Attentats
Les Etats «voyous» solidaires de Washington
Les Etats officiellement considérés comme des «ennemis de l'Amérique» ou régulièrement accusés de soutenir le terrorisme sont presque unanimes dans leur condamnation de l'incroyable série d'attentats qui vient de toucher les Etats-Unis. Seule voix discordante : l'Irak, pour qui Washington récolte ce qu'elle a semé.
Presque tous les pays que les Etats-Unis taxent généralement «d'Etats voyous» ont rapidement condamné la tragédie du 11 septembre. Après l'inimaginable succession d'attentats qui vient de se produire, les regards se sont logiquement tournés vers des pays accusés ces dernières années de soutenir le terrorisme ou considérés comme hostiles à Washington. La grande majorité de leurs dirigeants se sont pourtant empressés d'apporter leur soutien aux Etats-Unis.
Le leader libyen Mouammar Kadhafi a ainsi qualifié de «terribles» les événements de mardi et s'est même dit prêt à fournir une aide au peuple américain en dépit de l'hostilité entre les deux pays. «Les différends politiques et les conflits avec l'Amérique ne devraient pas constituer un obstacle psychologique à l'envoi d'une aide humanitaire au peuple américain et toutes les personnes en Amérique, qui ont été profondément touchés par ces attaques terribles», a ajouté le guide de la révolution libyenne. «Cette vague d'attentats terrifiants ne peut qu'éveiller la conscience humaine et il est de notre devoir humanitaire de nous tenir aux côtés du peuple américain malgré le conflit politique.» Oubliées donc les vieilles querelles, nées notamment de l'attentat de Lockerbie (Ecosse), contre un boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am, qui avait coûté la vie à 270 personnes, en 1988. En 1986, un attentat, attribué à la Libye, dans une discothèque de Berlin, avait par ailleurs fait 2 morts et 150 blessés, provoquant une réplique de Washington, qui avait lancé une expédition punitive visant Kadhafi.
L'Irak, seule voix discordante
Autre réaction attendue : celle du Soudan, qui figure toujours officiellement sur la liste des pays soutenant le terrorisme international et a accueilli Oussama Ben Laden jusqu'en 1996. Dans un bref communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Moustapha Osman Ismaïl, en visite en Arabie Saoudite, a «dénoncé les attaques terroristes contre des cibles américaines». Le ministre soudanais présente également ses condoléances au gouvernement et au peuple américain, mais surtout, il «réaffirme la volonté du gouvernement soudanais de coopérer entièrement avec les Etats-Unis et la communauté internationale pour combattre toutes les formes de terrorisme et de traduire leurs auteurs devant la justice». En fait, la réaction de Khartoum est révélatrice du rapprochement entamé, ces derniers mois, avec Washington. En août 1998, les Etats-Unis avaient bombardé une usine pharmaceutique de Khartoum, en représailles à des attentats meurtriers contre les intérêts américains au Kenya et en Tanzanie. Washington avait alors affirmé que cette installation était utilisée par Oussama Ben Laden pour fabriquer des armes chimiques. Depuis, le Soudan a nettement amélioré ses relations avec les Etats-Unis, qui lorgnent sur les ressources pétrolières du pays. Le 6 septembre dernier, le président Bush a même annoncé une «initiative majeure» pour tenter de trouver une solution à la guerre civile qui divise le pays depuis des années.
Longtemps considéré comme l'un des principaux ennemis des Etats-Unis, l'Iran a également immédiatement condamné le drame touchant une nation encore récemment officiellement décrite comme le «grand Satan». «Au nom du gouvernement et de la nation iranienne, je condamne les attaques terroristes contre les centres publics dans les villes américaines», a déclaré mardi en début de soirée, le président Mohammad Khatami. Ce dernier a, par ailleurs, affirmé son hostilité au terrorisme : «c'est notre devoir islamique d'en connaître et d'en détruire les racines.» Dans la presse, le ton des journaux modérés est similaire. En revanche, traduisant l'opinion des conservateurs, le quotidien de langue anglaise Teheran Times estime que les Etats-Unis «paient pour leur soutien aveugle au régime raciste» israélien.
Seule voix discordante, pour l'instant, au Proche Orient : celle de l'Irak, qui reste l'ennemi juré des Etats-Unis. Pour Bagdad, les attentats perpétrés à New York et Washington sont le résultat des «crimes américains commis contre l'humanité», dans un commentaire diffusé à la télévision. Le journal officiel al-Iraq a renchéri en estimant qu'il s'agit «d'une leçon pour tous les tyrans et les oppresseurs» à laquelle les dirigeants américains devaient s'attendre. «L'Amérique sauvage et atteinte de la folie des grandeurs a infligé l'humiliation, la famine et le terrorisme à tous les pays du monde, et aujourd'hui elle récolte les fruits de sa politique arrogante et stupide», ajoute le journal. «Le mythe de l'Amérique s'est effondré avec le World Trade Center de New York. La grande puissance qui a semé la terreur dans le monde a été hier terrifiée, affolée et humiliée.»
