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Monnaie unique européenne

L’euro, c’est parti !

Après trois années d’existence virtuelle, la monnaie unique européenne est entrée en circulation le 1er janvier 2002 à 00h00 dans les douze pays de la zone euro. Un bouleversement historique, qui est aussi une révolution dans la vie quotidienne de 304 millions d’Européens.
«Vous avez la monnaie ?», demande un client en tendant un billet de vingt euros à un buraliste parisien. Réponse assurée du commerçant, qui calcule sans hésiter et rend la monnaie en euros : «Bien sûr ! on a prévu en conséquence». C’est ensuite une dame qui, voulant écouler ses dernières pièces en francs, achète ses cigarettes en faisant l’appoint. Ce mardi 1er janvier au matin, les échanges sont presque aussi rapides que la veille, quand seul le franc circulait encore.

Il faut dire qu’aux premières heures de la matinée, après une nuit de réveillon, l’affluence restait modeste dans ce bar-tabac de l’ouest de la capitale française. Dans l’ensemble de la zone euro, les citoyens des douze pays ont pu commencer à s’approvisionner en nouvelles coupures bien avant l’aube. De nombreux fêtards se sont précipités dès minuit vers les distributeurs de billets. En France, on dénombrait environ 450 000 retraits de billets à 9h00 du matin. Les associations bancaires s’attendaient à plus de 2 millions de retraits pour l’ensemble de la journée, soit quatre fois plus qu’un 1er janvier normal.

Les inquiets et les confiants

L’arrivée des pièces et des billets en euros a été célébrée par tous les dirigeants européens, du président français Jacques Chirac au chancelier allemand Gerhard Schroeder, de la présidente du Parlement européen Nicole Fontaine au Premier ministre espagnol Jose Maria Aznar, dont le pays vient de prendre la présidence de l’Union européenne. Dans les douze capitales, des festivités avaient été organisées, feux d’artifice, concerts, spectacles son et lumière. «C'est un changement radical dans l'histoire européenne. L'Europe sera beaucoup plus forte», a déclaré peu après minuit le président de la Commission européenne Romano Prodi, en achetant des fleurs à Vienne avec des euros.

Pendant plusieurs semaines, clients et commerçants vont devoir jongler avec deux monnaies et aiguiser leurs facultés de conversion. Certains sont inquiets, d’autres confiants. La durée maximale de double circulation est variable selon les pays. Dans la majorité des cas, elle sera de quatre à six semaines. C’est mercredi, avec l’ouverture plus générale des commerces, que commerçants et consommateurs européens plongeront réellement dans le grand bain de l’euro.

Reportage dans un bureau de tabac

L'euro sur les Champs-Elysées
Marie-Eve Saint-George



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 01/01/2002