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Russie

Poutine trouve du soutien

En affirmant, il y a quelques mois, vouloir poursuivre les terroristes jusque dans les toilettes, le président russe s'était attiré les foudres de l'Occident. Car cela fait longtemps que Vladimir Poutine considère les indépendantistes tchétchènes comme des «coupeurs de têtes» et l'intégrisme musulman comme un «cancer» à éradiquer. Les attentats du 11 septembre sont l'occasion pour le président russe de justifier sa vieille lutte contre le terrorisme international.
Quelques heures après les événements tragiques qui ont frappé les villes de New York et de Washington, Vladimir Poutine s'est adressé au peuple américain. Dans une allocution télévisée, il a déclaré: «Nous sommes avec vous, nous partageons votre douleur, nous vous soutenons». Avant d'appeler la communauté internationale à s'unir pour combattre «la peste du XXIe siècle».

Dès le lendemain matin, c'est Igor Ivanov qui a proposé l'aide de la Russie. Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que tout serait fait à Moscou pour permettre d'identifier les auteurs des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone. La solidarité russe s'est également manifestée par la proposition d'envoyer sur place des avions sanitaires et des équipes de sauveteurs. Enfin, le chef du Kremlin a décrété une minute de silence sur tout le territoire, devançant d'une journée les pays membres du Conseil de l'Europe.

Même si la Tchétchénie continue de diviser, la réunion qui s'est tenue jeudi à Bruxelles a été un rare exemple d'unanimité. Pour la première fois, Moscou s'est alignée sur l'Otan pour combattre le «fléau du terrorisme». L'ennemi commun, c'est Oussama Ben Laden, le milliardaire d'origine saoudienne réfugié en Afghanistan, accusé depuis des années par Moscou de financer les combattants indépendantistes tchétchènes. En mai 2000, la Russie avait même menacé de frapper des camps d'entrainement soutenus par le régime des talibans mais les Occidentaux avaient appelé Moscou à la retenue. Aujourd'hui, les Américains se tournent vers les Russes en reconnaissant que ces derniers pourraient leur être très utiles pour progresser dans leur enquête.

Ce nouveau contexte place d'ailleurs le président russe devant un choix: depuis son élection аu Kremlin, Vladimir Poutine s'est rapproché de certains pays qualifiés de «voyous» par les Etats Unis, tels l'Iran ou l'Irak. Si le dirigeant russe s'implique totalement aux côtés de Washington dans sa lutte contre les extrêmistes musulmans, il ne pourra plus entretenir ses liens traditionnels avec les pays arabes. D'ailleurs, il n'est pas du tout certain que les Russes acceptent de frapper d'autres pays que l'Afghanistan, une option pourtant envisagée par les Américains.

Les Russes derrière leur président

Les Russes ont montré un vaste élan de solidarité vis à vis des Etats-Unis alors qu'ils sont en général plutôt critiques sur la politique américaine. L'opinion la plus répandue dans le pays, c'est qu'il ne faut pas négocier avec les terroristes. Car, pour les Russes, le sujet n'est pas de la simple théorie: les attentats de septembre 1999 sont encore dans toutes les mémoires. Il y a deux ans exactement, deux immeubles d'habitation avaient explosé, à quelques jours d'intervalle, dans la banlieue de Moscou, faisant plus de 200 morts. C'est après cette vague de violence, attribuée sans preuve aux extrêmistes musulmans, que les autorités du Kremlin avaient déclaré la guerre à la république indépendantiste tchétchène.

Alors, depuis mardi, les Russes ont enfin l'impression d'être compris par la communauté internationale et par les Américains. Dans la soirée du 11 septembre, quelques heures seulement après les attentats, ils sont venus nombreux apporter des fleurs ou des cartes postales de Manhattan, sur la grille de l'ambassade des Etats-Unis. Quelqu'un a même accroché une pancarte avec ces mots: «Etats-Unis, nous sommes avec vous».



par A Moscou, Caroline  OLIVE

Article publié le 15/09/2001