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Attentats

Les enquêteurs peinent à remonter les pistes

Deux semaines après les attaques terroristes du 11 septembre, le FBI et la CIA poursuivent une enquête tous azimuts sans parvenir à faire le lien avec le chef islamiste Oussama Ben Laden, officiellement désigné comme responsable des attentats.
L'Amérique a désigné le coupable, le milliardaire d'origine saoudienne Oussama Ben Laden, ennemi public n°1 que le président Bush veut «mort ou vif». Mais pour l'instant, les enquêteurs n'ont pas réussi à établir sa culpabilité. Explorant d'innombrables pistes, des milliers de policiers du FBI effectuent un travail de fourmi. Ils tentent, avec l'aide de nombreuses polices étrangères, de recouper les informations qui leur permettraient de reconstituer l'itinéraire des pirates qui ont pris le contrôle des quatre avions, remonter les complicités et les réseaux pour, enfin, trouver qui est le commanditaire. En vain, pour l'instant.

Après la publication très médiatisée des noms de dix-neuf kamikazes, photos à l'appui, plusieurs des personnes désignées, notamment des Saoudiens, se sont rapidement signalées comme étant bien en vie et totalement étrangères à l'affaire. Trois terroristes au moins avaient des papiers volés, ou avaient emprunté des patronymes très répandus dans certains pays arabes. La plupart des autres auraient été identifiés comme originaires des Emirats, d'Egypte, et surtout d'Arabie saoudite.

Attentats au camion piégé

Rapidement, les policiers ont découvert que les suspects vivaient aux Etats-Unis depuis des mois ou même des années, ayant peu de contacts entre eux, déménageant souvent et se montrant discrets. Sept d'entre eux ont séjourné en Floride pour y suivre des cours de pilotage. Parallèlement, l'enquête s'étendait à l'étranger, notamment à Hambourg, en Allemagne, l'une des plaques tournantes des réseaux islamistes en Europe, où trois pirates avaient vécu avant d'aller aux Etats-Unis. Parmi eux, Mohamed Atta, un Egyptien de trente-trois ans, coordinateur présumé des attaques, et soupçonné d'avoir pris les commandes du premier Boeing qui s'est écrasé contre le World Trade Center.

D'autres avions devaient-ils être piratés ? Au moins deux, semble-t-il, puisqu'on a retrouvé des cutters cachés dans les sièges de deux avions cloués au sol après les attaques. D'autres formes d'action étaient-elles envisagées ? Faut-il craindre une récidive, et sous quelle forme ? Les enquêteurs cherchent actuellement à déterminer si des terroristes avaient planifié des attentats au camion piégé. Au total, dix personnes ont été arrêtées dans ce cadre, dont cinq à Detroit. L'enquête se dirige aussi vers de possibles attaques aux produits toxiques, notamment par le biais d'avions d'épandage.

Les policiers et les hommes de la CIA ont noté des similitudes entre les attaques du 11 septembre et de précédents attentats attribués à Oussama Ben Laden. Celui, par exemple, commis avec une camionnette piégée au World Trade Center en 1993. En outre, l'un des dix-neuf pirates aurait été filmé, en 1999 ou 2000, en Malaisie, en compagnie de deux hommes soupçonnés dans l'attentat suicide contre le navire USS Cole (17 morts dans le port d'Aden au Yémen). Selon les autorités américaines, l'organisation de Ben Laden, Al Qaida, a les moyens humains et logistiques pour mener une opération multiforme comme celle du 11 septembre. Elle en a aussi les moyens financiers. Si c'est elle, par quels circuits l'argent est-il parvenu aux Etats-Unis ? L'enquête sur le financement des attentats, qui a pris une dimension internationale, tente de percer le mystère.

Depuis les attentats du 11septembre, le niveau de protection des intérêts américains dans le monde s'est encore accru. Dans certains pays d'Europe, l'étau se resserre sur les réseaux islamistes présumés. En France, sept hommes ont été arrêtés la semaine dernière et mis en examen mardi. Ils sont soupçonnés d'avoir préparé un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris. En Belgique, deux islamistes présumés, liés à un réseau européen et dont l'arrestation le 20 septembre à Bruxelles avait conduit à la découverte d'un stock de produits chimiques, ont été maintenus mercredi en détention pour au moins un mois.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 27/09/2001