Espace
La «Nasa» française souffle ses 40 bougies
Il y a quarante ans, au mois de décembre 1961, le général de Gaulle décide de doter la France d’un nouvel outil : destination, l’espace. Le fondateur de la Ve République crée le Cnes (le Centre national d’études spatiales). But : appartenir, au même titre que les Soviétiques et les Américains, au club des grandes puissances dans le domaine de l’exploration spatiale. Quarante après, les enjeux de la compétition ne sont plus les mêmes.
Au début des années soixante, la France n’entend pas rester en arrière dans le domaine de la conquête spatiale et veut affirmer sa puissance. D’autant qu’en 1957, les Soviétiques ont lancé leur premier satellite artificiel, Spoutnik 1. C’est le début de la conquête spatiale, alors que la guerre froide sévit dans le monde. C’est l’époque où c’est également un Russe, Youri Gagarine, qui effectue un vol historique en quittant la Terre pour l’apesanteur. Déjà, une première dans l’histoire de l’humanité. Une histoire à laquelle, très rapidement, les Américains s’associent, en lançant leur premier satellite depuis la base de Cap Canaveral, en Floride. Et dont le point d’orgue, imaginé, déjà par le président John Kennedy, se concrétise, en 1969, avec le premier pas posé sur la Lune par un autre Américain, Neil Armstrong. Une grande première qui restera dans toutes les mémoires.
En fait, la politique spatiale française n’a pas débuté tout à fait en 1961 avec la création du Cnes. Comme les Etats-Unis et l’URSS, la France recrute dès 1945, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, des ingénieurs allemands, pères des fusées V2, qui bombardèrent, entre autres, Londres. Il seront à l’origine du premier engin balistique français, Véronique, lancé en 1952 depuis la base algérienne d’Hammaguir. Mais tout est à imaginer car, malgré les efforts menés par la France dans ce domaine, Paris est encore incapable de rivaliser avec les deux grandes puissances que sont alors l’URSS et les Etats-Unis.
L’Europe spatiale devient réalité
Pour mener à bien sa politique spatiale, la France doit se doter d’un site de lancement: ce sera Kourou, en Guyane française, avec sa façade atlantique, et ses plages, sans zone habitée. Une région idéale pour les responsables scientifiques, qui expliquent que ce site permettra de lancer des fusées en profitant de l’effet de fronde de la rotation de la Terre. Et c’est depuis la base de Kourou que vont démarrer les premières expériences françaises, avec, au départ, toute la famille des lanceurs Diamant. Le rêve du général de Gaulle prend alors tournure et il est poursuivi par son successeur, Georges Pompidou. Mais, très vite, les responsables français comprennent qu’ils ne parviendront pas, seuls, à rivaliser avec les deux superpuissances et décident de changer d’échelle en s’appuyant sur l’Europe. On ne se contente plus de lancer des sondes scientifiques, on pense aux satellites de communications.
Dans le cadre d’une coopération étroite entre la France et l’Allemagne, est lancé le projet Symphonie. Avec la collaboration des Belges, ce sera la fusée Europa 2 qui devait permettre au vieux continent d’accéder à l’orbite géostationnaire. Mais, devant les échecs de cette tentative, et la mauvaise humeur de l’Amérique, l’Europe spatiale devient réalité, avec le début des lancements des fusées Ariane, dont le Centre national d’études spatiales (Cnes) deviendra le fer de lance. Certes, on n’en est pas aux navettes américaines, mais c’est bien Ariane qui a propulsé la France et l’Europe dans l’espace en tant qu’acteur majeur. En 2001, avec Ariane, l’Europe détient la première fusée commerciale du monde.
