Eglise catholique
Le Pape au Kazakhstan
En dépit de la tension qui règne en Asie centrale depuis les attentats qui ont visé les Etats-Unis, le 11 septembre dernier, Jean-Paul II entame ce samedi une visite au Kazakhstan, ex-république soviétique, avant de se rendre mardi prochain en Arménie.
De notre correspondant à Rome
Les attentats perpétrés aux Etats-Unis n'ont pas dissuadé Jean Paul II. Conformément au programme annoncé, et malgré le regain de tension sur la scène internationale et particulièrement en Asie centrale, le Pape s'envole ce samedi 22 septembre, au Kazakhstan, pour son 95ème voyage à l'étranger. Du point de vue de la sécurité, cette visite n'aurait pu se dérouler dans un contexte plus délicat. Certes, cette ancienne république soviétique, grande cinq fois comme la France, n'est pas directement frontalière de l'Afghanistan. L'inquiétude n'en est pas moins grande. Le Vatican, conscient de la nouvelle donne, a néanmoins décidé de maintenir cette visite qui devrait offrir au Pape une nouvelle occasion de lancer un message de paix. De donner surtout un signe tangible de dialogue entre chrétiens et musulmans, alors que le spectre d'un conflit international anime les esprits.
Car le Kazakhstan, qui ne compte que 16 millions d'habitants, est un pays à majorité musulmane. D'un islam sunnite fortement teinté de nationalisme et énergiquement laïcisé par la longue occupation soviétique. Un islam modéré au point que les organisateurs du voyage estiment qu'il pourrait y avoir plus de musulmans que de chrétiens à suivre à Astana, la capitale, la venue de Jean Paul II. Mais, à l'instar des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, la poussée fondamentaliste menace et le président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, redoute explicitement une percée des islamistes sur son territoire, comme c'est déjà le cas au Tadjikistan ou en Ouzbékistan.
Mille mosquées construites depuis 10 ans
En dix ans, depuis l'indépendance acquise en décembre 1991, plus de 1000 mosquées auraient été construites dans le pays, selon un rapport publié à Rome par l'agence catholique Fides. La présence du Pape sera donc fortement chargée de symbole, à l'heure où les bruits de botte se font entendre. On se souvient, à cet égard, de la condamnation répétée que Jean Paul II exprima au moment de la guerre du Golfe, et plus encore à l'égard de l'embargo contre l'Irak. Avec ses nombreuses rencontres avec Yasser Arafat, ce sont autant de gages apportés par le souverain pontife au dialogue avec le monde musulman.
Ce pays situé aux confins de la Russie et de la Chine compte aussi d'importantes minorités ethniques chrétiennes. Les Russes orthodoxes sont les plus nombreux, avec environ 6 millions de fidèles. La communauté catholique est, elle, plus réduite : 300 000 personnes, pour la plupart des Allemands et des Polonais. Durant la seconde guerre mondiale, 800 000 Allemands de la Volga et 100 000 Polonais furent déportés par les soldats de l'Armée Rouge vers ces steppes du Kazakhstan. Paradoxe de l'Histoire : ce sont les répressions staliniennes qui ont, de fait, permis à l'Eglise catholique d'évangéliser ce pays. Le communisme s'est effondré, mais le Pape, malgré sa fatigue de plus en plus évidente à 81 ans, est toujours là. Ce symbole, dans un pays fier de son indépendance, ne manque pas de force. Jean Paul II vient réconforter cette petite minorité catholique. Il devrait, outre des références très probables à la situation internationale, rappeler son message de paix, de dialogue entre les peuples et de liberté religieuse.
Quant à la seconde étape de ce 95ème périple, elle le mènera, mardi, en Arménie qui fête le 1 700ème anniversaire de son baptême. Avant même la paix de l'Empereur Constantin, ce petit pays, viscéralement attaché à son identité malgré les nombreuses guerres auxquelles sa position géographique l'a explosé dans son histoire, fut le premier à proclamer le Christianisme religion d'Etat. Les catholiques, là aussi, ne sont qu'une minorité face à la principale confession, l'Eglise apostolique arménienne. Cette visite aurait dû se dérouler, il y a deux ans, mais le Pape avait alors été contraint de l'annuler en raison de l'état de santé critique du catholicos Karékine I, chef de l'Eglise apostolique, décédé en 1999. C'est son successeur, Karékine II, qui va recevoir le Pape et l'accompagner durant 48 heures. Les Arméniens, qu'ils soient au pays où dispersés aux quatre coins du monde dans la diaspora, vont suivre avec attention cette visite. Avec une attente toute particulière : la reconnaissance par le Pape du génocide de 1915.
