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Monnaie unique européenne

La dernière ligne droite

Ca y est… enfin presque. Dans moins d’un mois, les Européens devront mettre des euros dans leurs porte-monnaie pour remplacer les francs, florins, lires et autres marks qu’ils y glissaient depuis des lustres. Après les factures, les salaires, les chèques et les cartes de crédit, c’est maintenant au tour des pièces et des billets de faire leur entrée en scène. Mariage d’amour ou de raison, l’heure du passage à l’acte a sonné.
Date butoir, le 1er janvier 2002. A partir de ce moment-là, les habitants des douze pays européens qui ont choisi d’unir leurs destinées grâce à une monnaie commune, vont passer aux choses concrètes. Ils vont devoir utiliser ces euros tant annoncés pour payer leurs achats dans les magasins. Pendant un à deux mois, suivant les pays, les monnaies nationales vont cohabiter avec les euros. La lourde tâche de rendre la différence entre le montant versé en francs, lires, marks ou autres, revenant à des commerçants ainsi convertis en changeurs au service de l’Etat. Peu à peu, les pièces et billets nationaux devraient ainsi disparaître de la circulation. D’audacieux optimistes estiment que cette opération pourrait prendre peu de temps, «quelques jours», si chacun y met du sien. Si ce n’est pas le cas, et si la majorité des paiements ne se fait pas, comme les Etats ont encouragé à le faire, en chèques ou cartes de crédit, si les commerçants s’arrachent les cheveux en faisant une conversion compliquée à souhait, si les files d’attente dans les magasins s’allongent plus que de raison, les quelques semaines de délai accordées aux Européens ne seront peut-être pas de trop. L’heure de vérité ne va donc pas tarder à sonner pour donner tort ou raison à tous les amateurs des scénarios fiction sur le passage à l’euro.

Des kits d’euros avant l’euro

En attendant, dès la mi-décembre, l’opération de familiarisation avec la nouvelle monnaie européenne va commencer. Drôle de situation où l’on va pouvoir se procurer des «kits» d’euros avec un échantillonnage de pièces deux semaines avant d’avoir le feu vert officiel pour s’en servir. Il s’agit de permettre aux curieux de toucher enfin un euro pour de vrai, histoire de comprendre que cette fois, les choses deviennent sérieuses. Car à peine remis des festivités du réveillon du jour de l’An, les croissants du lendemain seront à payer en euros. Pour les billets, les particuliers n’auront pas le droit à une livraison en avant-première. Ils ne commenceront à circuler que le 1er janvier 2002. Les risques de dérapages sont trop importants pour les mettre dans le circuit avant la date. Déjà que comme ça, on note deci, delà, des incidents de parcours. Un épicier néerlandais a ainsi vendu «par accident» un certain nombre de «kits» alors que ceux-ci ne doivent pas être commercialisés avant le 14 décembre dans son pays. Sans parler des braquages qui ont eu lieu dans plusieurs Etats dans des agences bancaires ou contre des fourgons de livraison [300 000 euros ont déjà été dérobés], ou des risques de circulation de faux euros dans une période où personne ne les a encore eu en main et où les faussaires ont une marge de manœuvre inespérée.

Si les particuliers européens sont indiscutablement dans la dernière ligne droite, les commerçants et les banques sont dans la même situation. Sauf qu’en ce qui les concerne, un certain nombre de mesures pratiques doivent être prises pour gérer l’approvisionnement en euros avant le 1er janvier. Et ça n’est pas si simple. Les grands magasins italiens ont d’ailleurs décidé de reporter le début de la «pré-distribution» qui devait commencer le 1er décembre 2001. Ils protestent ainsi contre la décision de la banque d’Italie de les condamner, en cas de perte ou de vol d’euros, à des amendes exorbitantes : 25 000 euros auxquels s’ajoutent 3 000 euros par billet égaré ou volé. De quoi préférer attendre le dernier moment pour être livré et limiter les risques. C’est aussi ce moment stratégique que les syndicats des banques françaises ont choisi pour faire peser une menace de grève, le 2 janvier 2002, sur ce secteur clef à l’heure du passage à l’euro.

Heureusement, la Commission européenne a enfin de bonnes nouvelles à donner. Selon son dernier baromètre, pour la première fois depuis mars 2000, le nombre d’inquiets face aux risques de tricheries et autres arnaques à l’occasion de l’arrivée de l’euro, a reculé. Si on ne peut pas parler d’un quelconque sentiment «d’europassion» que Laurent Fabius, le ministre français de l’Economie, a vainement appelé de ses vœux, les Européens veulent peut-être se motiver à l’aube de ce changement «historique». En tout cas, un récent sondage a indiqué qu’un citoyen sur trois estime, désormais, que «l’euro va rapprocher les Européens»...



par Valérie  Gas

Article publié le 03/12/2001