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Développement

Taxer la «fuite des cerveaux»

Les pays victimes de la «fuite des cerveaux» mettent en place des stratégies favorisant le maintien des liens avec le pays d'origine ou le retour, à terme, des émigrés hautement qualifiés. Pour récupérer la mise de fonds de la formation initiale des expatriés certains préconisent même une taxation des mouvements de «capital humain», à l'image de la taxe Tobin souhaitée par ceux qui s'opposent aux mouvements de capitaux financiers spéculatifs.
Il est vain, pour un pays en développement, de chercher à retenir des scientifiques, ingénieurs et techniciens très diplômés quand les salaires et conditions de vie proposés dans les pays riches sont très supérieurs. Par exemple, le Pnud évalue à 100 000 les ressortissants indiens, essentiellement des informaticiens, en partance pour les Etats-Unis chaque année. Outre la perte de matière grise pour ce pays, la fuite des cerveaux lui coûte de l'ordre de 2 milliards de dollars par an en frais de formation.

Les pays concernés par cette émigration intellectuelle tentent de trouver des moyens d'enrayer les conséquences du phénomène. En Inde, tout repose sur la mobilisation de la communauté émigrée en faveur du pays. Les Indiens qualifiés installés à l'étranger investissent dans leur pays natal en collectant des fonds et en finançant des établissements d'enseignement supérieur ou des entreprises technologiques.

Des salaires comparables

Dans des pays comme la Corée et Taiwan, l'objectif est de retenir les éventuels candidats au départ et de faire rentrer les autres. Cette politique a également un coût: mise en place d'un organisme public jouant le rôle d'agence pour l'emploi à Taiwan, amélioration des conditions de recherche dans les établissements et instituts scientifiques coréens. Les deux pays proposent également des salaires comparables à ceux pratiqués à l'étranger. Pour ceux qui hésitent encore à rentrer, un statut intermédiaire et provisoire d'enseignants extérieurs a été instauré. Entre les années 60 et les années 80 ces mesures ainsi que l'amélioration des perspectives économiques de la Corée ont sensiblement amélioré le retour des diplômés.

En Afrique, les conditions économiques et politiques accélèrent les départs des personnes qualifiées et empêchent leur retour éventuel. Un programme international pour le retour des ressortissants africains et leur réintégration s'est soldé par un échec. A peine plus d'une centaine de «cerveaux» par an souhaitent en bénéficier. Le solde départs-retours ne semble pas prêt de s'inverser.

Sans se faire trop d'illusions dans un avenir proche, le rapport 2001 du Pnud fait état de propositions de taxation des mouvements de «capital humain» en faveur des pays qui perdent des personnels formés. Il s'agit par exemple, d'une taxe de sortie versée par l'expatrié ou son employeur étranger au moment de la délivrance du visa, une taxe forfaitaire sur les rémunérations versées à l'étranger, l'imposition dans le pays d'origine et non dans le pays de résidence, l'obligation de rembourser les frais de formation quand le diplômé décide de quitter le pays où il a fait ses études.



par Francine  Quentin

Article publié le 11/07/2001