Eglise catholique
Pourquoi le Vatican tient tant à Mgr Milingo
Le mariage puis la séparation entre l'archevèque zambien, Mgr Milingo, et une médecin adepte de la secte Moon a constitué le feuilleton de l'été en Italie. Un vaudeville sur fond de rivalité très sérieuse entre l'église catholique et les sectes.
De notre correspondant à Rome
Négociations secrètes, filatures, messages télévisés, conférences de presse. L'affaire Milingo, digne d'un film à suspense, aura durant tout l'été fourni aux chroniqueurs italiens matière à un feuilleton peu ordinaire. Un Archevêque africain, connu pour ses dons d'exorciste, qui se marie sous la bénédiction du révérend Moon puis décide, après une audience chez le Pape, de revenir au bercail : le scénario ne manquait pas, il est vrai, de piquant.
Les quotidiens italiens ont ainsi pu suivre, au jour le jour, les tribulations de ce couple insolite. D'un côté Mgr Emmanuel Milingo, 71 ans, ancien archevêque de Lusaka, suivi depuis des années par des milliers de fidèles troublés par ses dons d'exorciste. De l'autre Maria Sung, une coréenne de 43 ans, médecin, choisie par le révérend Moon pour devenir l'épouse de l'archevêque. Le 27 mai dernier, les noces étaient célébrées en grande pompe à New York ; ce n'était que le début de la saga.
Menacé d'excommunication, Milingo réapparaissait le 6 août près de Rome, à CastelGandolfo, la résidence d'été du Pape. Jean Paul II le recevait le lendemain matin. Deux heures d'audience, alors que le prélat africain avait demandé en vain, pendant des années, à être reçu. C'est dire si les hauts responsables du Vatican prenait cette affaire au sérieux, mobilisant les ambassadeurs des pays concernés.
Le Vatican se sent menacé par les sectes en Amérique latine et en Afrique
Mais le repentir et le retour de Milingo allaient aussitôt déclencher une vive offensive médiatique des «moonies». Maria Sung, venue à Rome implorer le Pape de lui laisser voir son archevêque, commençait alors une grève de la faim. Chaque matin, elle se rendait, à l'aube, sur la Place St Pierre pour prier. Les lieutenants de Monn, omniprésents autour de la coréenne, multipliaient les conférences de presse.
Mercredi 29 août, après de frénétiques et discrètes négociations, les deux époux ont pu finalement se rencontrer dans un hôtel proche du Vatican. Une rencontre d'adieu, Mgr Milingo signifiant à Maria Sung, devant une dizaine de témoins des deux parties, sa décision de revenir à ses premières amours : l'Eglise.
Au Vatican, l'embarras succède à l'agacement depuis le début de cette affaire. D'autant que la stratégie médiatique de la secte Moon a eu pour effet de faire apparaître la haute hiérarchie de l'Eglise comme retenant Mgr Milingo dans une retraite secrète, n'étant pas libre de ses mouvements. Ni plus ni moins que Maria Sung, l'épouse éplorée dont la presse italienne a révélé par ailleurs qu'elle aurait déjà été mariée en Italie, à Naples où elle a vécu durant deux ans.
Tout laisse penser, derrière cette burlesque telenovela, à un véritable bras de fer entre Moon et le Vatican. On sait combien l'Eglise catholique, très présente en Amérique Latine, est confrontée à une multiplication des sectes qui menacent son audience. Mgr Milingo a pu, à cet égard, apparaître comme un pion décisif pour un combat similaire en terre africaine. En raison de l'audience du prélat zambien pour ses dons et son attachement à certaines pratiques traditionnelles. En raison aussi de la sensibilité particulière du clergé africain sur la question du célibat. Moon a-t-il envisagé de faire de Milingo le symbole d'un schisme africain? L'analyse circule avec insistance.
Négociations secrètes, filatures, messages télévisés, conférences de presse. L'affaire Milingo, digne d'un film à suspense, aura durant tout l'été fourni aux chroniqueurs italiens matière à un feuilleton peu ordinaire. Un Archevêque africain, connu pour ses dons d'exorciste, qui se marie sous la bénédiction du révérend Moon puis décide, après une audience chez le Pape, de revenir au bercail : le scénario ne manquait pas, il est vrai, de piquant.
Les quotidiens italiens ont ainsi pu suivre, au jour le jour, les tribulations de ce couple insolite. D'un côté Mgr Emmanuel Milingo, 71 ans, ancien archevêque de Lusaka, suivi depuis des années par des milliers de fidèles troublés par ses dons d'exorciste. De l'autre Maria Sung, une coréenne de 43 ans, médecin, choisie par le révérend Moon pour devenir l'épouse de l'archevêque. Le 27 mai dernier, les noces étaient célébrées en grande pompe à New York ; ce n'était que le début de la saga.
Menacé d'excommunication, Milingo réapparaissait le 6 août près de Rome, à CastelGandolfo, la résidence d'été du Pape. Jean Paul II le recevait le lendemain matin. Deux heures d'audience, alors que le prélat africain avait demandé en vain, pendant des années, à être reçu. C'est dire si les hauts responsables du Vatican prenait cette affaire au sérieux, mobilisant les ambassadeurs des pays concernés.
Le Vatican se sent menacé par les sectes en Amérique latine et en Afrique
Mais le repentir et le retour de Milingo allaient aussitôt déclencher une vive offensive médiatique des «moonies». Maria Sung, venue à Rome implorer le Pape de lui laisser voir son archevêque, commençait alors une grève de la faim. Chaque matin, elle se rendait, à l'aube, sur la Place St Pierre pour prier. Les lieutenants de Monn, omniprésents autour de la coréenne, multipliaient les conférences de presse.
Mercredi 29 août, après de frénétiques et discrètes négociations, les deux époux ont pu finalement se rencontrer dans un hôtel proche du Vatican. Une rencontre d'adieu, Mgr Milingo signifiant à Maria Sung, devant une dizaine de témoins des deux parties, sa décision de revenir à ses premières amours : l'Eglise.
Au Vatican, l'embarras succède à l'agacement depuis le début de cette affaire. D'autant que la stratégie médiatique de la secte Moon a eu pour effet de faire apparaître la haute hiérarchie de l'Eglise comme retenant Mgr Milingo dans une retraite secrète, n'étant pas libre de ses mouvements. Ni plus ni moins que Maria Sung, l'épouse éplorée dont la presse italienne a révélé par ailleurs qu'elle aurait déjà été mariée en Italie, à Naples où elle a vécu durant deux ans.
Tout laisse penser, derrière cette burlesque telenovela, à un véritable bras de fer entre Moon et le Vatican. On sait combien l'Eglise catholique, très présente en Amérique Latine, est confrontée à une multiplication des sectes qui menacent son audience. Mgr Milingo a pu, à cet égard, apparaître comme un pion décisif pour un combat similaire en terre africaine. En raison de l'audience du prélat zambien pour ses dons et son attachement à certaines pratiques traditionnelles. En raison aussi de la sensibilité particulière du clergé africain sur la question du célibat. Moon a-t-il envisagé de faire de Milingo le symbole d'un schisme africain? L'analyse circule avec insistance.
par Laurent Morino
Article publié le 01/09/2001