Agriculture
Quand les subventions découragent l’agriculture raisonnée
En plaçant le Salon de l’agriculture, à Paris, sous le signe de la transparence, le monde paysan entend répondre à la demande de consommateurs de plus en plus exigeants sur la qualité des produits et sur le respect de l’environnement. Sauf que, sur le terrain, les aides européennes continuent d’encourager la production intensive, y compris dans certaines zones protégées. Reportage dans le marais Poitevin.
Ecouter l’émission Reporteur de Laurent Berthault (durée 15 minutes)
De notre envoyé spécial dans le marais Poitevin
C’est un pays où les poissons poussent dans les prairies. Nous sommes dans le marais Poitevin, sur la côte Atlantique. Un ancien golfe maritime comblé par les alluvions naturelles, puis aménagé par l’homme qui y a creusé des canaux, installé des écluses. Un milieu à la flore et à la faune unique avec ses frayères à brochet, ses réserves d’oiseaux migrateurs, ses pâtures naturelles. Un pays où l’on vit au rythme de l’eau, elle recouvre les prairies l’hiver, redescend dans le fond des canaux l’été. Un fluide vital qui vient à manquer.
«Une révolution doit se produire à Bruxelles»
Car depuis une vingtaine d’année, le marais s’assèche «par les deux bouts», explique Yves Le Quellec, de la coordination de défense du marais Poitevin. En amont, sur le bassin versant, les culture intensive de céréales, gourmandes en eau, se sont multipliées. Dans le marais même, ce sont 40.000 hectares de pâtures humides qui ont été labourés, drainés, cultivés. «Ici c’est la Beauce», constate amer Yves Le Quellec. Résultat: le marais ne joue plus son rôle de centrale naturelle d’épurations des eaux. Les produits phytosanitaires des céréaliers de la plaine s’écoulent en quelques jours directement dans la mer…pour le plus grande inquiétude des ostréiculteurs de la côte.
Antoine Priouzeau, céréalier éleveur, rappelle que c’est par nécessité économique que les éleveurs se sont convertis à la culture de céréales au début des années 80. Mais ce jeune agriculteur reconnaît que des excès ont été commis. «Il aurait sans doute fallu conserver des zones de lagunage pour résoudre ces problèmes d’épuration des eaux», admet-il. Récemment, avec son frère, il a replanté des arbres dans ses champs. Représentant un syndicat agricole plutôt conservateur, il tient pourtant un discours rassurant sur une complémentarité entre l’élevage et la culture de céréales et prône le respect de l’environnement «pour nos enfants et nos petits enfants». Le problème c’est que l’élevage n’est pas plus lucratif aujourd’hui qu’il y a vingt ans...
Car les aides agri-environnementales, versés aux paysans qui produisent moins mais mieux tout en préservant l’environnement, sont encore bien moins intéressantes que les subventions européennes aux céréales. «C’est une petite révolution qui doit s’effectuer au niveau de Bruxelles», analyse Thierry Groult, de la Direction départementale de l’agriculture de Vendée. A Bruxelles, mais aussi dans les exploitations du marais Poitevin, où, tient à préciser Thierry Groult dans un langage choisi, «les réticences sont fortes».
A voir également:
http://marais-poitevin.org
De notre envoyé spécial dans le marais Poitevin
C’est un pays où les poissons poussent dans les prairies. Nous sommes dans le marais Poitevin, sur la côte Atlantique. Un ancien golfe maritime comblé par les alluvions naturelles, puis aménagé par l’homme qui y a creusé des canaux, installé des écluses. Un milieu à la flore et à la faune unique avec ses frayères à brochet, ses réserves d’oiseaux migrateurs, ses pâtures naturelles. Un pays où l’on vit au rythme de l’eau, elle recouvre les prairies l’hiver, redescend dans le fond des canaux l’été. Un fluide vital qui vient à manquer.
«Une révolution doit se produire à Bruxelles»
Car depuis une vingtaine d’année, le marais s’assèche «par les deux bouts», explique Yves Le Quellec, de la coordination de défense du marais Poitevin. En amont, sur le bassin versant, les culture intensive de céréales, gourmandes en eau, se sont multipliées. Dans le marais même, ce sont 40.000 hectares de pâtures humides qui ont été labourés, drainés, cultivés. «Ici c’est la Beauce», constate amer Yves Le Quellec. Résultat: le marais ne joue plus son rôle de centrale naturelle d’épurations des eaux. Les produits phytosanitaires des céréaliers de la plaine s’écoulent en quelques jours directement dans la mer…pour le plus grande inquiétude des ostréiculteurs de la côte.
Antoine Priouzeau, céréalier éleveur, rappelle que c’est par nécessité économique que les éleveurs se sont convertis à la culture de céréales au début des années 80. Mais ce jeune agriculteur reconnaît que des excès ont été commis. «Il aurait sans doute fallu conserver des zones de lagunage pour résoudre ces problèmes d’épuration des eaux», admet-il. Récemment, avec son frère, il a replanté des arbres dans ses champs. Représentant un syndicat agricole plutôt conservateur, il tient pourtant un discours rassurant sur une complémentarité entre l’élevage et la culture de céréales et prône le respect de l’environnement «pour nos enfants et nos petits enfants». Le problème c’est que l’élevage n’est pas plus lucratif aujourd’hui qu’il y a vingt ans...
Car les aides agri-environnementales, versés aux paysans qui produisent moins mais mieux tout en préservant l’environnement, sont encore bien moins intéressantes que les subventions européennes aux céréales. «C’est une petite révolution qui doit s’effectuer au niveau de Bruxelles», analyse Thierry Groult, de la Direction départementale de l’agriculture de Vendée. A Bruxelles, mais aussi dans les exploitations du marais Poitevin, où, tient à préciser Thierry Groult dans un langage choisi, «les réticences sont fortes».
A voir également:
http://marais-poitevin.org
par Laurent Berthault
Article publié le 27/02/2002