Nigeria
Une «sorcière» de 13 ans avoue 51 meurtres
Une adolescente de 13 ans a été arrêtée dans le nord-est du Nigeria après le meurtre d'un bébé de deux ans. Devant les policiers, elle a avoué avoir commis 51 meurtres dont celui de son père. Elle affirme appartenir à une secte.
De notre correspondant régional
Jummayi Hassan n'a que 13 ans. Depuis le 17 juillet 2001, elle est devenue l'une des plus jeunes détenues du Nigeria. Au nom d'une secte basée à Lagos, elle a commis 51 crimes rituels. Elle a tué simplement avec une «poudre magique». Une arme fatale remise aux adeptes par un gourou Haoussa nommé Emmanuel. La collégienne de Maïduguri, en formation dans une école militaire du nord-est du Nigeria, était déjà fichée par la police nigériane pour avoir allumé un incendie criminel et précipité une adolescente dans une fosse. Cependant, par deux fois, Jummayi a réussi à échapper aux condamnations qui l'attendaient.
Lorsque le petit Joseph Ibro, nourrisson de deux ans a disparu début juillet à Maïduguri, la police nigériane s'est mobilisée pour le retrouver. Le 17 juillet, l'étau se resserre autour de l'adolescente du collège militaire. A la stupéfaction générale, Jummayi passe aux aveux et reconnaît l'assassinat du petit Joseph. Elle conduit la police vers une tombe où elle a enseveli le nourrisson de deux ans. Le corps en état de décomposition est exhumé.
La police doit se rendre à l'évidence rapidement, Jummayi n'en est pas à son coup d'essai. En fait, il s'agit d'une tueuse en série qui avoue: «Je suis bien l'assassin du petit Joseph. Il est ma 51ème victime. Je tue, sur ordre, des personnes indiquées par un Haoussa appelé Emmanuel qui est le gourou d'une secte de Lagos à laquelle j'appartiens. Nous avons des pouvoirs surnaturels. Nous tenons des réunions nocturnes à Lagos où je me rends par l'esprit. Mon corps lui reste sur place. C'est avec une poudre que nous tuons. Il suffit que cette poudre touche quelqu'un pour qu'il meure. Après le décès de la personne, nous récupérons son coeur. L'une de mes premières victimes est mon propre père. J'avais 6 ans quand je l'ai tué parce qu'il constituait un obstacle à l'exécution de ma grand-mère».
L'autre facette du Nigeria : la sorcellerie
A travers le récit de Jummayi apparaît l'autre facette du Nigeria réputé pour ses juju (entendez gri-gri), autrement dit la sorcellerie. Dans le pays, on ne décède jamais de mort naturelle. Il y a, derrière chaque décès, une main obscure qui a tué. Quand ce n'est pas la tante du défunt, c'est un oncle, une grand-mère, un grand-père ou un jaloux qui a lancé les sorciers à ses trousses pour arrêter son ascension sociale et mettre fin à sa vie.
A Bonou une ville du sud-est du Bénin, Dah Alodji, octogénaire au crâne nu chaussant d'épaisses loupes, est un guérisseur qui fait trembler tous les sorciers de la localité. Depuis une vingtaine d'années, il mène un combat anti-sorcellerie et sa grande cour, qui à longueur de journée vit une animation ininterrompue, héberge des sorciers repentis et neutralisés.
Sur la sorcellerie, Dah Alodji (chef de collectivité) a élaboré un document d'une cinquantaine de pages qui raconte ses expériences, la traque des sorciers, leurs méthodes et surtout la liste de leurs nombreuses victimes. Il définit la sorcellerie comme «une capacité de nuire par des procédés et des rituels magiques».
D'après ses recherches, les sorciers opèrent le plus souvent la nuit. A ce moment, l'esprit quitte le corps pour aller participer aux réunions nocturnes appelées zandji, conclave quotidien obligatoire tenu généralement dans le tronc de l'arbre iroko ou du fromager. C'est là qu'ils établissent la liste de leurs victimes et la sale besogne commence. La future victime fait des cauchemars en plein sommeil. Des maux de tête inexpliqués commencent, la température monte. En quelques heures ou en quelques jours, le forfait est accompli. Rien ne viendra soulager les différents malaises et la victime décède. Son âme a été volée par les sorciers qui la transforment en volaille ou en porc pour être mangé. L'oracle viendra ensuite certifier que la mort est surnaturelle, qu'elle était l'oeuvre des sorciers et des sorcières.
Dah Alodji est formel, la petite Jummayi est bel et bien une sorcière. Dans son histoire, tout le montre. L'initiation et l'entrée dans le cercle restreint se négocie et se discute avec le nouvel adepte. Un nouvel adepte qui a un lourd tribut a payer. Au moment de sa cooptation et de son initiation, il devra sacrifier un de ses proches très chers. Ce dernier sera transformé en animal pour le festin rituel. Le hibou et le chat sont deux animaux particulièrement redoutés dans les pays où la croyance est forte. La légende dit que les sorciers les utilisent pour opérer.
