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Proche-Orient

En attendant les représailles israéliennes ?

Au lendemain des attentats de Jérusalem et d’Haïfa, l’Autorité palestinienne a arrêté plus d’une centaine de militants islamistes. Alors qu’Israël continue de considérer Yasser Arafat comme responsable de la tragédie, Ariel Sharon doit réunir son gouvernement dès ce lundi soir pour définir la riposte à adopter.
La série d’attentats qui a frappé Israël le week-end dernier a ravivé les tensions au Proche-Orient et a mis l’Autorité palestinienne et surtout son leader Yasser Arafat dans une situation pour le moins délicate. Les condamnations internationales ont été unanimes : les dirigeants de nombreux pays et de l’Onu, au premier rang desquels George W. Bush et Kofi Annan ont exhorté le dirigeant palestinien à faire des efforts significatifs pour freiner cette frénésie de violence. Le président français Jacques Chirac a exprimé, quant à lui, son «immense émotion» devant les attentats et les a condamné «sans réserve». Le secrétaire général du Conseil de l’Europe a aussi dit son inquiétude devant «l’enchaînement infernal des violences qui, chaque jour davantage, éloigne deux peuples d’un règlement pacifique de leur conflit».

Au terme du week-end, l’Autorité palestinienne semblait avoir compris le message : confrontée à d’intenses pressions américaines et israéliennes, elle a décrété l’état d’urgence dans la bande de Gaza et en Cisjordanie tout en considérant «comme illégal (…) ceux qui revendiquent ces attaques et attentats contre des civils israéliens». Ainsi la mouvance de Yasser Arafat est passée à l’acte : plus d’une centaine de militants islamistes ont été interpellés dont au moins 77 membres du Hamas et du Djihad Islamique en Cisjordanie et 35 dans la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne est même allée plus loin en exprimant «sa profonde colère et sa douleur» et en accusant les auteurs du drame de vouloir saboter la mission de médiation actuellement menée par l’ancien général américain Anthony Zinni. Malgré l’interdiction de rassemblements publics, un millier de partisans de l’organisation extrémiste Hamas - qui a revendiqué les attentats - ont appelé à de nouveaux attentats suicides contre Israël, lundi matin lors des obsèques de l’un des leurs dans la bande de Gaza.

Intervention télévisée et réunion extraordinaire

Tous ces efforts de l’Autorité palestinienne suffiront-ils à calmer Israël ? Probablement pas. Shimon Peres, ministre israélien des Affaires étrangères a souligné non sans ironie que «Arafat serait jugé sur ses actes, pas sur ses déclarations». Ariel Sharon de retour, ce lundi matin, d’une visite aux Etats-Unis écourtée en raison des attentats, a décidé de convoquer le gouvernement israélien en session extraordinaire dès ce soir pour décider de la riposte. «Tout le gouvernement a été convoqué pour décider comment agir» a déclaré un très haut responsable qui a voulu garder l’anonymat. Cet homme a également accusé Yasser Arafat d’être «à la tête d’une coalition terroriste» estimant qu’il ne fallait accorder aucun crédit à ses engagements de frapper les organisations extrémistes. «Arafat n’est pas irremplaçable» a-t-il tenu à souligner sans toutefois fournir d’autres explications. Par ailleurs, le Premier ministre israélien va s’adresser à ses compatriotes dans une allocution télévisée à 17H30 TU.

Après ces événements, la police israélienne a été placée en état d’alerte face aux risques de nouveaux attentats et le Shin Beth - la sécurité intérieure israélienne - a déjà préparé des projets de ripostes aux attentats de ce week-end qui ont fait une trentaine de morts et 220 blessés. Dans l’immédiat, Israël a renforcé les restrictions sur les déplacements en Cisjordanie, interdisant aux véhicules palestiniens de circuler dans les zones sous contrôle partiel ou total des Israéliens. Plusieurs villes sous contrôle palestinien ont par ailleurs été bouclées par l’armée israélienne, leurs résidents ne pouvant plus entrer ou sortir.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 03/12/2001