Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Football

Du rififi à la FIFA

Sale temps pour Sepp Blatter. Le Président de la FIFA a beau s'expliquer sur la faillite de la société ISMM-ISL qui gérait les droits commerciaux de la fédération internationale, certains se disent persuadés qu'il en dit moins qu'il ne sait. De plus, il vient d'être condamné pour diffamation par la justice allemande, après une plainte de la fille du fondateur d'ISL, Horst Dassler.
La hache de guerre est déterrée entre le président de l'Union Européenne, Lennart Johansson, et le patron de la FIFA, Sepp Blatter. On croyait que le duel qui les avait opposés en 1998 pour la succession de Joao Havelange appartenit à l'histoire, apparemment ce n'est pas le cas. La faillite d'ISL, partenaire de très longue date de la FIFA, vient d'être l'occasion d'une sévère passe d'armes entre les deux hommes. Sepp Blatter avait convoqué le 13 juin un comité exécutif extraordinaire.

Initialement, il aurait dû se tenir la veille, mais la plupart des membres étaient encore dans les avions qui les ramenaient du Japon où ils avaient assisté à la finale de la Coupe des Confédérations. Ce décalage de vingt-quatre heures ne convenait pas à Johansson qui avait pris rendez-vous depuis longtemps pour un bilan médical, à la date du 13 juin. Il avait suggéré de déplacer le comité exécutif au 15, ce qui lui fut refusé. Absent physiquement, le Suédois se retrouva très présent lors de la réunion de Zurich, pour avoir préalablement déposé une série de vingt-cinq questions, dont certaines embarassantes sinon déstabilisantes, à Sepp Blatter. Questions qui concernaient, en particulier, les termes financiers des différents accords avec ISL, sur certains versements anticipés de droits de télévision pour 2002 qui auraient été détournés vers des comptes bancaires secrets au Liechtenstein. Mais pas seulement...

Existe-t-il un organigramme détaillé de la FIFA ?

Lennart Johansson et avec lui l'organisation qu'il préside, l'UEFA, la plus puissante des confédérations continentales, réclamaient des explications sur le niveau de salaire du président de la FIFA ainsi que sur la désignation et sur les salaires de ses différents conseillers. La dernière des vingt-cinq questions soumises à Sepp Blatter était ainsi libellée : «pouvez-vous fournir un organigramme détaillé de l'organisation de la FIFA, y compris la liste complète des conseillers du président, leurs rôles, leurs fonctions et leurs revenus ?»

Placé sur la sellette, l'actuel président de la FIFA, qui fut aussi des années durant secrétaire-général de l'organisation avant d'accéder à la magistrature suprême, vient de se voir condamné pour diffamation par un tribunal de Berlin. Il avait, dans un entretien au Berliner Zeitung paru le 30 mai, affirmé qu'un compte occulte du groupe ISL avait été créé au Liechtenstein par la famille Dassler, fondatrice d'Adidas et et du groupe en question.C'était un compte ISL et non pas un compte Dassler a répliqué la justice allemande. Selon le magazine suisse-allemand Bilzanz, d'après le témoignage d'ex-cadres licenciés au lendemain de la faillite d'ISL,ce compte aurait servi, entre autre, à verser des dessous de table à de hauts responsables du sport international.

Sous-entendus et règlements de comptes sont au menu de la «grande famille» du football. Nul ne sait qui sortira vainqueur d'une bataille qui risque de laisser du monde au tapis. Personne ne peut dire si Sepp Blatter sera en mesure de solliciter un nouveau mandat de quatre ans en 2002. Personne ne sait davantage ce qui va se passer lors du prochain congrès de la FIFA qui se déroulera début juillet à Buenos Aires. En tout cas, deux ans après le scandale du CIO, c'est désormais l'autre géant du monde sportif qui se trouve en accusation.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 15/06/2001