violence des gangs, la violence domestique, la maladie mentale et les sans-abris (..) Notre conscience nous appelle à répondre». Ce bel exemple du fameux «conservatisme du c£ur» n'a pas empêché les critiques de fuser.
Acheter de la soupe, pas des bibles
Ainsi, certains estiment que les personnes en grande détresse seront rendues plus vulnérables à la coercition religieuse si elles veulent satisfaire leurs besoins élémentaires. Même si l'entourage de Bush promet que l'argent fédéral servira à acheter de la soupe et des vêtements, pas des bibles, les organisations religieuses ne pourront séparer l'aide aux plus démunis de leur vocation au prosélytisme. Pour d'autres, le gouvernement se décharge ainsi d'une de ses tâches élémentaires sur le dos d'organisations confessionnelles, sans moyens, sans formation, et sans obligation de se conformer aux standards de qualité des organisations laïques. Beaucoup pensent que Bush paie sa dette au lobby religieux qui a permis son élection.
De nombreuses questions restent pour l'instant sans réponse. Comment éviter une compétition entre les religions pour recevoir les fonds gouvernementaux ? Comment éliminer le prosélytisme des sectes ? Comment traiter à égalité les différentes religions ? De plus, certains membres du clergé voient dans ce rétablissement d'un lien entre l'Eglise et l'Etat une menace à leur liberté d'expression, d'action et de critique. Pour eux, George Bush a précisé : «Nous allons encourager les programmes communautaires et confessionnels sans changer leur mission. Nous les aiderons tous à changer les coeurs tout en restant impliqués dans le pluralisme». Les défenseurs du projet font valoir que les organisations religieuses sont les plus efficaces, par exemple pour sortir quelqu'un de la drogue ou de l'alcool.
«C'est un exemple supplémentaire d'un président qui semble penser qu'il est le pasteur du pays», a déclaré au Washington Post Barry Lynn, leader des Américains unis pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat. George Bush croit que la conversion religieuse est la solution à tous les problèmes. C'est son droit, mais il n'a pas le droit d'utiliser l'argent du contribuable pour convertir les autres.»
par Philippe Bolopion
Article publié le 30/01/2001