Congo démocratique
L'Ouganda affirme ne pas piller le Congo
Kampala accuse les Nations unies de vouloir «saper les accords de paix». Le régime ougandais réagi vivement après avoir été sévèrement mis en cause dans le rapport des experts de l'ONU sur le pillage des ressources en RD Congo.
Accusé de pillage systématique dans les territoires qu'il occupe en République Démocratique du Congo par le rapport du Groupe d'experts des Nations unies rendu public le 16 avril dernier, l'Ouganda a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de refaire sa copie. Dans un communiqué, le ministre à la présidence ougandais, Ruhakana Rungunda reproche à ce rapport d'être imprécis et surtout de manquer d'objectivité. «L'Ouganda est prêt à soutenir les efforts du conseil de sécurité à condition...que la mission d'enquête soit élargie à d'autres membres et devienne plus représentative», souligne-t-il.
L'Ouganda voit dans ce rapport une main politique, sinon une volonté délibérée de briser le processus de paix en cours. Selon le Dr Rungunda, «Le groupe (d'experts des Nations unies) semble faire partie d'un vaste stratagème pour saper les l'accord de paix de Lusaka qui commencent à se concrétiser». Il existe clairement une différence d'interprétation du terme d'«exploitation illégale», par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, qui occupent depuis 1996 une partie de la RDC et les experts des Nations Unies. Pour ces derniers, est illégale toute exploitation de ressources faite en «violation de la souveraineté d'un Etat».
Dans leur rapport rédigé à l'issu d'une enquête de 6 mois, les cinq experts mandatés par le conseil de sécurité des Nations unies pour en particulier «étudier et analyser les liens existant entre l'exploitation des ressources naturelles et autres richesses du pays et la poursuite du conflit en République démocratique du Congo», concluent donc que «la confiscation et l'exploitation directe des richesses par le Rwanda, le Burundi et le Congo ont atteint des proportions telles que la guerre en République démocratique du Congo est devenue une «affaire» très lucrative».
Les bonnes affaires
des belligérants
«Entre septembre 1998 et août 1999, les zones occupées de la République démocratique du Congo ont été dépouillées de tous leurs stocks : stocks de minerais, de produits agricoles et forestiers et de bétailàIl semble qu'on s'y soit également emparé, entre autres choses, de voitures, car les statistiques d'immatriculation en Ouganda ont augmenté de 25 % en 1999», remarque le groupe d'expert des Nations unies.
Si l'Ouganda ainsi que le Rwanda et le Burundi ont toujours mis en avant des raisons sécuritaires pour justifier leur invasion conjointe du Congo Démocratique, le rapport des Nations Unies y voit essentiellement de l'avidité. «Des nombreux récits entendus à Kampala, il ressort que les partisans de la décision de s'engager dans le conflit en août 1998 se recrutaient parmi les officiers supérieurs qui avaient servi dans l'est du Zaïre pendant la première guerre et qui avaient déjà une idée des bonnes affaires que l'on pouvait réaliser dans la région», dénonce le rapport.
«Certains témoins clefs, qui avaient servi dans les premiers mois du conflit dans les rangs de la faction rebelle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), ont dit que les forces ougandaises se tenaient prêtes à entrer dans le pays et à occuper les régions dans lesquelles étaient situées les mines d'or et de diamants», ajoute-t-il. Des personnages proche du président ougandais sont cités comme étant en première ligne de ce pillage organisé, notamment le frère et le fils aîné du Président Museveni. Selon les enquêteurs, ils se seraient rendus dans les régions occupées en RDC «quelques mois avant que n'éclate la guerre de 1998».
A de telles accusations, les trois pays impliqués rétorquent en c£ur que ces affaires font partie d'un commerce «normal». «Le groupe qualifie d'exploitation de la RDC par l'Ouganda tout commerce entre les Ougandais et les Congolais. Un tel commerce a pourtant eu lieu depuis des temps immémoriaux pour le bénéfice mutuel des deux peuples», s'étonne le Dr Rungunda dans son communiqué. Pour l'Ouganda, le président Kabila est illégitime. Il est donc «normal» de faire du commerce avec les mouvements armés qui occupent l'Est et le Nord de la RDC.
Le désaccord entre le gouvernement ougandais et le rapport des Nations unies porte sur le fond. En effet, là où les nations unies voient une occupation du Congo Démocratique, l'Ouganda parle de «territoires libérés». S'il existe des débordements û le rapport des Nations unies cite la destruction de la faune et de la flore dans les territoires occupés ainsi que la fabrication de fausse monnaie û le gouvernement ougandais affirme qu'il fera sa propre enquête et «punira les coupables».
