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Guerre d''Algérie

Aussaresses condamné pour la forme

Le général Aussaresses a finalement été condamné, ce vendredi, à 7 500 euros d’amende et ses deux éditeurs à 15 000 euros pour le livre choc où il témoigne des tortures et exécutions qu’il a ordonnées pendant la guerre d’Algérie. Son avocat a déjà annoncé qu’il ferait appel.
A moins que la cour d’appel de Paris en décide autrement, comme le souhaite son avocat Gilbert Collard, Paul Aussaresses devra payer pour son livre confession sur la torture pendant la guerre d’Algérie. Le vieux général a été condamné à une amende de 7 500 euros et ses deux éditeurs, Plon et Perrin, à 15 000 euros pour «apologie de crimes de guerre» et «complicité». La peine est alourdie par rapport aux réquisitions du Parquet, qui avait réclamé une peine totale d’un peu plus de 15 000 euros contre les trois hommes. «Ce livre justifie de façon choquante et totalement inexcusable les exactions commises durant la guerre d’Algérie», avait notamment déclaré le substitut Fabienne Goget, lors de l’audience du 28 novembre dernier.

Au regard des propos qu’il tient dans Services spéciaux, Algérie 1955-57, le verdict est, bien évidemment, symbolique. Car l’ancien officier parachutiste y décrivait non seulement le fonctionnement de la répression de l’armée française contre les indépendantistes algériens, mais surtout comment il procéda lui même à des actes de torture et à des exécutions.

Une «victoire» pour les parties civiles

Dans le silence qui entouré pendant des décennies, les pages les plus sombres des «événements» d’Algérie, les parties civiles considèrent toutefois cette décision de justice comme une grande avancée. Le Mouvement pour le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) parle d’une
«victoire du droit et de la justice», en rappelant que les «actes de torture et d’exécutions sommaires ne peuvent être légitimés de quelque manière que ce soit».

De son côté, la Ligue des droits de l’homme, se félicite «d’un jugement qui reconnaît l’existence de crimes de guerre commis par des militaires durant la guerre d’Algérie». Autre organisation ayant porté plainte contre le général Aussaresses, l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) estime, par la voix de son avocat, que «si le procès de la guerre d’Algérie reste à faire, celui de la condamnation de la torture a marqué une étape nouvelle».

Tout au long du procès, de nombreux témoins, certains victimes directes des hommes d’Aussaresses, s’était succédés à la barre, comme Louisette Ighilahriz qui avait raconté les sévices abominables que les hommes de la dixième division parachutiste lui ont infligés en 1957. L’ancien officier parachutiste, pour sa part, avait confirmé, sans exprimer le moindre remord, le récit consigné dans son livre, où il décrit en détail comment il procéda à la pendaison, camouflée en suicide, de Larbi Ben M’Hidi, chef de l’exécutif algérois du FLN.

Le vieux général borgne ne paiera jamais pour ce crime, du fait notamment de la loi d’amnistie de 1968, sous le coup de laquelle tombent les événements d’Algérie. En septembre dernier, le juge d’instruction parisien chargé de l’affaire avait d’ailleurs opposé une fin de non-recevoir à la plainte pour «crime contre l’humanité» déposée par des organisations de défense des droits de l’homme avançant que ces actes étaient imprescriptibles.



par Christophe  Champin avec AFP

Article publié le 25/01/2002