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France: présidentielle 2002

Insécurité : Chirac s’attire des répliques cinglantes

Sans surprise, Jacques Chirac a lancé, le 19 février, sa campagne présidentielle sur le thème de la sécurité, préoccupation majeure des Français. Sur ce terrain électoral très convoité, le président désormais candidat s’est attiré la réplique immédiate des autres prétendants déclarés à la course à l’Elysée.
A deux mois de l’élection présidentielle et alors qu’il dispose d’une très mince avance dans les sondages d’opinion sur le Premier ministre Lionel Jospin, le candidat «probable» et «disponible» des socialistes, Jacques Chirac s’est érigé en gardien de la loi et de l’ordre à l’occasion de son premier discours-programme de campagne, prononcé à Garges-lès-Gonesse, une ville populaire de la banlieue parisienne. Il a choisi de s’exprimer sur la sécurité, un thème qui, selon les sondages, est aujourd’hui la première préoccupation des Français. Avant l’annonce de candidature de Lionel Jospin, il a mis l’accent sur ce que la droite considère comme le point faible du bilan gouvernemental : la hausse de la délinquance.

Le président-candidat, qui dévoilait le premier pan de son projet électoral, a notamment proposé la création d’un grand ministère de la sécurité intérieure ayant sous sa responsabilité police et gendarmerie, ainsi que la création de centres fermés pour délinquants mineurs multirécidivistes tout en prônant «l’impunité zéro». Un discours guetté par les socialistes qui n’ont pas tardé à riposter aux propositions du président sortant. Lionel Jospin qui n’est toujours pas candidat n’a pas réagi directement mais a cependant envoyé ses ministres au front. Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Daniel Vaillant, le ministre de l’Intérieur, a usé d’une métaphore informatique pour dénoncer le «copier-coller» de Jacques Chirac. «Les campagnes électorales ont du bon. Elles ont au moins le mérite que certains découvrent la politique du gouvernement» a-t-il déclaré non sans ironie. Marylise Lebranchu, la ministre de la Justice, a pris le relais en affirmant que le président, candidat à sa propre succession, «propose des choses que nous avons déjà faites». Et Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée national, de renchérir : «Ces propositions ne sont pas originales et ne sont qu’un catalogue de bonnes intentions».

Des commentaires convenus

Côté candidat, Jean-Pierre Chevènement a lui aussi reproché à Jacques Chirac d’avoir «pillé» ses propres idées. «Jacques Chirac fait du sous-Chevènement. Il a repris mes idées (…) Je suis persuadé que les Français préfèreront l’original, c’est-à-dire Jean-Pierre Chevènement, à la copie, Jacques Chirac, qui arrive après coup» a souligné l’ancien ministre de l’Intérieur. Ironisant sur «l’impunité zéro» pour les délinquants, le candidat du MDC a estimé que ce dispositif devait aussi s’appliquer au sommet de l’Etat et «à plusieurs zéros». «Il faut que l’exemple vienne d’en haut» a-t-il ajouté, faisant allusion aux démêlés judiciaires de Jacques Chirac dans les affaires liées à la mairie de Paris et au RPR. A droite, Alain Madelin, a utilisé à peu près les mêmes arguments, jugeant que «l’impunité zéro», pour être légitime, appliquée, crédible, exige «l’exception zéro». «Le problème du candidat Chirac c’est qu’il propose de faire ce qu’il n’a pas fait et de défaire ce qu’il a fait» a assené le candidat de Démocratie libérale.

A gauche, Robert Hue, le candidat communiste a aussi dénoncé ces propositions «conservatrices» et «pas très crédibles». Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière a ironisé en déclarant : «Ces propositions venant de la part de Jacques Chirac ne manquent pas de sel». Quant à Christiane Taubira, candidate du Parti radical de gauche, elle a considéré le discours du candidat du RPR de «véritable acte de provocation (…) incitant à la révolte des banlieues». A l’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen a qualifié le discours de Jacques Chirac «d’usine à gaz, sans gaz» et a même accusé ce dernier d’être «le principal responsable» de la situation actuelle. Pour l’UDF, le candidat François Bayrou a tenu à noter qu’il «proposait depuis des mois» la création d’un ministère de la sécurité intérieure tout en se démarquant du chef de l’Etat, en souhaitant que ce soit le maire ou le président de l’agglomération et non pas le président de la République, qui ait autorité sur la police de proximité. Pas de surprise au RPR, les chiraquiens ont applaudi des deux mains le programme de leur champion et ont souligné avec véhémence que ces «propositions fortes et intéressantes» sont susceptibles d’établir en France «un peu de tranquillité».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 20/02/2002