A Kampala, les principaux quotidiens ont largement publié le rapport des nations unies. Les informations qu'ils contiennent étaient déjà en partie connue. Le débat qu'il suscite porte donc moins sur la réalité des pillages commis par l'Ouganda au Congo Démocratiques que sur les conséquences éventuelles de la publication d'un tel rapport pour le pouvoir en place.
L'Ouganda voit dans ce rapport une main politique, sinon une volonté délibérée de briser le processus de paix en cours. Selon le Dr Rungunda, «Le groupe (d'experts des Nations unies) semble faire partie d'un vaste stratagème pour saper les l'accord de paix de Lusaka qui commencent à se concrétiser». Il existe clairement une différence d'interprétation du terme d'«exploitation illégale», par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, qui occupent depuis 1996 une partie de la RDC et les experts des Nations Unies. Pour ces derniers, est illégale toute exploitation de ressources faite en «violation de la souveraineté d'un Etat».
Dans leur rapport rédigé à l'issu d'une enquête de 6 mois, les cinq experts mandatés par le conseil de sécurité des Nations unies pour en particulier «étudier et analyser les liens existant entre l'exploitation des ressources naturelles et autres richesses du pays et la poursuite du conflit en République démocratique du Congo», concluent donc que «la confiscation et l'exploitation directe des richesses par le Rwanda, le Burundi et le Congo ont atteint des proportions telles que la guerre en République démocratique du Congo est devenue une «affaire» très lucrative».
Les bonnes affaires
des belligérants
«Entre septembre 1998 et août 1999, les zones occupées de la République démocratique du Congo ont été dépouillées de tous leurs stocks : stocks de minerais, de produits agricoles et forestiers et de bétailàIl semble qu'on s'y soit également emparé, entre autres choses, de voitures, car les statistiques d'immatriculation en Ouganda ont augmenté de 25 % en 1999», remarque le groupe d'expert des Nations unies.
Si l'Ouganda ainsi que le Rwanda et le Burundi ont toujours mis en avant des raisons sécuritaires pour justifier leur invasion conjointe du Congo Démocratique, le rapport des Nations Unies y voit essentiellement de l'avidité. «Des nombreux récits entendus à Kampala, il ressort que les partisans de la décision de s'engager dans le conflit en août 1998 se recrutaient parmi les officiers supérieurs qui avaient servi dans l'est du Zaïre pendant la première guerre et qui avaient déjà une idée des bonnes affaires que l'on pouvait réaliser dans la région», dénonce le rapport.
«Certains témoins clefs, qui avaient servi dans les premiers mois du conflit dans les rangs de la faction rebelle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), ont dit que les forces ougandaises se tenaient prêtes à entrer dans le pays et à occuper les régions dans lesquelles étaient situées les mines d'or et de diamants», ajoute-t-il. Des personnages proche du président ougandais sont cités comme étant en première ligne de ce pillage organisé, notamment le frère et le fils aîné du Président Museveni. Selon les enquêteurs, ils se seraient rendus dans les régions occupées en RDC «quelques mois avant que n'éclate la guerre de 1998».
A de telles accusations, les trois pays impliqués rétorquent en c£ur que ces affaires font partie d'un commerce «normal». «Le groupe qualifie d'exploitation de la RDC par l'Ouganda tout commerce entre les Ougandais et les Congolais. Un tel commerce a pourtant eu lieu depuis des temps immémoriaux pour le bénéfice mutuel des deux peuples», s'étonne le Dr Rungunda dans son communiqué. Pour l'Ouganda, le président Kabila est illégitime. Il est donc «normal» de faire du commerce avec les mouvements armés qui occupent l'Est et le Nord de la RDC.
Le désaccord entre le gouvernement ougandais et le rapport des Nations unies porte sur le fond. En effet, là où les nations unies voient une occupation du Congo Démocratique, l'Ouganda parle de «territoires libérés». S'il existe des débordements û le rapport des Nations unies cite la destruction de la faune et de la flore dans les territoires occupés ainsi que la fabrication de fausse monnaie û le gouvernement ougandais affirme qu'il fera sa propre enquête et «punira les coupables».
A Kampala, les principaux quotidiens ont largement publié le rapport des nations unies. Les informations qu'ils contiennent étaient déjà en partie connue. Le débat qu'il suscite porte donc moins sur la réalité des pillages commis par l'Ouganda au Congo Démocratiques que sur les conséquences éventuelles de la publication d'un tel rapport pour le pouvoir en place.
par Gabriel Kahn
Article publié le 20/04/2001