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Corruption

Palmarès 2001 de Transparency international

Près des deux tiers des 91 pays examinés par Transparency international n'obtiennent pas la moyenne à l'indice de perception de la corruption pour 2001. La pratique des pots-de-vin dans les services publics ou la classe politique touche les pays pauvres ou en transition, mais pas seulement. De plus, les efforts des gouvernements de certains pays mal classés, tel le Nigeria, ne sont pas payants à court terme.
En tête comme en queue de peloton du classement selon l'indice de perception de la corruption 2001 de Transparency international, la hiérarchie est respectée par rapport à 2000, pour employer un vocabulaire sportif. Comme l'année dernière, Finlande, Danemark, Nouvelle-Zélande et Suède obtiennent des notes situées entre 9 et 9,9 sur 10. Mais Islande et Singapour rejoignent le groupe des «bons élèves». A l'autre bout du classement on retrouve, avec des notes de 2 sur 10 ou moins, comme en 2000, Azerbaïdjan et Cameroun (84ème ex-aequo sur 91) et Nigeria (90ème avec une note de 1 sur 10) mais aussi Bolivie, Kenya, Indonésie, Ouganda. La dernière place est occupée cette année par le Bangladesh qui fait encore moins bien que le Nigeria, dernier en 2000.

Ce tableau d'honneur ne constitue pas la performance objective d'un pays en matière d'intégrité mais l'appréciation de la transparence qui prévaut dans les rapports avec l'administration et les hommes politiques de ce pays, telle que perçue par les hommes d'affaires, les universitaires et les analystes du risque-pays. Transparency international, ONG de lutte contre la corruption, justifie sa méthode par l'impossibilité de se baser sur des données factuelles et comparables d'un pays à l'autre, comme le nombre de poursuites judiciaires ou de procès.

Des efforts mal récompensés

C'est pourquoi l'analyse qui accompagne la liste des 91 pays examinés par Transparency introduit des subtilités. Par exemple, le score réalisé par la plupart des pays industrialisés peut être considéré comme élevé, sauf que, précise Transparency, «il ne rend pas compte de paiements occultes destinés au financement des campagnes électorales, de la complicité des banques dans le blanchiment d'argent ni de la corruption due aux multinationales». NuanceàPeter Eigen, président de Transparency international rappelle le scandale du financement des élections municipales à Berlin, l'amnistie accordée par le président Bush à des proches ayant financé son parti ou la condamnation de Roland Dumas dans l'affaire Elf. Ainsi, le Luxembourg est en 9ème position et la Suisse en 12ème. Les Etats-Unis et Israël figurent ensemble en 16ème position, le Royaume-Uni en 13ème , la France en 23ème place. Les pays de l'Union européenne obtiennent tous la moyenne, à l'exception de la Grêce en 42ème place avec une note de 4,2, comme la Corée du Sud.

La perception de la corruption est très élevée dans les pays en transition de l'ex-URSS, Russie (79ème), Ukraine (83ème), et d'Europe centrale et orientale. Certains pays très mal classés en 2000 n'ont pu figurer dans l'indice 2001, faute de donnée assez précises, comme le Mozambique, l'Angola ou la Yougoslavie. Cela n'implique pas que la situation s'y soit améliorée. D'ailleurs, par rapport à l'an 2000, des pays voient leur score se dégrader comme le Malawi, la Bolivie, la Grèce et la Norvège. En revanche, Transparency note une progression en Israël, Italie, Colombie, Belgique et Japon.

Améliorer la perception du monde extérieur sur le degré de corruption dans un pays est un effort de longue haleine. La récompense n'intervient qu'au bout de plusieurs années. Ainsi, la détermination de certains gouvernements à lancer des programmes de grande ampleur contre la corruption est saluée par les experts de Transparency international, mais ne se traduit pas encore dans la notation. C'est le cas du Nigeria, du Mexique et des Philippines. D'autant, souligne Mame Adama Gueye, président de la section sénégalaise de Transparency, que l'alternance au pouvoir ne suffit pas, comme en témoigne la modeste 65ème place de son pays.

Pour en savoir plus : www.transparency.org



par Francine  Quentin

Article publié le 27/06/2001