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Monnaie unique européenne

Les pièces arrivent

A dix-huit jours de l’introduction officielle de la monnaie unique, certains pays de la zone euro, dont la France, mettent en vente les premiers sachets de pièces. Le but est de familiariser le grand public à la devise européenne. Mais interdiction de les utiliser avant le 1er janvier.
Les impatients vont se précipiter, les indifférents hausseront les épaules, les réfractaires ne pourront réprimer un coup d’œil curieux. Le vendredi 14 décembre est une étape importante dans le processus d’introduction de la monnaie unique. Les Français, les Irlandais et les Néerlandais vont pouvoir découvrir ce qui sera leur prochain moyen de paiement. Ce sera samedi pour les Belges, les Luxembourgeois, les Italiens, les Espagnols, les Finlandais et les Autrichiens. Les Allemands, les Grecs et les Portugais attendront lundi.

Mais pour voir seulement les pièces, pas les billets. Malgré les demandes répétées de nombreux responsables politiques européens, dont la présidente du Parlement de Strasbourg, Nicole Fontaine, la Banque centrale européenne (BCE) est restée inflexible: pour éviter les contrefaçons, les coupures en euros ne seront pas diffusées dans le grand public avant le 1er janvier. En outre, les pièces diffusées «en avant-première» ne devront pas être utilisées avant la date fatidique, même si on voit mal comment éviter quelques fuites, ici ou là, sans doute moins par impatience que pour voir «si on se débrouille».

«Pas plus d’un par personne, pour éviter la pénurie»

En France, ces sachets «premiers euros» sont disponibles à la Poste, au guichet des banques, à la Banque de France, au Trésor Public, dans la moitié des 34000 des bureaux de tabacs (certains refusent de jouer le rôle de bureau de change), et dans les hypermarchés du groupe Carrefour. Vendus 100 FF l’unité (15,24 euros), ils contiennent en réalité un total de 15,25 euros, l’État ayant décidé d’arrondir la somme au centime d’euro supérieur. Aux Pays-Bas, les pouvoirs publics sont plus généreux : les Néerlandais recevront un sachet gratuit contenant un exemplaire de chacune des huit pièces.

Chaque sachet distribué en France comprend quarante pièces: quatre pièces de 2 euros, trois d'un euro, quatre de 50 centimes d'euros, sept de 20 centimes, quatre de 10 centimes, cinq de 5 centimes, sept de 2 centimes et six de 1 centime. Les pièces de 1 et 2 euros sont bicolores, argent et jaune. Les pièces de 10 centimes, 20 centimes, et 50 centimes sont jaunes, et les pièces d'un, deux et cinq centimes sont cuivrées (sur le modèle des cents américains), ce qui est une nouveauté pour les Français.

L’arrivée de ces «kits» intervient dans une période de morosité sociale liée notamment au passage à la monnaie unique. Des mouvements de grève devaient affecter vendredi leur mise en vente, plusieurs syndicats ayant appelé les agents de la Banque de France et de la Poste à faire pression pour des revendication relatives aux effectifs, à la sécurité et aux salaires.

Selon le gouvernement et les réseaux bancaires, quelques perturbations pourraient également survenir à cause d’une pénurie de sachets. Au total, cinquante millions seront diffusés en France. Le ministre des Finances Laurent Fabius a beau se dire confiant dans le «grand succès» des sachets, il n’en recommande pas moins aux Français «de ne pas en acheter plus qu‘un, sinon il risque d’y avoir des manques». Quant aux banques, certaines craignent des files d’attentes interminables, d’autres préconisent à leur clients de venir lundi pour éviter la cohue.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 14/12/2001