Jummayi Hassan n'a que 13 ans. Depuis le 17 juillet 2001, elle est devenue l'une des plus jeunes détenues du Nigeria. Au nom d'une secte basée à Lagos, elle a commis 51 crimes rituels. Elle a tué simplement avec une «poudre magique». Une arme fatale remise aux adeptes par un gourou Haoussa nommé Emmanuel. La collégienne de Maïduguri, en formation dans une école militaire du nord-est du Nigeria, était déjà fichée par la police nigériane pour avoir allumé un incendie criminel et précipité une adolescente dans une fosse. Cependant, par deux fois, Jummayi a réussi à échapper aux condamnations qui l'attendaient.
Lorsque le petit Joseph Ibro, nourrisson de deux ans a disparu début juillet à Maïduguri, la police nigériane s'est mobilisée pour le retrouver. Le 17 juillet, l'étau se resserre autour de l'adolescente du collège militaire. A la stupéfaction générale, Jummayi passe aux aveux et reconnaît l'assassinat du petit Joseph. Elle conduit la police vers une tombe où elle a enseveli le nourrisson de deux ans. Le corps en état de décomposition est exhumé.
La police doit se rendre à l'évidence rapidement, Jummayi n'en est pas à son coup d'essai. En fait, il s'agit d'une tueuse en série qui avoue: «Je suis bien l'assassin du petit Joseph. Il est ma 51ème victime. Je tue, sur ordre, des personnes indiquées par un Haoussa appelé Emmanuel qui est le gourou d'une secte de Lagos à laquelle j'appartiens. Nous avons des pouvoirs surnaturels. Nous tenons des réunions nocturnes à Lagos où je me rends par l'esprit. Mon corps lui reste sur place. C'est avec une poudre que nous tuons. Il suffit que cette poudre touche quelqu'un pour qu'il meure. Après le décès de la personne, nous récupérons son coeur. L'une de mes premières victimes est mon propre père. J'avais 6 ans quand je l'ai tué parce qu'il constituait un obstacle à l'exécution de ma grand-mère».
L'autre facette du Nigeria : la sorcellerie
A travers le récit de Jummayi apparaît l'autre facette du Nigeria réputé pour ses juju (entendez gri-gri), autrement dit la sorcellerie. Dans le pays, on ne décède jamais de mort naturelle. Il y a, derrière chaque décès, une main obscure qui a tué. Quand ce n'est pas la tante du défunt, c'est un oncle, une grand-mère, un grand-père ou un jaloux qui a lancé les sorciers à ses trousses pour arrêter son ascension sociale et mettre fin à sa vie.
A Bonou une ville du sud-est du Bénin, Dah Alodji, octogénaire au crâne nu chaussant d'épaisses loupes, est un guérisseur qui fait trembler tous les sorciers de la localité. Depuis une vingtaine d'années, il mène un combat anti-sorcellerie et sa grande cour, qui à longueur de journée vit une animation ininterrompue, héberge des sorciers repentis et neutralisés.
Sur la sorcellerie, Dah Alodji (chef de collectivité) a élaboré un document d'une cinquantaine de pages qui raconte ses expériences, la traque des sorciers, leurs méthodes et surtout la liste de leurs nombreuses victimes. Il définit la sorcellerie comme «une capacité de nuire par des procédés et des rituels magiques».
D'après ses recherches, les sorciers opèrent le plus souvent la nuit. A ce moment, l'esprit quitte le corps pour aller participer aux réunions nocturnes appelées zandji, conclave quotidien obligatoire tenu généralement dans le tronc de l'arbre iroko ou du fromager. C'est là qu'ils établissent la liste de leurs victimes et la sale besogne commence. La future victime fait des cauchemars en plein sommeil. Des maux de tête inexpliqués commencent, la température monte. En quelques heures ou en quelques jours, le forfait est accompli. Rien ne viendra soulager les différents malaises et la victime décède. Son âme a été volée par les sorciers qui la transforment en volaille ou en porc pour être mangé. L'oracle viendra ensuite certifier que la mort est surnaturelle, qu'elle était l'oeuvre des sorciers et des sorcières.
Dah Alodji est formel, la petite Jummayi est bel et bien une sorcière. Dans son histoire, tout le montre. L'initiation et l'entrée dans le cercle restreint se négocie et se discute avec le nouvel adepte. Un nouvel adepte qui a un lourd tribut a payer. Au moment de sa cooptation et de son initiation, il devra sacrifier un de ses proches très chers. Ce dernier sera transformé en animal pour le festin rituel. Le hibou et le chat sont deux animaux particulièrement redoutés dans les pays où la croyance est forte. La légende dit que les sorciers les utilisent pour opérer.
par Jean-Luc Aplogan
Article publié le 30/07/2001