Etats-Unis
Scènes d'émeutes raciales à Cincinnati
L'Etat d'urgence et un couvre-feu ont été décrétés dans cette ville plutôt calme de l'Ohio, après trois jours d'émeutes. La mort d'un jeune homme noir tué par un policier blanc à mis le feu aux poudres. C'était le 15e suspect Noir-américain tué par la police de Cincinnati depuis 1995.
De notre correspondant aux Etats-Unis
La ville est en quasi-état de guerre. Depuis jeudi, entre huit heures du soir et six heures du matin, les rues, les restaurants et les bars doivent être déserts. Jusqu'à nouvel ordre, personne n'est autorisé à sortir. Plus un taxi ne circule à la nuit tombée. Même la traditionnelle messe de minuit du vendredi saint n'aura pas lieu cette année. "Les citoyens sont fatigués, a expliqué le maire de Cincinnati Charles Luken. Les citoyens noirs sont fatigués, ils sont terrorisés dans leurs maisons. Les citoyens blancs sont fatigués, ils sont attaqués dans leurs voitures. Je crois que nous devons recourir à des mesures sans précédent, impensables il y a une semaine." Au cours de cette conférence de presse, Charles Luken a été interpellé par un homme noir, qui lui a demandé s'il était prêt à rencontrer un groupe appelé les "New black panthers", avant de le traiter de menteur et d'être expulsé de la salle.
Tout a commencé quand Timothy Thomas, un jeune homme noir de dix-neuf ans, a été tué par balles par un policier blanc de Cincinnati voilà une semaine. L'adolescent ne portait aucune arme, même si il était connu des services de police qui le recherchaient pour 14 délits mineurs, dont douze infractions au code de la route. L'officier Steve Roach a pris le garçon en chasse, avant de tirer une seule balle, fatale. Il aurait eu l'impression que la victime s'apprêtait à sortir une arme.
Ce drame a mis le feu aux poudres. Cincinnati est une ville de 300 000 habitants à l'intérieur des terres, à l'ouest de Washington. Sa population est afro-américaine à 43%. Le problème racial est rampant depuis des années, même si les autorités de la ville adoptaient jusque-là une attitude de déni. Ces dernières années, la communauté noire compte ses morts. Depuis 1995, 15 suspects afro-américains ont été tués par la police locale, dont quatre depuis le mois de novembre dernier. Aucun suspect blanc n'a été abattu ces six dernières années.
Un policier blessé par balle
Les violences ont enflammé la ville dès lundi dernier, alors que les parents de la victime étaient venues demander des explications au conseil municipal. Face au refus du maire et du chef de la police, le public en colère a investi la salle, avant de marcher sur le commissariat de police. Le reste n'est qu'une litanie d'incendies, de pillage de magasins, de vandalisme et d'émeutes, perpétrés le plus souvent par des groupes de jeunes à la fois noirs et blancs. Plusieurs automobilistes blancs ont également été battus. Les violences ont culminé dans la nuit de mercredi à jeudi quand un policier a été blessé par balle, ne devant la vie qu'à la boucle de sa ceinture qui a bloqué le projectile. La police a répondu par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes. 82 personnes ont été arrêtées, et une soixantaine d'autres ont été blessées, dont 25 sérieusement.
"Il y a beaucoup de frustration dans notre communauté, et c'est compréhensible, a concédé Charles Luken. Il y a eu beaucoup trop de morts entre les mains de la police." Le problème racial dans cette ville est "tout à fait réel et sérieux", a-t-il admis, ajoutant toutefois "nous ne pouvons tolérer l'anarchie". Il a donc décrété l'Etat d'urgence et le couvre-feu, sauf pour les personnes en mesure de prouver qu'elles se déplacent pour un motif professionnel. "Les autres devraient rester chez eux et prier", a estimé le maire. Il a évoqué la possibilité de faire appel aux gardes nationaux pour prendre la relève de sa police, épuisée. Ces scènes de violence ramènent l'Amérique près de dix ans en arrière, à Los Angeles. 51 personnes avaient alors péri dans les émeutes qui avaient suivi l'acquittement de quatre policiers blancs, filmés par un amateur alors qu'ils passaient à tabac l'automobiliste noir Rodney King.
