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Guerre d''Algérie

Aussaresses confronté à ses accusateurs

Poursuite du procès du général Aussaresses, cet officier de 83 ans jugé pour «apologie de crime de guerre» pour avoir avoir révélé en détail dans un livre les pratiques de la torture par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. De leur côté, les parties civiles invitent de leur côté l’Etat français à faire son examen de conscience et à lever le tabou sur ces années troubles.
Se sont succédés à la barre des témoins, au cours de la première journée lundi, une ex-militante du FLN qui a subi sévices, viols et tortures pendant près de deux mois lors de la guerre d’indépendance. Louisette Ighilahriz a raconté son calvaire subi en 1957 et que lui ont infligé des hommes de la 10 e division parachutiste, sans que le général Aussaresses ait lui-même été impliqué dans ces actes. Ensuite, l’historien Pierre Vidal-Naquet a estimé que le récit écrit de l’officier « rend service dans la mesure où sur certains points il apporte du nouveau », tout en regrettant l’absence de remords de l’officier. Même regrets pour les parties civiles et associations, comme la FIDH ou le MRAP.

Dans son livre confession « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 », publié en mai dernier chez Plon, l’officier, ancien résistant durant l’Occupation, a décrit minutieusement le fonctionnement de la répression de l’armée française contre les militants indépendantistes algériens. Il relate des faits commis d’abord à Philippeville, qui remontent à la bataille d’Alger, en 1956 et 1957, lorsque les militaires se sont vus confier les pleins pouvoirs par le gouvernement de l’époque, où François Mitterrand occupait le poste de ministre de la Justice. Leurs objectifs, précise le général Aussaresses, étaient de mettre fin à la vague d’attentats. Tous les moyens étaient bons : arrestations, tortures, exécutions sommaires.

Une amnistie «inacceptable» pour les parties civiles

Il explique même avoir, cette même année, exécuté le dirigeant nationaliste Larbi Ben M’Hidi, en maquillant le crime en suicide. La famille de celui-ci, notamment son petit-neveu et sa nièce, demandent réparation et justice «au plus haut niveau». Selon les proches, il est important de faire évoluer la jurisprudence qu’ils considèrent «figée».

Dès la parution du livre, les parties civiles ont aussitôt porté plainte pour «crimes contre l’humanité». Mais à ce jour les plaintes n’ont pas abouti car elles se heurtent à des obstacles juridiques majeurs. La justice française considère que les crimes commis pendant les «événements» d’Algérie sont soit prescrits, soit tombant sous la loi d’amnistie de 1968.

Par ailleurs elle reconnaît la notion de « crimes contre l’humanité que pour des faits commis pendant la seconde guerre mondiale. Pour Slougi Faouzia, la nièce de Larbi Ben M’Hidi, la loi de l’amnistie est «inacceptable». Enfin Louisette Ighilahriz, rescapée de l’innommable réclame «une condamnation politique et une réparation morale pour qu’on puisse faire notre deuil».





par Sylvie  Berruet

Article publié le 27/11/2001