Guerre d''Algérie
Procès Aussaresses: «une brèche qui s’ouvre»
Cent mille francs d’amende ont été requis contre le général Aussaresses pour « complicité d’apologie de crimes de guerre » pour avoir justifié dans un livre la torture et les exécutions sommaires pendant la guerre d’Algérie. Les éditeurs de cet ouvrage «Services spéciaux, Algérie 1955-1957» sont également poursuivis. Le tribunal correctionnel de Paris a mis son jugement en délibéré au 25 janvier prochain. Dans ce livre, l’officier relate l’assassinat maquillé en suicide du dirigeant nationaliste Larbi Ben M’Hidi. Sa nièce, Faouzia Slougui, répond à nos questions.
RFI : Vous n’êtes pas partie civile dans ce procès mais vous avez assisté à ce procès. Quelle est votre première réaction ?
Faouzia Slougui : sur un plan personnel, j’ai vécu cela de façon très dure. Entendre relater l’assassinat de mon oncle à plusieurs reprises, cela fait ressurgir des souvenir extrêmement douloureux, sinon on n’attendait pas grand chose de ce procès qui était néanmoins très important parce que c’est le premier procès intenté à un criminel de la guerre d’Algérie même si ce n’était que pour ses écrits et non pour ses actes. C’est quand même une brèche qui s’ouvre.
RFI : Vous demandez la levée de l’amnistie qui couvrent les «crimes de guerre» et vous portez plainte pour «crimes contre l’humanité». Avez-vous l’espoir d’être entendue ?
F. S : C’est un combat de longue haleine, extrêmement difficile, nous savons que les obstacles sont très nombreux devant nous mais notre revendication est la levée de l’amnistie sur de tels crimes, ce sont des crimes contre l’humanité et par définition ils ne sont pas amnistiables. Ce que nous constatons c’est que à la tête de l’Etat, on exprime des sentiments d’horreur, d’indignation à la suite de la parution de l’ouvrage d’Aussaresses mais les sentiments ne sont pas suivis de faits. Ce que nous attendons c’est que des décisions soient prises, que certaines lois d’amnistie soient revues, que la justice française s’engage à nous rendre justice et à prendre en charge notre plainte. Il ne s’agit pas de petits soldats, de simples lampistes. C’est le beau linge qui est sale. Aussaresses ne serait que le bras armé qui n’a fait qu’exécuter des ordres venus d’en haut , de la tête de l’Etat et du gouvernement de l’époque.
RFI : Les éditeurs du livre d’Aussaresses sont eux aussi poursuivis. En quoi est-ce important de publier ce type d’ouvrage ?
F.S : C’est malheureux à dire mais on en viendrait presque à remercier les éditeurs et même l’auteur de cet ouvrage. Le général Aussaresses est un tortionnaire, un bourreau mais il dit la vérité. Ce que je peux reprocher aux éditeurs, c’est leur commentaire un peu complaisant sur l’ouvrage et les avertissements ne sont pas suffisamment nuancés pour bien faire comprendre à un lecteur qui ne serait pas vraiment averti ou documenté, que c’est un ouvrage abject, des actes abjects qui sont décrits là-dedans, et qu’il s’agit de crimes contre l’humanité. Il ne faut pas présenter cet ouvrage comme un ouvrage historique. En dehors des conditions dans lesquelles mon oncle Larbi Ben M’Hidi a été assassiné, le reste était su. Il y a encore pourtant des choses à apprendre dans cette affaire et il reste encore de points sombres sur cet assassinat.
Faouzia Slougui : sur un plan personnel, j’ai vécu cela de façon très dure. Entendre relater l’assassinat de mon oncle à plusieurs reprises, cela fait ressurgir des souvenir extrêmement douloureux, sinon on n’attendait pas grand chose de ce procès qui était néanmoins très important parce que c’est le premier procès intenté à un criminel de la guerre d’Algérie même si ce n’était que pour ses écrits et non pour ses actes. C’est quand même une brèche qui s’ouvre.
RFI : Vous demandez la levée de l’amnistie qui couvrent les «crimes de guerre» et vous portez plainte pour «crimes contre l’humanité». Avez-vous l’espoir d’être entendue ?
F. S : C’est un combat de longue haleine, extrêmement difficile, nous savons que les obstacles sont très nombreux devant nous mais notre revendication est la levée de l’amnistie sur de tels crimes, ce sont des crimes contre l’humanité et par définition ils ne sont pas amnistiables. Ce que nous constatons c’est que à la tête de l’Etat, on exprime des sentiments d’horreur, d’indignation à la suite de la parution de l’ouvrage d’Aussaresses mais les sentiments ne sont pas suivis de faits. Ce que nous attendons c’est que des décisions soient prises, que certaines lois d’amnistie soient revues, que la justice française s’engage à nous rendre justice et à prendre en charge notre plainte. Il ne s’agit pas de petits soldats, de simples lampistes. C’est le beau linge qui est sale. Aussaresses ne serait que le bras armé qui n’a fait qu’exécuter des ordres venus d’en haut , de la tête de l’Etat et du gouvernement de l’époque.
RFI : Les éditeurs du livre d’Aussaresses sont eux aussi poursuivis. En quoi est-ce important de publier ce type d’ouvrage ?
F.S : C’est malheureux à dire mais on en viendrait presque à remercier les éditeurs et même l’auteur de cet ouvrage. Le général Aussaresses est un tortionnaire, un bourreau mais il dit la vérité. Ce que je peux reprocher aux éditeurs, c’est leur commentaire un peu complaisant sur l’ouvrage et les avertissements ne sont pas suffisamment nuancés pour bien faire comprendre à un lecteur qui ne serait pas vraiment averti ou documenté, que c’est un ouvrage abject, des actes abjects qui sont décrits là-dedans, et qu’il s’agit de crimes contre l’humanité. Il ne faut pas présenter cet ouvrage comme un ouvrage historique. En dehors des conditions dans lesquelles mon oncle Larbi Ben M’Hidi a été assassiné, le reste était su. Il y a encore pourtant des choses à apprendre dans cette affaire et il reste encore de points sombres sur cet assassinat.
par Propos recueillis par Sylvie Berruet
Article publié le 29/11/2001