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Russie

Le putsch qui a précipité la fin de l'URSS

Le 19 août 1991, des dirigeants soviétiques renversent Gorbatchev pendant ses vacances. Ils veulent mettre fin à la politique de réformes du président soviétique. Mais face à la résistance populaire, le putsch fait long feu. Six mois plus tard, c'est l'éclatement de l'URSS.
Il était 6 heures du matin ce 19 août 1991 lorsque
Radio Moscou diffuse dans presque toutes les langues un communiqué annonçant la déposition de Mikhaïl Gorbatchev. L'agence Tass annonce que ce dernier est «incapable d'assumer ses fonctions pour raisons de santé» et qu'il est remplacé par le vice-président, Guennadi Ianaïev. Un Comité pour l'état d'urgence est créé avec Ianaïev à sa tête, il comprend aussi le ministre de la Défense, le maréchal Iazov, et le chef du KGB, Vladimir Kriouchkov. L'état d'urgence est proclamé pour six mois, la censure est rétablie et les chars entrent dans la capitale. Gorbatchev, en vacances avec sa femme sur les bords de la mer Noire à 2 000 kilomètres de Moscou, est placé en résidence surveillée et ses lignes téléphoniques sont coupées.

Mais les choses ne se passent pas comme prévu par les putschistes. Gorbatchev refuse de signer la lettre de démission que lui apportent des émissaires venus de Moscou. Dans la capitale, la conférence de presse que tiennent les conjurés, alignés en brochette derrière une table tandis que s'exprime un Ianaïev dont les mains tremblent de nervosité révèle que les putschistes sont moins sûrs d'eux qu'ils ne voulaient bien le dire.

Boris Eltsine a marqué des points

A l'appel du président russe, Boris Eltsine, retranché à la «Maison Blanche», le siège du parlement de la Fédération de Russie, la résistance s'organise. Des dizaines de milliers de Russes sortent dans la rue pour barrer la route aux blindés du maréchal Iazov. Ils sont 50 000 à braver le couvre-feu devant la Maison Blanche. Certaines unités de l'armée se rallient à Boris Eltsine pour défendre le Parlement face à d'autres unités de l'armée. A Leningrad, 100 000 manifestants dénoncent le coup d'Etat.

Indécis, les putschistes renoncent à donner l'ordre aux soldats de tirer sur la foule, qui commence déjà à s'attaquer aux chars à coups de cocktails Molotov. Dans la journée du 21, les militaires reçoivent l'ordre de rentrer dans leur caserne. Le soir même, Mikhaïl Gorbatchev a pu quitter la Crimée et rentre à Moscou, affirmant «contrôler parfaitement la situation».

Mais l'arrestation des putschistes le 22 août (et le suicide de l'un d'entre eux, le ministre de l'Intérieur Boris Pougo) ne signifie pas pour autant la restauration du pouvoir de Gorbatchev. Durant la captivité de ce dernier, le président russe Boris Eltsine a marqué des points, manifestant un courage physique certain. Il entendu bien avancer ses pions face à son rival Gorbatchev, en réalité beaucoup plus affaibli qu'il ne le pense lui-même.

La suite se précipite: dès le 29 août, le Parlement soviétique interdit le parti communiste (dont Gorbatchev est toujours le secrétaire général) et s'auto-dissout. Le 6 septembre, l'URSS reconnaît l'indépendance des trois républiques baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie). Le 8 décembre, les présidents de Russie, d'Ukraine et de Biélorussie annoncent la mort de l'URSS. Deux semaines plus tard, il ne reste plus à Gorbatchev qu'à en tirer la leçon et démissionnant de ses fonctions de président d'un pays qui n'existe plus, l'Union soviétique.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 19/08/2001