Congo démocratique
«Il était temps que les Ougandais s'en aillent!»
Des accrochages ont opposé ce mercredi des soldats ougandais et des miliciens interhamwe rwandais, près des frontières qui séparent le Congo démocratique, l'Ouganda et le Rwanda, dans la localité de Kisoro. Alors que le retrait annoncé de l'armée ougandaise a bien commencé. Sans fanfare.
De notre envoyé spécial en RDC
Autrefois, un important carrefour dans le nord-est de la République démocratique du Congo, la ville d'Isiro s'est comme endormie. Les routes qui permettaient auparavant à ses habitants de faire du commerce avec le Soudan, l'Ouganda et le Centrafrique sont devenues impraticables. Depuis plus de deux ans, les rares avions qui empruntent encore l'aéroport d'Isiro sont pour la plupart des Iliouchine loués à des équipages russes ou Ukrainiens par l'armée ougandaise. Depuis quelques semaines, un bi-moteur de la mission des Nations-unies au Congo fait également un vol hebdomadaire pour ravitailler ses trois représentants déployés sur place.
«Ils ne nous laissent rien. Pas une arme»
Livrée à elle-même, la population d'Isiro s'est vouée à une agriculture de subsistance. Les plus jeunes creusent la terre à la recherche d'or ou de diamants. Les quelques 250 militaires ougandais qui occupaient la ville depuis août 1998 sont partis, fin mai, sans fanfare, apportant avec eux un vieux camion aux pneus crevés, une batterie antiaérienne et des caisses de munitions, parmi lesquelles, certaines dataient d'avant l'indépendance du Congo.
«Ils ne nous laissent rien. Pas une arme», se lamente le commandant Fabien, qui dirige le bataillon du Front de libération du Congo (FLC) de Jean-Pierre Bemba. Ses militaires, dont certains n'ont pas 14 ans, sont effectivement bien piteux. Leurs uniformes sont dépareillés. Certains ont des papiers qui sortent des poches. Le commandant Fabien donne ses ordres avec le manche d'un parapluie.
«La population est ravie du départ des Ougandais. Elle attribuait tous ses malheurs à leur seule présence», commente un représentant tunisien de la Mission d'observation des Nations-unies en République démocratique du Congo (Monuc).«Désormais, ils se retrouvent entre congolais. Mais il n'est pas certain que les militaires du Front de libération des congolais seront meilleurs avec eux: ils n'ont pas la discipline de l'armée ougandaise», s'inquiète-t-il.
La population d'Isiro ne partage pas son inquiétude. Avec le départ précipité de l'armée ougandaise, un peu de fierté est retrouvée. «Il était temps qu'ils partent. Nous sommes soulagés», confie un vieil homme au regard vif. Le mois dernier, à Betongwe, une localité située à environ 170 km d'Isiro, un militaire ougandais avait été tué par un militaire congolais, «pour une histoire de femme», confie le commandant Fabien. Les Ougandais ont tué deux Congolais en représailles. Depuis ces meurtres, la tension était montée dans la région. Mais la joie des Congolais de voir partir l'armée ougandaise a été ternie par la présence sur l'aéroport d'Isiro de nombreuses jeunes filles congolaises, la plupart avec des nouveau-nés, venus accompagner les militaires ougandais dans l'espoir qu'il les amène avec eux, en Ouganda.
Selon le major Katirima, porte-parole de l'armée ougandaise, les troupes ougandaises doivent se retirer de neuf autres localités en République Démocratique du Congo avant le 18 juin prochain. «Nous allons laisser un bataillon à Buta (Nord), un autre à Bunia (Nord-Est) ainsi que des troupes sur le versant congolais des montagnes Rwenzori, jusqu'au déploiement des troupes des Nations-unies», précise-t-il.
Les villes de Buta et de Bunia, situées au c£ur de régions riches en minerais, ont de bons aéroports. Quant aux montagnes Rwenzori, elles servent depuis des années de repère à différents mouvements rebelles ougandais ou congolais. L'armée ougandaise y poursuit les derniers rebelles des Forces alliées démocratiques dont l'existence avait servi de motif officiel pour sa seconde invasion du Congo démocratique, en août 1998. Quant aux troupes du FLC de Jean Pierre Bemba, elles continueront de recevoir des formations militaires en Ouganda. L'armée ougandaise se retire donc des territoires occupés mais sans relâcher totalement son emprise.
