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Racisme

Nuages sur Durban

Avant même d'avoir commencé, la conférence mondiale sur le racisme est au bord de l'échec. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell ne se rendra pas à Durban, où le sommet doit ouvrir ses portes vendredi 31 août. Selon le Washington Post, les Etats-Unis s'opposent au caractère anti-israélien de certains documents de la réunion. La polémique fait rage.
«Il y a trop de termes insultants dans le document de la conférence» a expliqué un haut responsable du département d'Etat au quotidien américain. La querelle sur la terminologie «anti-israélienne» l'a finalement emporté. Dès l'annonce de la tenue de cette nouvelle réunion, se profilaient d'ores et déjà, deux camps : les pro-Israéliens et les pro-Arabes.

A plusieurs reprises, les Etats-Unis ont menacé de ne pas participer à la conférence de Durban si les pays arabes ne renonçaient pas à leur demande visant à qualifier Israël de puissance d'occupation «raciste». Washington avait conditionné sa participation au retrait de ce projet de résolution arabe assimilant le sionisme au racisme. Symboliquement, les Etats-Unis pourraient toutefois envoyer une délégation «de rang inférieur» en Afrique du Sud. Par le passé, Washington a déjà boycotté deux conférences sur le racisme organisées par les Nations unies, en 1978 et en 1983.

La question des castes

De même, l'administration américaine est en désaccord avec la terminologie utilisée par l'ONU pour parler de l'esclavage. Car l'un des volets cruciaux de cette réunion, doit porter sur les demandes de réparations, morales et financières, formulées pour la plupart par des ONG noires-américaines, aux anciens pays esclavagistes. Ces ONG exigent la reconnaissance de l'esclavage, de la traite des esclaves et de la colonisation comme crimes contre l'humanité. Les historiens estiment que quelque 10 millions d'Africains ont été victimes de la traite entre le XVIe et le XIXe siècle.

Autre dossier épineux à l'ordre du jour de la conférence en Afrique du Sud qui concerne un type de discrimination particulier : celui fondé sur la caste. Mais cette position est contestée par l'Inde qui reste sur la défensive. Elle a par ailleurs fait savoir qu'elle s'opposerait à toute tentative d'isolement d'Israël et d'assimilation du sionisme au racisme. New Dehli, qui a établi de chaudes relations diplomatiques avec l'état hébreu en 1992, redoute l'impact des tensions israélo-arabes sur la conférence de Durban et se dit prête à jouer un rôle intermédiaire pour éviter un échec.

La question de l'immigration et du traitement des migrants devrait également traitée dans la capitale sud-africaine du surf. Le Burkina Faso vient d'annoncer qu'il comptait dénoncer des cas de «xénophobie» dont ont été victimes ses ressortissant à l'étranger.

Enfin, en marge de la polémique autour de la position américaine, le forum des ONG et le Sommet des jeunes doivent débuter respectivement mardi et samedi prochains. Ils se tiendront tous deux avant la conférence mondiale, à Kingmead cricket stadium et donneront un avant-goût d'une conférence qui s'annonce fort mal engagée.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 27/08/2001