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Droits de l''enfant

Roumanie : les mineurs face à la justice

Si le code pénal prévoit, en Roumanie comme dans beaucoup de pays des dispositions spécifiques pour les mineurs confrontés à la justice, la réalité est tout autre. Il n'existe qu'un seul juge, qu'une seule chambre spécialisée, et pas de policiers spécifiquement formés, à l'exception de quelques rares bonnes volontés qui après un séminaire de sensibilisation organisé par la Fondation Terre des Hommes ont décidé de se regrouper pour tenter de développer une véritable justice juvénile. Ainsi est née l'association Jean Valjean.
Reporteur
Patrick Adam, 20 novembre 2001, 15 min


Selon les chiffres de la Direction Générale Pénitentiaire, 1483 mineurs sont actuellement détenus en Roumanie. Un chiffre sans doute sous évalué si l'on en croit les professionnels. Outre la prison de Craiova, le principal lieu de détention est le centre de rééducation de Gaesti, à une centaine de kilomètres de Bucarest : vaste complexe en cours de réfection, encerclé d'une enceinte d'où ne dépassent que les miradors et leurs soldats en armes. 300 adolescents y sont emprisonnés avec à la différence d'une prison, l'obligation d'obtenir une qualification avant libération. Ces jeunes sont originaires de tout le pays, et les trois quarts ne reçoivent jamais la visite de leur famille. Les conditions de détention y sont difficiles, les vexations fréquentes. Seule touche d'humanité, la venue plusieurs jours par semaine de Sorana, une assistante sociale salariée de Terre des Hommes.

Cette ONG développe en effet depuis 4 ans un programme d'assistance aux mineurs en conflit avec la loi. Outre cette prise en charge par Sorana de quelques dizaines de jeunes incarcérés, Terre des Hommes a prioritairement mis en place une assistance juridique. Partant du constat qu'il y a trop de mineurs en prison et pour trop de temps, une avocate, Ana Vadan, épaulée d'une assistante sociale tente chaque jour d'éviter que pour un petit délit, un adolescent ne se retrouve derrière les barreaux. Pas facile, dans la mesure où les alternatives à la détention, si elles existent parfois dans les textes demeurent ignorés des juges qui par habitude autant que par facilité ou ignorance condamnent sans nuances à la détention des jeunes pour qui cette privation de liberté, sans accompagnement pédagogique prévu, sera avant tout l'école du crime.

Bernard Boeton, responsable du secteur «Droits de l'Enfant» à la Fondation Terre des Hommes à Lausanne en est persuadé : la justice des mineurs est un problème universel, où la volonté politique prime sur la question des moyens. Il le répète à l'envie : «embaucher 50 travailleurs sociaux coûtent moins cher que de construire une prison



par Patrick  Adam

Article publié le 21/11/2001