Autrefois, un important carrefour dans le nord-est de la République démocratique du Congo, la ville d'Isiro s'est comme endormie. Les routes qui permettaient auparavant à ses habitants de faire du commerce avec le Soudan, l'Ouganda et le Centrafrique sont devenues impraticables. Depuis plus de deux ans, les rares avions qui empruntent encore l'aéroport d'Isiro sont pour la plupart des Iliouchine loués à des équipages russes ou Ukrainiens par l'armée ougandaise. Depuis quelques semaines, un bi-moteur de la mission des Nations-unies au Congo fait également un vol hebdomadaire pour ravitailler ses trois représentants déployés sur place.
«Ils ne nous laissent rien. Pas une arme»
Livrée à elle-même, la population d'Isiro s'est vouée à une agriculture de subsistance. Les plus jeunes creusent la terre à la recherche d'or ou de diamants. Les quelques 250 militaires ougandais qui occupaient la ville depuis août 1998 sont partis, fin mai, sans fanfare, apportant avec eux un vieux camion aux pneus crevés, une batterie antiaérienne et des caisses de munitions, parmi lesquelles, certaines dataient d'avant l'indépendance du Congo.
«Ils ne nous laissent rien. Pas une arme», se lamente le commandant Fabien, qui dirige le bataillon du Front de libération du Congo (FLC) de Jean-Pierre Bemba. Ses militaires, dont certains n'ont pas 14 ans, sont effectivement bien piteux. Leurs uniformes sont dépareillés. Certains ont des papiers qui sortent des poches. Le commandant Fabien donne ses ordres avec le manche d'un parapluie.
«La population est ravie du départ des Ougandais. Elle attribuait tous ses malheurs à leur seule présence», commente un représentant tunisien de la Mission d'observation des Nations-unies en République démocratique du Congo (Monuc).«Désormais, ils se retrouvent entre congolais. Mais il n'est pas certain que les militaires du Front de libération des congolais seront meilleurs avec eux: ils n'ont pas la discipline de l'armée ougandaise», s'inquiète-t-il.
La population d'Isiro ne partage pas son inquiétude. Avec le départ précipité de l'armée ougandaise, un peu de fierté est retrouvée. «Il était temps qu'ils partent. Nous sommes soulagés», confie un vieil homme au regard vif. Le mois dernier, à Betongwe, une localité située à environ 170 km d'Isiro, un militaire ougandais avait été tué par un militaire congolais, «pour une histoire de femme», confie le commandant Fabien. Les Ougandais ont tué deux Congolais en représailles. Depuis ces meurtres, la tension était montée dans la région. Mais la joie des Congolais de voir partir l'armée ougandaise a été ternie par la présence sur l'aéroport d'Isiro de nombreuses jeunes filles congolaises, la plupart avec des nouveau-nés, venus accompagner les militaires ougandais dans l'espoir qu'il les amène avec eux, en Ouganda.
Selon le major Katirima, porte-parole de l'armée ougandaise, les troupes ougandaises doivent se retirer de neuf autres localités en République Démocratique du Congo avant le 18 juin prochain. «Nous allons laisser un bataillon à Buta (Nord), un autre à Bunia (Nord-Est) ainsi que des troupes sur le versant congolais des montagnes Rwenzori, jusqu'au déploiement des troupes des Nations-unies», précise-t-il.
Les villes de Buta et de Bunia, situées au c£ur de régions riches en minerais, ont de bons aéroports. Quant aux montagnes Rwenzori, elles servent depuis des années de repère à différents mouvements rebelles ougandais ou congolais. L'armée ougandaise y poursuit les derniers rebelles des Forces alliées démocratiques dont l'existence avait servi de motif officiel pour sa seconde invasion du Congo démocratique, en août 1998. Quant aux troupes du FLC de Jean Pierre Bemba, elles continueront de recevoir des formations militaires en Ouganda. L'armée ougandaise se retire donc des territoires occupés mais sans relâcher totalement son emprise.
par Gabriel Kahn
Article publié le 01/06/2001