Attentats
L'horreur encore
Deux jours après le terrible attentat qui a frappé les Etats-Unis, les chances de retrouver des rescapés dans les décombres du World Trade Center et du Pentagone s'amenuisent. Mais les sauveteurs continuent leurs recherches avec toujours autant d'intensité. Leurs témoignages ajoutés à ceux des victimes, des familles, des passants sont effrayants.
Aucun bilan n'est encore disponible pour évaluer le nombre de personnes qui ont perdu la vie dans les deux tours du World Trade Center à New York et dans l'immeuble du Pentagone à Washington. La seule certitude concerne le décès des 266 passagers qui avaient pris place dans les quatre avions de ligne détournés par les terroristes, dont trois ont percuté ces bâtiments et un s'est écrasé en Pennsylvanie. Pourtant, dans l'aile du ministère de la Défense touchée par le Boeing, on estime qu'environ 800 personnes travaillaient ce jour-là. Peut-être autant de victimes. A New York, les Twins accueillaient plus de 40000 personnes chaque jour. Toutes n'étaient pas présentes, un certain nombre a pu être évacué après les premières explosions. Mais le bilan ne pourra être que lourd, très lourd. Rudolph Giuliani, le maire de New York, a indiqué que devant l'ampleur de la catastrophe, 6000 linceuls avaient déjà été commandés.
Les chiffres sont en eux mêmes effrayants. C'est la première fois qu'un acte terroriste provoque un tel massacre. Mais les témoignages qui commencent à affluer permettent, en plus, de se rendre compte de l'angoisse des victimes prises au piège des tours ou des avions détournés, de la détresse et du dégoût des rescapés et des sauveteurs qui ont vu l'inacceptable. Ce que les images retransmises sur toutes les télévisions du monde ne permettent pas d'imaginer. Avec la fumée étouffante, les odeurs insupportables, les morceaux de corps humains épars, les cadavres qui surgissent des gravas encore brûlants après les incendies.
«J'ai d'abord trouvé un visage de femmeà»
Comment cette mère pourra-t-elle oublier les derniers mots de son fils de 31 ans, Mark Bingham, passager du Boeing qui s'est écrasé en Pennsylvanie qui a réussi à l'appeler pour lui dire qu'il l'aimait, avant d'ajouter : «Trois hommes ont pris le contrôle. Ils disent qu'ils ont une bombe». D'autres passagers ont réussi à téléphoner, à prévenir, à dire au revoir à leur famille. Jeremy Glick a appelé sa femme. Conscient qu'il n'en réchapperait pas, il lui a fait ses adieux et lui a demandé de prendre soin de leur bébé de trois mois. Il a aussi affirmé : «Nous allons les empêcher de faire ce qu'ils projetaient». Un compagnon de vol a dit la même chose à son épouse : «Nous allons tous mourir mais trois d'entre nous vont faire quelque chose». Ont-ils réussi à empêcher les terroristes d'atteindre leur cible et de faire plus de morts ? Le quatrième Boeing s'est en tout cas écrasé sans percuter d'autre lieu stratégique.
Des photos commencent à circuler et permettent de voir les visages de certaines victimes. Comme celle de l'hôtesse de l'air qui a appelé son mari avant le crash, celle d'un des commandants de bord ou encore de Barbara Olson, commentatrice sur CNN qui avait pris place à bord de l'avion qui a percuté le Pentagone.
Des familles ont été frappées de plein fouet. Un homme a raconté aux télévisions américaines comment il a paniqué à l'annonce de l'attentat contre le World Trade Center où son frère travaillait. Mort d'inquiétude, il a attendu des nouvellesà qu'il a fini par recevoir. Son frère avait réussi à s'échapper de la tour en feu. Mais la série noire n'était pas finie car il a appris peu après que sa s£ur était dans l'un des avions détournés transformés en bombes volantes contre le World Trade Center, et avait péri dans le crash.
Les sauveteurs ne sont pas non plus épargnés. Plusieurs dizaines d'entre eux qui étaient partis au secours des personnes blessées dans la première tour touchée par l'attentat, ont été écrasés lorsque celle-ci s'est écroulée. Leurs collègues survivants qui continuent de fouiller les décombres, travaillent dans des conditions particulièrement dangereuses. Chaque pas peut provoquer un nouvel éboulement, raviver un incendie. Des gaz toxiques émanent des monceaux de gravas où le béton, les structures métalliques, le verre s'enchevêtrent. L'un d'entre eux témoigne : «Parfois, quand on soulève une tôle, cela ravive le feu qui couvait. Les flammes repartent, en quelques seconde on ne voit plus rien. On grimpe sur les pièces de métal, mais il faut faire gaffe, elles sont toutes connectées les unes aux autres. Tu ne veux pas faire bouger un truc qui va tomber sur 20 gars de l'autre côté».