En revanche, parmi les vieux ennemis de Washington dans le reste du monde, même Cuba l'a assuré de sa solidarité. Le gouvernement de La Havane a ainsi fait part de sa «douleur et de sa tristesse» à son adversaire de toujours, allant même jusqu'à proposer une aide «à caractère humanitaire». Les autorités cubaines expriment, d'autre part, leurs «sincères condoléances au peuple américain» et assurent qu'elles condamnent «tout type d'action terroriste».
Le leader libyen Mouammar Kadhafi a ainsi qualifié de «terribles» les événements de mardi et s'est même dit prêt à fournir une aide au peuple américain en dépit de l'hostilité entre les deux pays. «Les différends politiques et les conflits avec l'Amérique ne devraient pas constituer un obstacle psychologique à l'envoi d'une aide humanitaire au peuple américain et toutes les personnes en Amérique, qui ont été profondément touchés par ces attaques terribles», a ajouté le guide de la révolution libyenne. «Cette vague d'attentats terrifiants ne peut qu'éveiller la conscience humaine et il est de notre devoir humanitaire de nous tenir aux côtés du peuple américain malgré le conflit politique.» Oubliées donc les vieilles querelles, nées notamment de l'attentat de Lockerbie (Ecosse), contre un boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am, qui avait coûté la vie à 270 personnes, en 1988. En 1986, un attentat, attribué à la Libye, dans une discothèque de Berlin, avait par ailleurs fait 2 morts et 150 blessés, provoquant une réplique de Washington, qui avait lancé une expédition punitive visant Kadhafi.
L'Irak, seule voix discordante
Autre réaction attendue : celle du Soudan, qui figure toujours officiellement sur la liste des pays soutenant le terrorisme international et a accueilli Oussama Ben Laden jusqu'en 1996. Dans un bref communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Moustapha Osman Ismaïl, en visite en Arabie Saoudite, a «dénoncé les attaques terroristes contre des cibles américaines». Le ministre soudanais présente également ses condoléances au gouvernement et au peuple américain, mais surtout, il «réaffirme la volonté du gouvernement soudanais de coopérer entièrement avec les Etats-Unis et la communauté internationale pour combattre toutes les formes de terrorisme et de traduire leurs auteurs devant la justice». En fait, la réaction de Khartoum est révélatrice du rapprochement entamé, ces derniers mois, avec Washington. En août 1998, les Etats-Unis avaient bombardé une usine pharmaceutique de Khartoum, en représailles à des attentats meurtriers contre les intérêts américains au Kenya et en Tanzanie. Washington avait alors affirmé que cette installation était utilisée par Oussama Ben Laden pour fabriquer des armes chimiques. Depuis, le Soudan a nettement amélioré ses relations avec les Etats-Unis, qui lorgnent sur les ressources pétrolières du pays. Le 6 septembre dernier, le président Bush a même annoncé une «initiative majeure» pour tenter de trouver une solution à la guerre civile qui divise le pays depuis des années.
Longtemps considéré comme l'un des principaux ennemis des Etats-Unis, l'Iran a également immédiatement condamné le drame touchant une nation encore récemment officiellement décrite comme le «grand Satan». «Au nom du gouvernement et de la nation iranienne, je condamne les attaques terroristes contre les centres publics dans les villes américaines», a déclaré mardi en début de soirée, le président Mohammad Khatami. Ce dernier a, par ailleurs, affirmé son hostilité au terrorisme : «c'est notre devoir islamique d'en connaître et d'en détruire les racines.» Dans la presse, le ton des journaux modérés est similaire. En revanche, traduisant l'opinion des conservateurs, le quotidien de langue anglaise Teheran Times estime que les Etats-Unis «paient pour leur soutien aveugle au régime raciste» israélien.
Seule voix discordante, pour l'instant, au Proche Orient : celle de l'Irak, qui reste l'ennemi juré des Etats-Unis. Pour Bagdad, les attentats perpétrés à New York et Washington sont le résultat des «crimes américains commis contre l'humanité», dans un commentaire diffusé à la télévision. Le journal officiel al-Iraq a renchéri en estimant qu'il s'agit «d'une leçon pour tous les tyrans et les oppresseurs» à laquelle les dirigeants américains devaient s'attendre. «L'Amérique sauvage et atteinte de la folie des grandeurs a infligé l'humiliation, la famine et le terrorisme à tous les pays du monde, et aujourd'hui elle récolte les fruits de sa politique arrogante et stupide», ajoute le journal. «Le mythe de l'Amérique s'est effondré avec le World Trade Center de New York. La grande puissance qui a semé la terreur dans le monde a été hier terrifiée, affolée et humiliée.»
En revanche, parmi les vieux ennemis de Washington dans le reste du monde, même Cuba l'a assuré de sa solidarité. Le gouvernement de La Havane a ainsi fait part de sa «douleur et de sa tristesse» à son adversaire de toujours, allant même jusqu'à proposer une aide «à caractère humanitaire». Les autorités cubaines expriment, d'autre part, leurs «sincères condoléances au peuple américain» et assurent qu'elles condamnent «tout type d'action terroriste».
par Christophe Champin
Article publié le 13/09/2001