Reste maintenant à savoir comment évoluera le Cnes, avec un budget qui fait figure de nain par rapport à celui dont bénéficie la Nasa (huit fois plus), et quel sera la part que la France consacrera à l’Agence spatiale européenne (ESA). Certes, en quarante ans et plus, le monde de l’espace a beaucoup changé. Les espoirs de certains ont été déçus: après avoir conquis la Lune dans une offensive éclair, l’homme s’est arrêté sur le chemin des étoiles. Il est revenu vers sa planète natale, où les techniques spatiales ont été, et restent appliquées aux problèmes terrestres. Les satellites d’observation jouent un rôle décisif pour la météo et pour la protection de l’environnement: surveillance de l’effet de serre, prévention des catastrophes naturelles, gestion de l’eau, des forêts. Dans ce domaine, nul doute que la France a acquis une grande position scientifique et technologique, dont le lanceur Ariane est le meilleur exemple.
En fait, la politique spatiale française n’a pas débuté tout à fait en 1961 avec la création du Cnes. Comme les Etats-Unis et l’URSS, la France recrute dès 1945, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, des ingénieurs allemands, pères des fusées V2, qui bombardèrent, entre autres, Londres. Il seront à l’origine du premier engin balistique français, Véronique, lancé en 1952 depuis la base algérienne d’Hammaguir. Mais tout est à imaginer car, malgré les efforts menés par la France dans ce domaine, Paris est encore incapable de rivaliser avec les deux grandes puissances que sont alors l’URSS et les Etats-Unis.
L’Europe spatiale devient réalité
Pour mener à bien sa politique spatiale, la France doit se doter d’un site de lancement: ce sera Kourou, en Guyane française, avec sa façade atlantique, et ses plages, sans zone habitée. Une région idéale pour les responsables scientifiques, qui expliquent que ce site permettra de lancer des fusées en profitant de l’effet de fronde de la rotation de la Terre. Et c’est depuis la base de Kourou que vont démarrer les premières expériences françaises, avec, au départ, toute la famille des lanceurs Diamant. Le rêve du général de Gaulle prend alors tournure et il est poursuivi par son successeur, Georges Pompidou. Mais, très vite, les responsables français comprennent qu’ils ne parviendront pas, seuls, à rivaliser avec les deux superpuissances et décident de changer d’échelle en s’appuyant sur l’Europe. On ne se contente plus de lancer des sondes scientifiques, on pense aux satellites de communications.
Dans le cadre d’une coopération étroite entre la France et l’Allemagne, est lancé le projet Symphonie. Avec la collaboration des Belges, ce sera la fusée Europa 2 qui devait permettre au vieux continent d’accéder à l’orbite géostationnaire. Mais, devant les échecs de cette tentative, et la mauvaise humeur de l’Amérique, l’Europe spatiale devient réalité, avec le début des lancements des fusées Ariane, dont le Centre national d’études spatiales (Cnes) deviendra le fer de lance. Certes, on n’en est pas aux navettes américaines, mais c’est bien Ariane qui a propulsé la France et l’Europe dans l’espace en tant qu’acteur majeur. En 2001, avec Ariane, l’Europe détient la première fusée commerciale du monde.
Reste maintenant à savoir comment évoluera le Cnes, avec un budget qui fait figure de nain par rapport à celui dont bénéficie la Nasa (huit fois plus), et quel sera la part que la France consacrera à l’Agence spatiale européenne (ESA). Certes, en quarante ans et plus, le monde de l’espace a beaucoup changé. Les espoirs de certains ont été déçus: après avoir conquis la Lune dans une offensive éclair, l’homme s’est arrêté sur le chemin des étoiles. Il est revenu vers sa planète natale, où les techniques spatiales ont été, et restent appliquées aux problèmes terrestres. Les satellites d’observation jouent un rôle décisif pour la météo et pour la protection de l’environnement: surveillance de l’effet de serre, prévention des catastrophes naturelles, gestion de l’eau, des forêts. Dans ce domaine, nul doute que la France a acquis une grande position scientifique et technologique, dont le lanceur Ariane est le meilleur exemple.
par Pierre DELMAS
Article publié le 23/12/2001