Mission à haut risque mais aussi particulièrement traumatisante. Si cinq survivants ont été retrouvés, les sauveteurs extirpent surtout des cadavres ou parfois pire des membres déchiquetés. Ils sont les premiers témoins de l'horreur et leurs récits font frémir. «J'ai d'abord trouvé un visage de femmeà Enfin, la peau d'un visage, avec les cheveux. Il y avait aussi un torse sans jambes, avec un téléphone cellulaire dans la main. C'est comme ça qu'il a été identifié.»
Les chiffres sont en eux mêmes effrayants. C'est la première fois qu'un acte terroriste provoque un tel massacre. Mais les témoignages qui commencent à affluer permettent, en plus, de se rendre compte de l'angoisse des victimes prises au piège des tours ou des avions détournés, de la détresse et du dégoût des rescapés et des sauveteurs qui ont vu l'inacceptable. Ce que les images retransmises sur toutes les télévisions du monde ne permettent pas d'imaginer. Avec la fumée étouffante, les odeurs insupportables, les morceaux de corps humains épars, les cadavres qui surgissent des gravas encore brûlants après les incendies.
«J'ai d'abord trouvé un visage de femmeà»
Comment cette mère pourra-t-elle oublier les derniers mots de son fils de 31 ans, Mark Bingham, passager du Boeing qui s'est écrasé en Pennsylvanie qui a réussi à l'appeler pour lui dire qu'il l'aimait, avant d'ajouter : «Trois hommes ont pris le contrôle. Ils disent qu'ils ont une bombe». D'autres passagers ont réussi à téléphoner, à prévenir, à dire au revoir à leur famille. Jeremy Glick a appelé sa femme. Conscient qu'il n'en réchapperait pas, il lui a fait ses adieux et lui a demandé de prendre soin de leur bébé de trois mois. Il a aussi affirmé : «Nous allons les empêcher de faire ce qu'ils projetaient». Un compagnon de vol a dit la même chose à son épouse : «Nous allons tous mourir mais trois d'entre nous vont faire quelque chose». Ont-ils réussi à empêcher les terroristes d'atteindre leur cible et de faire plus de morts ? Le quatrième Boeing s'est en tout cas écrasé sans percuter d'autre lieu stratégique.
Des photos commencent à circuler et permettent de voir les visages de certaines victimes. Comme celle de l'hôtesse de l'air qui a appelé son mari avant le crash, celle d'un des commandants de bord ou encore de Barbara Olson, commentatrice sur CNN qui avait pris place à bord de l'avion qui a percuté le Pentagone.
Des familles ont été frappées de plein fouet. Un homme a raconté aux télévisions américaines comment il a paniqué à l'annonce de l'attentat contre le World Trade Center où son frère travaillait. Mort d'inquiétude, il a attendu des nouvellesà qu'il a fini par recevoir. Son frère avait réussi à s'échapper de la tour en feu. Mais la série noire n'était pas finie car il a appris peu après que sa s£ur était dans l'un des avions détournés transformés en bombes volantes contre le World Trade Center, et avait péri dans le crash.
Les sauveteurs ne sont pas non plus épargnés. Plusieurs dizaines d'entre eux qui étaient partis au secours des personnes blessées dans la première tour touchée par l'attentat, ont été écrasés lorsque celle-ci s'est écroulée. Leurs collègues survivants qui continuent de fouiller les décombres, travaillent dans des conditions particulièrement dangereuses. Chaque pas peut provoquer un nouvel éboulement, raviver un incendie. Des gaz toxiques émanent des monceaux de gravas où le béton, les structures métalliques, le verre s'enchevêtrent. L'un d'entre eux témoigne : «Parfois, quand on soulève une tôle, cela ravive le feu qui couvait. Les flammes repartent, en quelques seconde on ne voit plus rien. On grimpe sur les pièces de métal, mais il faut faire gaffe, elles sont toutes connectées les unes aux autres. Tu ne veux pas faire bouger un truc qui va tomber sur 20 gars de l'autre côté».
Mission à haut risque mais aussi particulièrement traumatisante. Si cinq survivants ont été retrouvés, les sauveteurs extirpent surtout des cadavres ou parfois pire des membres déchiquetés. Ils sont les premiers témoins de l'horreur et leurs récits font frémir. «J'ai d'abord trouvé un visage de femmeà Enfin, la peau d'un visage, avec les cheveux. Il y avait aussi un torse sans jambes, avec un téléphone cellulaire dans la main. C'est comme ça qu'il a été identifié.»
par Valérie Gas
Article publié le 13/09/2001