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Congo démocratique

Tshisekedi est rentré à Kinshasa

L'opposant congolais le plus connu, Etienne Tshisekedi, est rentré, sain et sauf, à Kinshasa ce lundi 23 avril, après seize mois passés à l'étranger. Alors que le « dialogue intercongolais » n'a toujours pas commencé.
L'opposant le plus connu Etienne Tshisekedi est rentré à Kinshasa ce lundi 23 avril, sain et sauf, après seize mois passés à l'étranger. La veille, l'UDPS (Union pur la démocratie et le progrès social) avait affirmé craindre une tentative « d'élimination » de son leader. Ce parti d'opposition avait même dénoncé « une stratégie machiavélique » visant à saboter l'accueil de son président. « Des comités de pouvoir populaire (CPP) et des milices politiques ont été mobilisés pour lancer des pierres et se livrer à des provocations, et la réponse des militants de l'UDPS justifierait l'intervention des forces de l'ordre, voir l'élimination physique d'Etienne Tshisekedi », avait précisé l'UDPS, avant de s'attaquer au gouverneur de Kinshasa, Muzungu, et au directeur de cabinet du président Joseph Kabila, le professeur Théophile Mbemba.

C'est sans doute pour faire face à toute éventuelle provocation qu'un imposant service de sécurité a été déployé pour l'occasion à l'aéroport international de Kinshasa, tenant notamment les journalistes à l'écart. A sa descente d'avion Etienne Tshisekedi a été accueilli par une délégation de la direction de son parti; ensuite il a pris la direction de la résidence kinoise, dans le quartier de Limete.

Tshisekedi devrait rencontrer Joseph Kabila

En annonçant sa décision de rentrer à Kinshasa, le président de l'UDPS avait clairement indiqué qu'il comptait prendre toute sa place dans la préparation et la tenue du fameux «dialogue intercongolais». Pour cela son premier geste politique devrait être, dans quelques jours, une rencontre officielle avec le président Joseph Kabila, qui a succédé à son père le 26 janvier dernier. Un geste très politique qui vaut reconnaissance de fait de la légitimité d'un président qui doit sa place à l'entourage immédiat de son père, mais qui bénéficie désormais du soutien ouvert de tous les pays occidentaux et de l'ONU.

Le dialogue intercongolais devrait débuter dès le mois prochain et est censé aboutir à un « nouvel ordre politique » qui pourrait faire grincer des dents, du côté gouvernemental comme du côté de la « rébellion », de l'opposition non armée et de la société civile. Des dizaines de partis ou mouvements politiques - dont il est impossible d'évaluer l'audience réelle - voudraient participer à ce forum, dans le but évident de prendre date en vue de la constitution du futur gouvernement de transition qui sera chargé de mener la RDC à de véritables élections démocratiques. L'organisation de ce dialogue a été confiée à l'ancien président botswanais Ketumile Masire, qui a été désigné « facilitateur » du dialogue et qui depuis plusieurs semaines ne cesse de prendre des contacts avec tous ceux qui voudraient y participer.

Figure emblématique du Congo démocratique, comme du Zaïre d'autrefois, Etienne Tshisekedi est un opposant historique du maréchal Mobutu ; mais il avait également rompu avec son successeur, Laurent-Désiré Kabila, qui avait interdit les activités politiques de tous les partis et s'en était pris tout particulièrement au leader de l'UDPS. Arrêté, il avait été relégué plusieurs mois dans son village natal du Kasaï, avant de rentrer dans la capitale Kinshasa. En décembre 1999, Tshisekedi avait quitté la RDC pour l'Afrique du sud, où il a subi une intervention chirurgicale aux yeux, avant de se rendre en Europe, et notamment en Belgique, où il a séjourné ces derniers mois.

Etienne Tsisekedi a été surtout le premier ministre que la conférence nationale du pays s'est donnée, avant le début de la guerre, en 1996, et la fin du régime mobutiste. Pour cela aussi il demeure l'une des personnalités incontournables, et ce d'autant plus qu'il a constamment refusé de s'engager dans l'opposition armée, et continue de bénéficier - contrairement au jeune président Joseph Kabila - du soutien d'un véritable parti politique implanté presque partout dans le pays.



par Elio  Comarin

Article publié le 23/04/2001