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Paris reçoit le père du mouvement du logiciel libre

En tournée en Europe, Richard Stallman, le fondateur et actuel président de la Fondation du Logiciel Libre (FSF), a tenu, cette semaine à Paris, une série de conférences à l’Assemblée nationale et dans les universités françaises. L’occasion pour ce José Bové de la technologie de revenir sur les menaces qui pèsent en Europe sur l’informatique libre.
Il est considéré comme le père du mouvement du logiciel libre. Le succès de Linux conçu en 1991 par le Finlandais Linus Torvalds est en majeure partie le succès de cet informaticien américain, dont la notoriété n’a pas dépassé le cercle restreint des initiés du réseau. Linux n’aurait pas vu le jour sans les efforts de Richard Stallman. En effet, cette idée du logiciel libre vient des Etats-Unis. En 1984, cet ex-membre du laboratoire d’intelligence artificielle du MIT crée la Fondation du Logiciel Libre (Free Software Foundation) et lance le premier projet de grande envergure du logiciel libre baptisé «GNU». Objectif : développer un système d’exploitation complet distribué en tant que logiciel libre. Dans le cadre du projet GNU, il écrit la General Public Licence (GPL) qui spécifie les conditions de diffusion et la base légale des logiciels libres.

Les menaces qui pèsent en Europe sur l’informatique libre ont été au centre des conférences-débats de ce José Bové de la technologie. Une question qu’il a abordé lors de son entretien avec Noel Mamère, le candidat des Verts à la présidentielle, et qui mobilise à l’heure actuelle, toutes les associations de défense des logiciels libre. En effet, un projet de directive de l’Union européenne envisage d’introduire en Europe les brevets sur les logiciels comme c’est déjà le cas outre-atlantique. Les cheveux longs, le teint pâle, la voix parfois hésitante en français, Richard Stallman revient sur ces menaces : «Les programmes font partie du patrimoine de l’humanité. La situation est très préoccupante. Les brevets, c’est comme marcher sur des champs de mine,». Il parle en connaissance de cause, puisqu’aux Etats-Unis, plus de 20 000 brevets concernant l’informatique sont déposés chaque année, et actuellement seuls les grands éditeurs ont réellement les moyens financiers de déposer des brevets, et de le défendre.

Liberté, Egalité, Fraternité

«Mais ce n’est pas la seule menace qui pèse sur l’esprit du libre», explique-il. Plus qu’une technologie, le logiciel libre est en passe de devenir un business. Pendant un moment, avec l’arrivée des standards ouverts, on a vraiment cru qu’il était possible de vivre l’informatique différemment, pour finalement s’apercevoir que les même les standards libres ont été récupérés par le commerce. Pour le meilleur ou pour le pire... L’informatique libre coexiste désormais avec une industrie visant le profit. Y-a-t-il quelque chose à regretter? Réponse de Richard Stallmann : «Notre devise à la Free Software Foundation, c’est Liberté, Egalité, Fraternité. Du côté de Linux, c’est plutôt Rentabilité, Efficacité, Fiabilité». Avec près de 20 millions d’utilisateurs, l’arrivée en bourse des titres Linux s’est faite dans une certaine allégresse. Les géants Intel et IBM ont, eux, aussi choisi Linux pour leurs serveurs web. Idem pour Microsoft, lors des plaidoiries de son procès antitrust, les avocats du groupe de Seattle n’ont pas hésité pour justifier la concurrence acharnée qui règne dans le secteur informatique, à présenter Linux comme une technologie rivale.

Richard Stallman rejette cette vision quelque peu manichéenne : «Le mouvement du logiciel libre n’existe pas pour contrarier Microsoft, le logiciel libre existe par rapport au logiciel propriétaire,» Pour lui, le bad guy n’est pas comme on pourrait l’imaginer, Bill Gates, mais plutôt George W.Bush, et ces nouvelles lois votées dans la foulée des attentats du 11 septembre qui réduisent la liberté sur Internet :«l’administration Bush, c’est beaucoup plus dangereux que le terrorisme. L’Amérique des multinationales ne valorise plus la liberté, je suis en deuil pour l’esprit de la liberté». Une position jusqu’auboutiste qu’il n’hésite pas à revendiquer haut et fort sur sa page personnelle stallman.org.




par Myriam  Berber

Article publié le 27/11/2001