Les attentats perpétrés aux Etats-Unis n'ont pas dissuadé Jean Paul II. Conformément au programme annoncé, et malgré le regain de tension sur la scène internationale et particulièrement en Asie centrale, le Pape s'envole ce samedi 22 septembre, au Kazakhstan, pour son 95ème voyage à l'étranger. Du point de vue de la sécurité, cette visite n'aurait pu se dérouler dans un contexte plus délicat. Certes, cette ancienne république soviétique, grande cinq fois comme la France, n'est pas directement frontalière de l'Afghanistan. L'inquiétude n'en est pas moins grande. Le Vatican, conscient de la nouvelle donne, a néanmoins décidé de maintenir cette visite qui devrait offrir au Pape une nouvelle occasion de lancer un message de paix. De donner surtout un signe tangible de dialogue entre chrétiens et musulmans, alors que le spectre d'un conflit international anime les esprits.
Car le Kazakhstan, qui ne compte que 16 millions d'habitants, est un pays à majorité musulmane. D'un islam sunnite fortement teinté de nationalisme et énergiquement laïcisé par la longue occupation soviétique. Un islam modéré au point que les organisateurs du voyage estiment qu'il pourrait y avoir plus de musulmans que de chrétiens à suivre à Astana, la capitale, la venue de Jean Paul II. Mais, à l'instar des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, la poussée fondamentaliste menace et le président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, redoute explicitement une percée des islamistes sur son territoire, comme c'est déjà le cas au Tadjikistan ou en Ouzbékistan.
Mille mosquées construites depuis 10 ans
En dix ans, depuis l'indépendance acquise en décembre 1991, plus de 1000 mosquées auraient été construites dans le pays, selon un rapport publié à Rome par l'agence catholique Fides. La présence du Pape sera donc fortement chargée de symbole, à l'heure où les bruits de botte se font entendre. On se souvient, à cet égard, de la condamnation répétée que Jean Paul II exprima au moment de la guerre du Golfe, et plus encore à l'égard de l'embargo contre l'Irak. Avec ses nombreuses rencontres avec Yasser Arafat, ce sont autant de gages apportés par le souverain pontife au dialogue avec le monde musulman.
Ce pays situé aux confins de la Russie et de la Chine compte aussi d'importantes minorités ethniques chrétiennes. Les Russes orthodoxes sont les plus nombreux, avec environ 6 millions de fidèles. La communauté catholique est, elle, plus réduite : 300 000 personnes, pour la plupart des Allemands et des Polonais. Durant la seconde guerre mondiale, 800 000 Allemands de la Volga et 100 000 Polonais furent déportés par les soldats de l'Armée Rouge vers ces steppes du Kazakhstan. Paradoxe de l'Histoire : ce sont les répressions staliniennes qui ont, de fait, permis à l'Eglise catholique d'évangéliser ce pays. Le communisme s'est effondré, mais le Pape, malgré sa fatigue de plus en plus évidente à 81 ans, est toujours là. Ce symbole, dans un pays fier de son indépendance, ne manque pas de force. Jean Paul II vient réconforter cette petite minorité catholique. Il devrait, outre des références très probables à la situation internationale, rappeler son message de paix, de dialogue entre les peuples et de liberté religieuse.
Quant à la seconde étape de ce 95ème périple, elle le mènera, mardi, en Arménie qui fête le 1 700ème anniversaire de son baptême. Avant même la paix de l'Empereur Constantin, ce petit pays, viscéralement attaché à son identité malgré les nombreuses guerres auxquelles sa position géographique l'a explosé dans son histoire, fut le premier à proclamer le Christianisme religion d'Etat. Les catholiques, là aussi, ne sont qu'une minorité face à la principale confession, l'Eglise apostolique arménienne. Cette visite aurait dû se dérouler, il y a deux ans, mais le Pape avait alors été contraint de l'annuler en raison de l'état de santé critique du catholicos Karékine I, chef de l'Eglise apostolique, décédé en 1999. C'est son successeur, Karékine II, qui va recevoir le Pape et l'accompagner durant 48 heures. Les Arméniens, qu'ils soient au pays où dispersés aux quatre coins du monde dans la diaspora, vont suivre avec attention cette visite. Avec une attente toute particulière : la reconnaissance par le Pape du génocide de 1915.
par Laurent Morino
Article publié le 22/09/2001