La ville est en quasi-état de guerre. Depuis jeudi, entre huit heures du soir et six heures du matin, les rues, les restaurants et les bars doivent être déserts. Jusqu'à nouvel ordre, personne n'est autorisé à sortir. Plus un taxi ne circule à la nuit tombée. Même la traditionnelle messe de minuit du vendredi saint n'aura pas lieu cette année. "Les citoyens sont fatigués, a expliqué le maire de Cincinnati Charles Luken. Les citoyens noirs sont fatigués, ils sont terrorisés dans leurs maisons. Les citoyens blancs sont fatigués, ils sont attaqués dans leurs voitures. Je crois que nous devons recourir à des mesures sans précédent, impensables il y a une semaine." Au cours de cette conférence de presse, Charles Luken a été interpellé par un homme noir, qui lui a demandé s'il était prêt à rencontrer un groupe appelé les "New black panthers", avant de le traiter de menteur et d'être expulsé de la salle.
Tout a commencé quand Timothy Thomas, un jeune homme noir de dix-neuf ans, a été tué par balles par un policier blanc de Cincinnati voilà une semaine. L'adolescent ne portait aucune arme, même si il était connu des services de police qui le recherchaient pour 14 délits mineurs, dont douze infractions au code de la route. L'officier Steve Roach a pris le garçon en chasse, avant de tirer une seule balle, fatale. Il aurait eu l'impression que la victime s'apprêtait à sortir une arme.
Ce drame a mis le feu aux poudres. Cincinnati est une ville de 300 000 habitants à l'intérieur des terres, à l'ouest de Washington. Sa population est afro-américaine à 43%. Le problème racial est rampant depuis des années, même si les autorités de la ville adoptaient jusque-là une attitude de déni. Ces dernières années, la communauté noire compte ses morts. Depuis 1995, 15 suspects afro-américains ont été tués par la police locale, dont quatre depuis le mois de novembre dernier. Aucun suspect blanc n'a été abattu ces six dernières années.
Un policier blessé par balle
Les violences ont enflammé la ville dès lundi dernier, alors que les parents de la victime étaient venues demander des explications au conseil municipal. Face au refus du maire et du chef de la police, le public en colère a investi la salle, avant de marcher sur le commissariat de police. Le reste n'est qu'une litanie d'incendies, de pillage de magasins, de vandalisme et d'émeutes, perpétrés le plus souvent par des groupes de jeunes à la fois noirs et blancs. Plusieurs automobilistes blancs ont également été battus. Les violences ont culminé dans la nuit de mercredi à jeudi quand un policier a été blessé par balle, ne devant la vie qu'à la boucle de sa ceinture qui a bloqué le projectile. La police a répondu par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes. 82 personnes ont été arrêtées, et une soixantaine d'autres ont été blessées, dont 25 sérieusement.
"Il y a beaucoup de frustration dans notre communauté, et c'est compréhensible, a concédé Charles Luken. Il y a eu beaucoup trop de morts entre les mains de la police." Le problème racial dans cette ville est "tout à fait réel et sérieux", a-t-il admis, ajoutant toutefois "nous ne pouvons tolérer l'anarchie". Il a donc décrété l'Etat d'urgence et le couvre-feu, sauf pour les personnes en mesure de prouver qu'elles se déplacent pour un motif professionnel. "Les autres devraient rester chez eux et prier", a estimé le maire. Il a évoqué la possibilité de faire appel aux gardes nationaux pour prendre la relève de sa police, épuisée. Ces scènes de violence ramènent l'Amérique près de dix ans en arrière, à Los Angeles. 51 personnes avaient alors péri dans les émeutes qui avaient suivi l'acquittement de quatre policiers blancs, filmés par un amateur alors qu'ils passaient à tabac l'automobiliste noir Rodney King.
par Philippe Bolopion
Article publié le 13/04/2001